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Joana Joachim est la nouvelle professeure adjointe en étude des Noirs spécialisée en éducation artistique, en l’histoire de l’art et en justice sociale

« La culture des Noirs sera toujours le point central de mon enseignement. »
12 avril 2021
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Joana Joachim : « Les postes d’enseignement en histoire de l’art noir sont encore très rares au sein des universités canadiennes. »
Joana Joachim : « Les postes d’enseignement en histoire de l’art noir sont encore très rares au sein des universités canadiennes. »

La Faculté des beaux-arts de Concordia a nommé une nouvelle professeure adjointe en études des Noirs spécialisée en éducation artistique, en l’histoire de l’art et en justice sociale.

Féministe noire et historienne de l’art, Joana Joachim a notamment fait des études en muséologie critique et en art diasporique des Noirs. Son poste se situe à l’intersection des départements d’histoire de l’art et d’éducation artistique.

« Joanna Joachim est une historienne et conservatrice d’art noir canadien émergente des plus prometteuse. Elle repoussera sans contredit les limites de la discipline vers de nouveaux horizons », affirme Annie Gérin, doyenne de la Faculté des beaux-arts.

« Dans le cadre de ses recherches sur l’histoire diasporique des Noirs, Joana Joachim s’intéresse à la dimension sexospécifique du racisme anti-Noirs. Ses travaux contribuent à combatte le sexisme et le racisme systémiques dans la société. »

« Accorder une place plus importante à l’étude des Noirs et à la justice sociale dans l’histoire de l’art et l’éducation artistique est une étape indispensable. »

À quels domaines vous intéressez-vous dans le cadre de vos études?

Joana Joachim : Je suis historienne de l’art, conservatrice, muséologue et féministe noire. Je dirais que mes études portent sur l’histoire de l’art diasporique des Noirs, puisque mes sujets de recherche s’étendent à plusieurs époques de nombreux pays. Mes travaux ont pour but d’exposer la place du Canada dans la sphère de l’Atlantique noir et à favoriser l’essor des études sur les Noirs canadiens.

Je m’intéresse aux différences et aux similarités entre l’art et l’esthétique des Noirs au Canada par rapport aux États-Unis ou aux Caraïbes, par exemple. En outre, ma bourse de recherche vise à analyser la manière dont les systèmes déshumanisants du racisme anti-Noirs, de l’esclavage et du colonialisme continuent d’avoir des répercussions sur la société d’aujourd’hui. 

Quel est le lien entre vos études doctorales et vos activités d’enseignement?

JJ : Mes travaux de recherche portent sur la culture visuelle associée aux coiffures et à l’habillement des Noires aux 17e et 18e siècles. Je m’intéresse notamment aux pratiques d’autopréservation et au soin de soi du point de vue de la créolisation ainsi qu’aux pratiques artistiques historiques et contemporaines.

Ces recherches se manifestent dans mon enseignement de deux manières. D’une part, par la mise en valeur du soin de soi et de l’empathie dans les discussions sur la vie des Noirs et dans la pratique professionnelle et, d’autre part, par les stratégies de recherche et d’analyse que j’ai adoptées, notamment en ce qui concerne la pratique historique de l’art féminin noir et les approches critiques de l’archivage et des collections muséales. 

Quels sont les défis que vous offre votre nouveau poste à Concordia?

JJ : Mon poste consiste en une nomination conjointe du Département d’histoire de l’art et du Département d’éducation artistique. Il s’agit d’une occasion unique d’unir mes deux champs d’intérêt dans mes activités d’enseignement et de discuter avec les étudiants, dont les perspectives sur les sujets abordés en classe varieront selon leurs disciplines respectives.

La vie et l’art diasporique des Noirs seront toujours le point central de mon enseignement. Ce poste permettra également de mener des discussions plus nourries dans mes deux domaines professionnels. Mes cours laisseront place à des discussions plus critiques et plus approfondies sur les enjeux touchant le racisme anti-Noirs dans les musées canadiens, les lacunes dans l’histoire de l’art du Canada et à la pratique et à la conservation de l’art des Noirs au pays. 

Comment l’histoire de l’art, l’étude des Noirs et la justice sociale se recoupent-elles?

JJ : La société est dominée par les images issues de la culture populaire qui influent sur la manière dont les gens se perçoivent, se comprennent et se traitent mutuellement, ce qui peut avoir des effets positifs et négatifs. Les œuvres d’art peuvent avoir une incidence semblable sur la société. À ce titre, les musées — et, par extension, les historiens de l’art, les conservateurs et les artistes — jouent un rôle très important, car ce sont eux et elles qui choisissent quelles œuvres seront conservées, préservées et affichées, et dans quelles conditions.

Historiquement, les musées et leurs secteurs connexes ont failli à leurs devoirs de diligence envers les artistes et les professionnels des arts de culture noire. Au Canada, d’innombrables artistes sont ignorés des archives historiques, excluant par le fait même la possibilité de voir ce peuple comme faisant partie intégrante de l’histoire canadienne. Effacer ce passé équivaut à ignorer la discrimination permanente ciblant les personnes noires au sein des établissements et des disciplines artistiques. Il faut d’abord reconnaître l’existence du problème pour le régler. Accorder une place plus importante à l’étude des Noirs et à la justice sociale en histoire de l’art et en éducation artistique est une étape indispensable pour parvenir à une solution.

Selon vous, qu’est-ce que votre nouveau poste apportera à la communauté de Concordia et à la collectivité?

JJ : Ce sont des pionnières comme Charmaine Nelson, qui enseigne l’histoire de l’art noir au Canada depuis près de 20 ans, qui ont permis à quelqu’un comme moi d’en arriver là. À ma connaissance, les postes d’enseignement en histoire de l’art des Noirs sont encore très rares au sein des universités canadiennes. Je crois qu’il est important de le souligner, parce qu’avec ce titre et ce poste en particulier, l’enseignement de l’histoire de l’art diasporique des Noirs a le potentiel de devenir une composante à part entière de l’histoire de l’art au Canada.

J’espère que ce sujet d’étude, qui demeure accessoire, périphérique et peu répandu, aura un jour la même valeur que les autres domaines de cette discipline dans les universités canadiennes. Je suis impatiente de participer à cette transformation au sein de Concordia et de renforcer l’aspect déjà multidimensionnel de l’enseignement de l’histoire de l’art dans cet établissement. 

Il importe de noter que les Noirs occupent et occuperont toujours une place importante dans l’ensemble des disciplines, des domaines d’études et des professions. Je suis ravie de constater un changement dans ma propre discipline, et j’espère que cette transformation s’étendra à toutes les sphères de l’Université et ailleurs au Canada.


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