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Le concept de la gestion du temps fonctionne… mais de façon inattendue, montre une nouvelle étude

Selon Brad Aeon, une méta-analyse de la littérature scientifique donne à penser que la gestion du temps favorise davantage la satisfaction de vivre que l’amélioration du rendement.
2 février 2021
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Man with glasses and dark coat outside, winter
« La gestion du temps aide les gens à se sentir mieux dans leur vie, car cette méthode leur permet d’organiser leur quotidien en fonction de leurs valeurs et croyances », soutient Brad Aeon.

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Il s’agit en effet d’un sujet populaire. Dans un article tout juste paru dans la revue PLoS ONE, Brad Aeon – chercheur aux cycles supérieurs à l’École de gestion John-Molson – se demande toutefois si cette méthode fonctionne vraiment… La gestion du temps va-t-elle de pair avec la réussite dans les études et la carrière?

Pour répondre à cette question, Brad Aeon ainsi que ses collègues Aïda Faber, de l’Université Laval à Québec, et Alexandra Panaccio, professeure agrégée de management à l’École de gestion John-Molson, ont effectué une méta-analyse sans précédent de la littérature sur la gestion du temps. Ils ont passé au crible des données extraites de 158 études distinctes menées auprès de plus de 53 000 personnes et réalisées sur quatre décennies et six continents.

Leur conclusion? Oui, le concept de la gestion du temps fonctionne. Par contre, il ne se concrétise peut-être pas comme nous aurions pu le croire d’entrée de jeu.

Une vie équilibrée équivaut à une existence heureuse

« Nous avons découvert que la gestion du temps n’a qu’une incidence modérée sur le rendement au travail, explique Brad Aeon. En revanche, nous avons constaté que la relation entre la gestion du temps et le rendement s’intensifie réellement et notablement au fil des ans. »

Selon lui, la gestion du temps s’inscrit dans un ensemble de compétences de plus en plus crucial pour une population active gagnant sans cesse en autonomie.

« Dans l’organisation de leur horaire, les gens disposent d’une plus grande latitude décisionnelle, précise le chercheur. Il leur appartient dès lors de gérer leur temps efficacement. S’ils réussissent, ils assureront probablement un meilleur rendement au travail. Mais s’ils n’y parviennent pas, leur rendement sera bien pire que celui qu’ils auraient affiché il y a 30 ans – à une époque où quelqu’un d’autre se serait chargé d’organiser pour eux l’essentiel de leur horaire. »

La gestion du temps a aussi des retombées bénéfiques sur la réussite scolaire. Par contre, cette incidence est moins prononcée ici que dans le monde du travail. Ainsi, elle n’a pas eu d’effet discernable sur les résultats de tests normalisés. Pour Brad Aeon, ces résultats découlent d’un type d’intelligence fluide que ne conçoit pas la gestion du temps.

Les chercheurs ont toutefois décelé un rapport plus étroit entre la gestion du temps et le bien-être global, surtout sur le plan de la satisfaction de vivre.

« La gestion du temps aide les gens à se sentir mieux dans leur vie, car cette méthode leur permet d’organiser leur quotidien en fonction de leurs valeurs et croyances, soutient Brad Aeon. Elle leur procure également un sentiment d’accomplissement personnel. » À l’inverse, la relation entre gestion du temps et détresse psychologique se révèle fortement négative.

Enfin, les chercheurs ont examiné les liens entre la gestion du temps et des facteurs démographiques comme les traits de personnalité, l’âge, le sexe, l’éducation ou encore la situation familiale. Ils ont constaté que ces liens étaient bien plus ténus qu’ils l’auraient cru. Par contre, ils avaient correctement prévu ceci : les femmes gèrent un peu mieux leur temps que les hommes. 

« La seule dimension de la personnalité qui affiche une forte corrélation avec la gestion du temps, c’est le caractère consciencieux de l’individu, signale Brad Aeon. Cette qualité englobe la minutie, le sens de l’organisation et la volonté de se montrer fiable et méthodique. Cela va de soi, car tous ces concepts se recoupent. »

Par ailleurs, les chercheurs ont remarqué que les personnes ayant un lieu de contrôle interne – c’est-à-dire le sentiment d’être aptes à influencer ou à changer le cours de leur vie – réussissent mieux à gérer leur temps que celles se déclarant assujetties à un lieu de contrôle externe.

Se fixer des objectifs atteignables

Alors que la lutte contre la pandémie de COVID-19 continue sur la Terre entière, il importe, selon Brad Aeon, de ne pas comparer la gestion du temps de l’un à celle d’un autre connaissant prétendument plus de succès à cet égard. Malavisée, une telle tentative de se trouver un modèle d’inspiration risque de mener à ce que le chercheur surnomme « la stigmatisation de la gestion du temps ».

« Sur les médias sociaux, des internautes publient des messages comme “Malgré la pandémie, j’ai appris une nouvelle langue” ou bien “J’étais debout à 5 h du matin et j’ai accompli davantage en quelques heures que vous dans toute une journée”, illustre Brad Aeon. Des messages du genre laissent une impression de médiocrité à leurs destinataires et établissent des normes utopiques sur ce que nous pouvons faire ou non de notre temps. »

 

Lisez l’article cité : « Does time management work? A meta-analysis ».

 



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