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Le professeur de Concordia Patrick Leroux codirige une étude sur l’évolution du secteur culturel du Québec dans le contexte de la pandémie de la COVID-19

Un projet de recherche interuniversitaire recensera les centaines d’initiatives artistiques entreprises durant les mois de confinement
17 juin 2020
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Patrick Leroux : « Quand toute cette situation sera derrière nous, nous aurons besoin de l’expérience du direct et de la présence des autres. Entre-temps, nous consignons les faits et prenons des notes afin de mieux comprendre ce moment historique. »
Patrick Leroux : « Quand toute cette situation sera derrière nous, nous aurons besoin de l’expérience du direct et de la présence des autres. Entre-temps, nous consignons les faits et prenons des notes afin de mieux comprendre ce moment historique. »

La prestigieuse et vibrante industrie montréalaise des arts se démène pour rester à flot dans la foulée de la pandémie de la COVID-19. Les théâtres, cinémas, salles de concert et autres petites salles étant fermés depuis des mois et attendant toujours leur réouverture, les artistes de la ville ont dû trouver d’autres façons de gagner leur vie et de rester en contact.

Plus éphémère, la nouvelle scène artistique qui a émergé ce printemps est au cœur d’un projet de recherche collaborative visant à répertorier la profusion d’initiatives indépendantes qui ont vu le jour, pour la plupart en ligne. L’étude est dirigée par Patrick Leroux, professeur d’études anglaises et d’études françaises à l’Université Concordia, d’Hervé Guay, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et de Sandria Bouliane, de l’Université Laval, à Québec.

Les chercheurs et leurs adjoints qui travaillent au projet Recensement des initiatives culturelles pour contourner l’isole­ment causé par la COVID-19 suivent de près l’industrie depuis le 13 mars, date où le confinement a été imposé à l’échelle provinciale. Tous les espaces étant fermés jusqu’à nouvel ordre, les chercheurs ont remarqué l’émergence d’une tendance évolutive et organique dans les médias sociaux et les conversations privées de l’industrie.

Réflexion et retour à l’action

Dans les semaines suivant le confinement, les membres de l’industrie ont commencé à se connecter en ligne pour discuter des façons de gérer et de passer à travers la crise en cours, explique le professeur Leroux, qui est également vice-doyen de la recherche à la Faculté des arts et des sciences. Ces conversations ont rapidement évolué vers des réflexions visant à rendre leurs créations disponibles en ligne.

Mais avec la prolongation du confinement en avril, puis en mai, « nous avons commencé à voir une forte volonté de trouver d’autres solutions », souligne le professeur Leroux, dont les recherches se concentrent sur l’industrie du cirque contemporain au Québec. Ces solutions incluaient les nouvelles façons de se produire en public, en direct ou non.

Une fois certaines restrictions allégées en mai, puis en juin, les artistes du cirque ont rapidement trouvé des moyens de se produire en direct.

« Au cours des dernières semaines, nous avons sporadiquement assisté à des prestations en direct dans des ruelles de Montréal », poursuit le chercheur. Celles-ci ne comptaient généralement qu’une poignée d’artistes – qui avaient au préalable obtenu l’autorisation des autorités locales –, et ne duraient que quelques minutes avant de se déplacer. « Mettez trois artistes dans un camion, donnez-leur des échasses et du feu pour jongler, de même qu’un public assoiffé de tout ce qui sort de l’ordinaire, et vous assisterez à la renaissance des fondements mêmes des spectacles en direct. »

Une occasion très rare

Armés de plusieurs mois de données sur les nouvelles initiatives artistiques, le professeur Leroux et ses collègues souhaitent réaliser un guide de référence en ligne et un ouvrage consacrés à cette ère culturelle unique du point de vue sociohistorique, esthétique et organisationnel.

« L’ouvrage nous permettra de consigner et d’analyser ce phénomène, dont le dernier du genre date de la pandémie de la grippe espagnole de 1918-1919 – c’était alors la dernière fois que les théâtres ont été fermés de façon systématique, précise-t-il. Cette fois-ci, cependant, on s’attend à ce que les gens restent en contact et continuent d’être créatifs en ligne. Cela dit, tout ne peut pas rester gratuit après ces quelques mois. »

Il est urgent de revenir à des spectacles plus grands et payants, affirme le professeur. Les salles et compagnies de production se trouvent dans une situation financière désastreuse. D’ailleurs, le professeur Leroux cite un récent sondage de l’industrie, selon lequel jusqu’à deux tiers des artistes de cirque envisagent un changement de carrière.

Aussi difficile que soit la situation actuelle pour les artistes, Patrick Leroux pense que des changements significatifs s’opéreront dans les arts de la scène, y compris le cirque, une fois la crise de santé résorbée.

« Le cirque se “réinvente” constamment en s’adaptant à de nouveaux contextes. Les publics devraient ressentir un lien plus viscéral avec les prestations en direct, la prise de risques assumée et la liberté incarnée qu’offrent les acrobates de haut niveau. Quand toute cette situation sera derrière nous, nous aurons besoin de l’expérience du direct et de la présence des autres. Entre-temps, nous consignons les faits et prenons des notes afin de mieux comprendre ce moment historique », conclut-il.

L’étude est organisée par le Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises


Pour en apprendre davantage sur le projet, visitez le site Web Recensement des initiatives culturelles pour contourner l’isole­ment causé par la COVID-19.

 



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