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Les changements climatiques feront augmenter la consommation d’eau en milieu urbain, selon une étude de Concordia

Même au Canada, pays riche en eau, la demande accentuera la pression sur les urbanistes et les ressources naturelles
21 janvier 2020
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Samuel Li, Fariborz Haghighat et Niousha Rasi Faghihi.
Samuel Li, Fariborz Haghighat et Niousha Rasi Faghihi.

En cette époque d’urbanisation continue à l’échelle de la planète, les gouvernements locaux peinent à fournir des services à tous leurs résidents. Et les changements climatiques ajoutent au défi, d’autant plus que nombre de villes et régions souffrent déjà de graves pénuries d’eau.

Dans un article publié récemment dans la revue Sustainable Cities and Society, trois chercheurs de Concordia examinent la consommation d’eau dans la communauté urbaine de Brossard – banlieue de l’extérieur de l’île de Montréal, au Québec – et ses fluctuations saisonnières.

Leurs résultats peuvent selon eux fournir aux urbanistes et aux autorités responsables de la gestion de l’eau une idée des schémas de consommation hydrique en cette période où les changements climatiques continuent de faire grimper la température du globe.

Fortes hausses en périodes de hautes températures

Les chercheurs ont mis en corrélation des données sur la consommation quotidienne d’eau de la ville de Longueuil – qui administre Brossard – avec les relevés quotidiens de la température de l’air à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau et les relevés de précipitations. Ils avaient à leur disposition un large ensemble de données recueillies entre janvier 2011 et octobre 2015.

Au moyen de techniques statistiques bayésiennes, les chercheurs ont établi que la consommation d’eau à l’extérieur était plus grande quand les températures étaient élevées. Ils n’ont cependant observé aucun lien entre la température et la consommation d’eau à l’intérieur des habitations (quoiqu’ils aient tout de même noté une légère hausse les week-ends par rapport aux jours de semaine).

« Selon nos observations, quand la température de l’air s’élève au-dessus d’un certain seuil, la consommation d’eau augmente », commente Samuel Li, professeur au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody. Il a rédigé le compte rendu de l’étude en collaboration avec Niousha Rasi Faghihi, étudiante à la maîtrise, et Fariborz Haghighat, professeur et titulaire de la chaire de recherche de Concordia de niveau 1 en énergie et en environnement.

Les chercheurs ont observé que la consommation moyenne d’eau par personne à Brossard était d’environ 300 litres par jour. « Mais durant les mois d’été, quand les gens arrosent leurs potagers, leurs pelouses et leurs fleurs, cette consommation peut augmenter de 65 pour cent. »

Un horizon prévisionnel de 30 ans

Une fois la corrélation entre température et consommation d’eau établie, les chercheurs ont évalué ce à quoi pourrait ressembler la consommation d’eau en 2050.

« L’infrastructure hydrique a une durée de vie d’environ 30 ans, après quoi il faut la mettre à niveau », précise Samuel Li. « Alors, à quoi peut-on s’attendre à cet égard dans une trentaine d’années? »

Tout dépend des modèles climatiques adoptés pour établir les prévisions. Les chercheurs se sont penchés sur 21 modèles climatiques différents, ainsi que trois scénarios possibles en matière de réduction des émissions de CO2 : un premier sans changement notable des émissions, un deuxième mettant de l’avant des mesures plutôt modestes de réduction des émissions, et un troisième préconisant des moyens plus draconiens.

« Dans tous les cas, nous avons observé une tendance à la hausse des températures et de la consommation d’eau; seule l’ampleur de cette augmentation pourrait varier », indique-t-il.

Ces calculs sont particulièrement importants pour les villes qui ne disposent pas d’un accès immédiat à de grandes réserves d’eau douce.

« Nous observons actuellement des pénuries d’eau dans des endroits comme Singapour, Los Angeles, l’Afrique du Sud et le Moyen-Orient », souligne Niousha Rasi Faghihi.

« Le Canada est riche en eau; mais à quel point sommes-nous prêts en matière de planification urbaine? On nous incite à accroître les espaces verts pour lutter contre les changements climatiques. Mais le réseau de canalisation existant nous permettra-t-il de pomper l’eau dont nous aurons besoin? »

Les professeurs Li et Haghighat mentionnent que leur étude est une des premières à considérer les changements climatiques comme facteur dans l’estimation de la consommation d’eau future dans les centres urbains. Les études antérieures s’intéressaient surtout à la croissance de la population.

« En menant ce genre de recherche à Concordia, nous espérons sensibiliser les décideurs, les politiciens, et même les enfants d’âge scolaire, afin qu’ils ne restent pas indifférents à la situation qui les attendra dans 30 ans », conclut Samuel Li.

Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada.


Consultez l’étude citée :
« Forecast of urban water consumption under the impact of climate change. »

 



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