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Un collectif étudiant de Concordia crée un espace de collaboration pour les artistes arabes à Montréal

Après une série de soirées à micro ouvert réussies, Abjad Howse tiendra sa première performance de groupe au Bâtiment 7
18 mars 2019
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Joyce Joumaa: « Abjad Howse offre aux artistes qui ne trouvent pas de niche dans d’autres galeries ou espaces artistiques un endroit où s’exprimer. »  | Photo : Corey Narsted
Joyce Joumaa: « Abjad Howse offre aux artistes qui ne trouvent pas de niche dans d’autres galeries ou espaces artistiques un endroit où s’exprimer. » | Photo : Corey Narsted

Dans un effort de renforcement communautaire, un collectif d’étudiantes et d’étudiants de Concordia ont décidé de créer un espace pour les artistes arabes à Montréal.

Johnny El Hage (sciences de l’éducation), Emma Haraké (éducation artistique), Sandy El Bitar (thérapie par l’art dramatique) et Joyce Joumaa (études cinématographiques) comptent parmi les membres fondateurs d’Entreprise culturelle Abjad Howse. Le collectif souhaite offrir à des artistes arabes montréalais la possibilité de se réunir, de travailler ensemble et de mettre en commun leurs différentes expériences de vie dans la métropole.

Le nom Abjad Howse est un jeu de mots astucieux découlant d’une hybridation linguistique : c’est une anglicisation du terme Abjad Hawaz, soit la vocalisation des premières lettres de l’alphabet arabe. En anglais, l’appellation a une signification additionnelle – le mot « Howse » se rapprochant du mot anglais house, qui signifie « maison ».

« L’idée est de permettre à tous les artistes d’origine arabe de se réunir sous un même toit et de concevoir cette “maison” comme ils la souhaiteraient », explique Johnny El Hage, qui s’intéresse à la manière dont l’art peut inspirer le changement social et politique. Il mène ses études sous la direction de Maria-Carolina Cambre, professeure adjointe au Département des sciences de l'éducation.

« Abjad Howse offre aux artistes qui ne trouvent pas de niche dans d’autres galeries ou espaces artistiques un endroit où s’exprimer », ajoute Joyce Joumaa.

La langue : élément d’une extrême importance pour les artistes

Le collectif a d’abord lancé une série de soirées à micro ouvert où, chaque deuxième jeudi du mois, des artistes arabes peuvent pratiquer le monologue comique, lire de la poésie, chanter ou danser, ainsi que partager leurs expériences de vie. « Le but, précise Johnny El Hage, est de leur permettre de tisser des liens avec d’autres artistes de la communauté et de leur offrir un espace pour s’exprimer librement à propos de leur vie et de leurs difficultés quotidiennes à Montréal. »

À la veille d’un troisième opus en mars, les soirées suscitent déjà un vif intérêt.

« Nous avons tenu la première soirée dans un espace communautaire de travail, sans avoir défini de thème au préalable, et malgré tout, des gens se sont présentés. À la deuxième, plus de gens sont montés sur la scène, relate Emma Haraké. À mon avis, c’est le signe qu’il y a un besoin – au sein de la communauté – de se réunir, d’écouter et de partager. »

Les participants aux soirées à micro ouvert préfèrent souvent donner leur performance en arabe, mais certains le font en anglais, et aussi en français. Par ailleurs, Abjad Howse propose aux membres de l’auditoire qui ne comprennent pas l’arabe l’assistance d’arabophones qui peuvent traduire à leur intention les propos tenus par les artistes tout au long du spectacle.

« La langue est un élément d’une extrême importance pour les artistes. À titre d’immigrants, nous pouvons nous exprimer en anglais et en français. Mais, quand nous parlons dans notre langue maternelle, c’est différent, en ce sens que nous évacuons l’étape de la traduction. Je crois que c’est à ce moment-là que la magie de l’art se produit », s’enthousiasme Johnny El Hage.

Une collaboration avec Bâtiment 7

En plus de ses soirées à micro ouvert, Abjad Howse travaille à un premier projet collaboratif. Comme l’explique M. El Hage, le collectif souhaite établir des cycles de trois mois, où une distribution d’artistes en rotation organisera une performance multidisciplinaire.

Le spectacle inaugural – qu’Eli Jean Tahchi, cinéaste et membre d’Abjad Howse, décrit comme une « pièce de théâtre non conventionnelle » où se mêlent musique, danse, chant, éléments audiovisuels et installations artistiques – s’intitule I thought I was white (« je croyais que j’étais blanc »). Le titre est évocateur d’une expérience qu’ont en commun plusieurs des douze artistes du collectif, ajoute Johnny El Hage.

« Nous sommes originaires de pays que nous adorons, mais où persistent beaucoup de préjugés et de racisme. Je suis d’avis que nous étions privilégiés à l’endroit où nous vivions, relate M. El Hage. Nous sommes nombreux à avoir vécu cette expérience de transition – d’un endroit où personne n’était plus blanc que nous, vers un autre où nous sommes devenus des gens de couleur. »

Le spectacle aura lieu à Bâtiment 7 — un lieu auquel le collectif a eu accès grâce au Bureau de l’engagement communautaire de Concordia.

Alex Megelas est coordonnateur des programmes et des communications au Bureau de l’engagement communautaire. Son lieu de travail se trouve à Bâtiment 7. Il mentionne que le groupe qui administre les anciens ateliers ferroviaires du CN devenus espace communautaire était depuis un certain temps à la recherche de nouveaux membres porteurs de projets.

Il a rencontré Johnny El Hage lors d’une conversation publique sur l’accessibilité, organisée dans le cadre de L’université autrement : dans les cafés. Après avoir échangé, ils sont restés en contact. Puis, Alex Megelas a orienté Johnny El Hage vers Bâtiment 7. Ce dernier a en outre donné une conférence, à l’occasion d’une conversation subséquente de L’université autrement : dans les cafés, sur la manière dont l’art peut contribuer aux luttes pour la justice sociale.

« Abjad Howse est une initiative communautaire qui existe pour et par ses membres – des personnes d’origine arabe qui vivent à Montréal et qui apportent un ensemble unique de perspectives, sur le plan tant artistique que socioéconomique, et qui ne sont peut-être pas représentées dans les établissements artistiques », explique Alex Megelas.

« Nous avons trouvé que ce projet cadrait bien avec notre mission et constituait un moyen stratégique d’attirer des gens qui ne se voyaient pas nécessairement investir un espace comme Bâtiment 7. »

Jeter des ponts entre campus et communauté

Charmaine Lyn, directrice principale du Bureau de l’engagement communautaire est d’avis qu’Abjad Howse correspond à l’intérêt qu’entretient le Bureau de l’engagement communautaire pour les arts de la scène en tant que moyen de jeter des ponts entre l’université et les collectivités avoisinantes.

« Pour une université, les arts de la scène peuvent se révéler un puissant véhicule pour s’étendre dans le monde et abattre les barrières – tant linguistiques, économiques que culturelles – qui font partie intégrante de l’expérience urbaine », souligne Mme Lyn.

Qui plus est, l’association Abjad Howse-Bâtiment 7 s’arrime à l’un des neuf vecteurs stratégiques de Concordia, soit s’ouvrir à la ville, grâce à l’engagement public et communautaire.

Johnny El Hage espère continuer d’élargir le réseau des membres d’Abjad Howse en y attirant d’autres artistes, arabes comme non arabes. Il encourage d’ailleurs toutes les personnes intéressées à se joindre à ce mouvement collectif à se manifester.

« Nous serions ravis de discuter avec elles de leurs idées de projet, conclut-il. Travaillons ensemble et faisons naître encore plus d’initiatives, de collaborations, et d’expériences. »


Pour vous informer sur le nouveau collectif qui célèbre l’art arabe à Montréal, consultez le
site Web d’Abjad Howse.

Apprenez-en plus sur le Bureau de l’engagement communautaire de l’Université Concordia.



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