Comme une boucle de rétroaction
Quand les internautes cliquent sur un point de la carte, ols peuvent lire une histoire intime qui relie une personne à un endroit particulier et, du même coup, à un souvenir.
Lucas Larochelle compare sa démarche à une boucle de rétroaction : « Le concept prend racine dans l’environnement physique où les gens vivent les expériences qu’ols partagent sur la plateforme Queering the Map. En retour, la carte fixe dans l’espace certaines relations. »
Bars, ruelles, écoles, parcs de stationnement… Ces espaces et endroits sont très diversifiés. Les expériences personnelles qui s’y rattachent sont toutes aussi variées : regrets amers, cœurs brisés, souvenirs heureux – et beaucoup de récits nostalgiques.
Nombre de ces histoires, même les plus heureuses, balancent entre honte, visibilité et invisibilité, explique Lucas LaRochelle. En effet, beaucoup de ces endroits sont souvent à l’abri des regards du public.
Contrairement aux plateformes de médias sociaux, le dépôt d’archives n’est pas assujetti à un algorithme destiné à générer une expérience-utilisation particulière ni à l’obligation, pour les internautes, de s’identifier.
« Le succès de ce projet tient en très grande partie à sa nature anonyme. Les gens peuvent relater leur expérience hors du cadre individualiste propre aux plateformes de médias sociaux. »
Ciblé par la droite alternative
Queering the Map est devenu viral en février 2018, après quelques mois d’activité. En trois jours, la carte est rapidement passée de 600 à 6 500 points géographiques – de nouvelles contributions, de divers pays, en plusieurs langues. The Outline, la CBC, Broadly – du magazine Vice – et CityLab ont tous publié un reportage sur le projet.
Du coup, l’anonymat de Lucas LaRochelle à titre de créateur de Queering the Map s’est envolé. Gagnant soudainement en popularité, la plateforme est devenue la cible de pirates de la droite alternative.
« À l’époque, je venais tout juste d’apprendre à programmer. La plateforme avait été conçue d’une manière assez rudimentaire et n’était pourvue d’aucun dispositif de modération », se rappelle-t-ol. J’avais adopté un point de vue assez techno-utopique… Je pensais que ce projet resterait petit, et que rien de fâcheux n’arriverait. »
Or, on croit qu’un robot ultraconservateur qui ratisse l’Internet à la recherche de sites Web vulnérables a inséré un code JavaScript malicieux dans Queering the Map. Des fenêtres contextuelles véhiculant de la propagande pro-Trump se sont mises à proliférer rapidement sur la carte chaque fois qu’une personne cliquait sur un point de repère.
Lucas LaRochelle a rapidement mis le site hors ligne et a demandé de l’aide.