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L’apprenant au centre des recherches

Un centre dédié aux sciences de l’apprentissage est créé à la Faculté des sciences de l’éducation.

Par Jean-François Ducharme

4 décembre 2014 à 16 h 12

Mis à jour le 4 décembre 2014 à 17 h 12

Les sciences de l’apprentissage abordent l’apprentissage à travers le concept d’architecture cognitive.Photo: Istock

L’antenne uqamienne du Centre for the Study of Learning and Performance (CSLP), fondé en 1988 à l’Université Concordia, a été officiellement reconnue par le Conseil d’administration de l’UQAM, qui lui a accordé le statut de centre institutionnel de recherche et de création le 1er juin dernier.

Financé par le Fonds de recherche Société et culture du Québec (FRQSC) pour une durée minimale de trois ans, le nouveau Centre pour les sciences de l’apprentissage (CSLP UQAM) regroupe une douzaine de chercheurs provenant des quatre départements de la Faculté des sciences de l’éducation – didactique, didactique des langues, éducation et formation spécialisées, éducation et pédagogie. Ce centre souhaite développer des recherches en sciences de l’apprentissage, un courant qui a vu le jour il y a une vingtaine d’années aux États-Unis et en Europe.

Des recherches seront effectuées dans de multiples domaines: lecture, grammaire, sciences, cognition, etc. «Les théories et méthodologies des sciences de l’apprentissage constituent une manière moderne et porteuse de concevoir la recherche en éducation, soutient Julien Mercier, professeur au Département d’éducation et formation spécialisées et directeur intérimaire du CSLP UQAM. Elles ont prouvé qu’elles pouvaient optimiser l’enseignement et l’apprentissage dans des domaines variés. Les revues en sciences de l’apprentissage, comme le Journal of the Learning Sciences, comptent d’ailleurs parmi les meilleures revues au monde en éducation.»

Cognition et environnements d’apprentissage

Julien Mercier. Photo: Émilie Tournevache

Ce courant de recherche aborde l’apprentissage à travers le concept d’architecture cognitive, soit en prenant en compte le fonctionnement du cerveau et du système nerveux de l’apprenant (volet physiologique), ses émotions (volet affectif), ses interactions interpersonnelles (volet social) et ses environnements d’apprentissage formels ou informels. «L’apprentissage est un phénomène très intrigant, dont une bonne partie demeure méconnue, explique Julien Mercier. À quel moment du processus d’apprentissage, un apprenant réussit-il, par exemple, à faire des gammes en piano? Comment le déclic se produit-il ? Les sciences de l’apprentissage démontrent que cela résulte d’une longue séquence d’événements que l’on peut caractériser et relier à des contextes précis, cognitifs et affectifs, qui peuvent aider ou nuire à l’apprentissage.»

S’appuyant sur des théories porteuses, les recherches en sciences de l’apprentissage ont d’abord un caractère appliqué. «Nous voulons nous assurer que les innovations produites au CSLP auront un impact durable», dit le professeur.

Abracadabra, un logiciel interactif et gratuit destiné aux élèves du préscolaire et du premier cycle du primaire, est un bel exemple de retombée des travaux en sciences de l’apprentissage dans les domaines de la lecture et de l’écriture. Le développement de la version française de ce logiciel – disponible en anglais depuis 2009 et implantée notamment au Kenya et en Australie – est sous la responsabilité de la doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation, Monique Brodeur, qui est aussi membre du CSLP UQAM. «Abracadabra favorise un apprentissage plus rapide de la lecture et prévient les difficultés chez les enfants à risque, comme ceux provenant des populations défavorisées ou allophones», mentionne Julien Mercier.

Le jeu vidéo éducatif Mécanika est un autre exemple de retombée, cette fois en apprentissage des sciences. Conçu par le diplômé à la maîtrise en éducation François Boucher-Genesse dans le cadre de sa maîtrise dirigée par les professeurs Patrice Potvin et Martin Riopel, ce logiciel permet aux élèves du secondaire d’acquérir des connaissances en physique.

Collaborateurs et partenaires du CSLP

Basé à l’Université Concordia, le CSLP accueille plus de 100 membres et collaborateurs provenant de 13 institutions et de 56 organisations partenaires. Le centre a notamment établi des partenariats avec le ministère de l’Éducation, les neuf commissions scolaires anglophones et quelques commissions scolaires de langue française. Il a aussi des liens avec plusieurs réseaux et organismes de recherche québécois tels que le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec et le programme d’accès aux soins de santé pour les minorités linguistiques.

À l’extérieur du Québec, le centre a des liens avec des universités en Angleterre, en Australie, au Kenya et en Norvège.

Synergie et ouverture à l’international

Le CSLP bénéficiera de l’expertise de plusieurs groupes, chaires et laboratoires qui effectuent déjà de la recherche en éducation à l’UQAM, comme la Chaire de recherche sur l’intérêt des jeunes à l’égard des sciences et de la technologie, le LabMécas et NeuroLab. «Nous partagerons des ressources, de l’équipement et des expertises techniques et méthodologiques pour travailler en synergie, précise Julien Mercier. Nous cohabiterons aussi de façon complémentaire avec le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE), centré davantage sur les enseignants.»

Le directeur intérimaire du CSLP UQAM soutient que le centre aura des retombées à l’extérieur du Québec. «Nous visons, notamment, à organiser des événements internationaux et à collaborer avec des chercheurs de différents pays.»

Enfin, le partage des réseaux des professeurs de l’UQAM (majoritairement en milieu francophone) et de ceux de l’Université Concordia (majoritairement en milieu anglophone) sera bénéfique aux chercheurs des deux universités. «La création d’une antenne du CSLP à l’UQAM renforce notre approche interdisciplinaire, laquelle permet de répondre à des questions pressantes concernant l’impact des technologies de l’apprentissage sur les habiletés cognitives des apprenants, affirme le directeur par intérim du CSLP à l’Université Concordia, Vivek Venkatesh. Les activités de diffusion internationale en place au CSLP vont grandement bénéficier de l’expertise qu’apportent les chercheurs de l’UQAM.»