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Dennis Murphy (1946-2018) : « encore aujourd’hui, je profite de ses enseignements »

Concordia rend hommage à ce diplômé, collègue et ami, membre de longue date du corps professoral du Département de communication, enseignant dévoué et passionné
22 novembre 2018
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Par Howard Bokser


Dennis Murphy (B.A. 1967) – à qui l’on doit en grande partie l’essor de la réputation du Département de communication de l’Université Concordia – est décédé le 20 novembre dernier, à Montréal. Il avait 72 ans.

Dennis Murphy fait partie de la première cohorte de diplômés du Département des arts de la communication (l’actuel Département de communication, dont l’appellation a été modifiée en 1977) du Loyola College, l’un des établissements fondateurs de l’Université Concordia. En 1970, il revient à son alma mater pour y travailler comme professeur. Il y demeurera jusqu’à sa retraite, en 2010.

Tout au long de son parcours, M. Murphy inspire et influence une multitude d’étudiants et d’étudiantes. Beaucoup par la suite connaîtront une brillante carrière dans le monde des médias. Au nombre figurent Nathalie Petrowski (B.A. 1976), chroniqueuse au quotidien La Presse, John Moore (B.A. 1988), animateur de l’émission du matin à la station radio torontoise Newstalk 1010, et Todd van der Heyden (dipl. de 2e cycle 2004), présentateur de nouvelle au réseau CTV.

« Dennis était un collègue extraordinaire, affirme Charles Acland, directeur du Département de communication et professeur. Il a consacré beaucoup de son énergie à l’essor du département et de l’Université dans son ensemble ».

« Il possédait une expertise très pointue en éthique des médias. Sa soif de connaissances critiques sur le sujet a inspiré plusieurs générations d’étudiants. »

Dans une entrevue accordée au Concordia University Magazine à l’occasion du 50e anniversaire du Département de communication en 2015, M. Murphy relate qu’il a trouvé sa vocation par hasard, en 1965, après avoir suivi le cours d’introduction à la communication que donnait alors le père John O’Brien.

« C’est là que j’ai découvert ma passion », précise-t-il, en parlant de l’étude de la communication, qui en était à ses balbutiements. « On offrait aux gens la possibilité de produire du matériel pour les médias, mais aussi la chance de l’analyser et d’y réfléchir; c’est ce qui rendait la chose si spéciale. Cette approche qui consiste à combiner la théorie à la pratique en y intégrant la philosophie et l’intelligence sur le plan éthique n’existait dans aucune autre école en Amérique du Nord. »

Dennis Murphy, à gauche, accueillant des diplômés sur le campus Loyola en septembre 2010, à l’occasion du 45e anniversaire du Département de communication. Dennis Murphy, à gauche, accueillant des diplômés sur le campus Loyola en septembre 2010, à l’occasion du 45e anniversaire du Département de communication.

Une vivacité d’esprit inspirante

Après avoir décroché son baccalauréat en 1967, Dennis Murphy se rend à l’Université d’État de San Francisco pour faire sa maîtrise, qu’il obtient en 1972. À l’époque, il enseigne déjà au Loyola College depuis deux ans. Plus tard, en 1982, il obtient un doctorat de l’Université de la Californie à Santa Barbara.

Tôt dans sa carrière d’enseignant, il élabore les cours Media Ethics and Responsibility (« responsabilité éthique des médias ») et Propaganda (« propagande » – COMS 361). Il donnera celui-ci presque chaque année par la suite, pendant quatre décennies. Portant sur les pratiques propagandistes contemporaines qu’utilisent les institutions et les gouvernements, ce cours a eu un effet profond sur l’apprentissage de nombreux étudiants et étudiantes.

René Balcer (B.A. 1978, LL. D. 2008), scénariste et producteur de nombreuses émissions télévisées, dont Law & Order, ainsi que cocréateur de Law & Order: Criminal Intent, a souvent louangé son ancien professeur et a gardé contact avec lui tout au long des années.

« De tous mes professeurs à Concordia, Dennis est certainement celui qui a eu le plus d’influence sur mon travail dans les médias, confie M. Balcer en 2009. Il m’a inculqué la conviction que la télévision – en témoignant de notre époque et en incitant à la réflexion – peut constituer un agent de changement. »

« Sa vivacité d’esprit était inspirante. Son recours constant aux liens contre-intuitifs pour illustrer ses points de vue a réveillé chez moi de nouvelles façons de voir les choses. J’ai hérité de lui une curiosité sans jugement, quasi anthropologique, quant à la manière dont s’y prennent les médias pour modeler notre perception de la réalité », ajoute-t-il.

« Ses cours m’ont poussé à m’investir dans une pratique “engagée” des médias. Encore aujourd’hui, je profite de ses enseignements dans mon travail d’écriture et de production. À bien des égards, la série Law and Order n’existerait pas – du moins pas dans sa forme dramatique actuelle, socialement engagée – si ce n’était de ce que j’ai appris de Dennis Murphy. »

Une carrière d’administrateur

La contribution de Dennis Murphy à l’essor de l’Université s’étend au-delà du Département de communication. De 1997 à 1999, il a été vice-doyen aux relations extérieures de la Faculté des arts et des sciences et, en 1999-2000, vice-doyen aux programmes d’études et à l’évaluation. En 2001, après une année comme conseiller en matière de relations externes auprès du vice-recteur aux relations institutionnelles et secrétaire général, il est nommé directeur général des communications. Il est alors responsable des unités Communications-marketing, Affaires publiques, Communications internes et Traduction.

Durant plusieurs années, Dennis Murphy a siégé à titre de représentant de Concordia au sous-comité des technologies de l’information de la CREPUQ (aujourd’hui le Bureau de coopération interuniversitaire). Il a en outre représenté l’Université aux sous-comités du ministère de l’Éducation du Québec pour les programmes Histoire et civilisation et Arts et lettres. Il a par ailleurs siégé au conseil d’administration de l’Association des diplômés du Loyola College.

Les recherches de Dennis Murphy portaient principalement sur les systèmes, la cybernétique, l’éducation et la technologie. Il a déjà agi en qualité d’expert auprès de la GRC et des Forces armées canadiennes. Il a en outre participé au Programme des Nations unies pour le développement dans le cadre de l’établissement de l’École des communications sociales, à Budapest, en Hongrie.

Murphy, en compagnie de sa collègue Lorna Roth, professeure au Département de communication, sur le campus Loyola, en 2005. Murphy, en compagnie de sa collègue Lorna Roth, professeure au Département de communication, 2005.

Un homme apprécié de ses collègues et amis

Au cours de sa longue permanence au Département de communication, Dennis Murphy a travaillé en étroite collaboration avec de nombreux collègues qui, au fil du temps, sont devenus des amis.

« J’ai connu Dennis en 1975, quand je suis entrée au département », se rappelle Sheelah O’Neill (B.A. 1974), qui a été administratrice du programme d’études pendant plus de 40 ans.

« À l’époque, Dennis faisait partie des “jeunes” professeurs dans un département riche en personnages. Il ne faisait pas exception. Il était très sympathique et accueillant. Dennis adorait raconter des blagues et faire des calembours. Certains d’entre eux étaient très intelligents, alors que d’autres, franchement douteux, me faisaient gémir. Si c’était le cas, je l’entendais habituellement dire “Ah, arrête! Il était bon”. Même après son départ à la retraite, il a continué à m’envoyer des blagues par courriel qui, la plupart du temps, me faisaient sourire. »

Mme O’Neill tient par ailleurs à souligner le dévouement qu’il avait envers ses étudiants.

« Dennis se passionnait pour les cours qu’il avait montés et qu’il donnait. C’était un professeur dévoué qui avait un profond attachement pour ses étudiants. D’ailleurs, beaucoup peuvent en témoigner, j’en suis sûre. »

Lorna Roth (B.A. 1972, Ph. D. 1994) estime qu’elle doit à Dennis Murphy sa décision de s’inscrire au Loyola College, à l’époque où elle envisageait de faire des études supérieures.

« Quand j’étais enseignante à Montréal au début des années 1970, j’ai dû suivre une formation sur la vidéo, et c’était Dennis qui donnait ce cours à temps partiel, se rappelle-t-elle. Il m’a vraiment impressionnée; à un point tel que j’ai choisi Loyola quand est venu le temps de m’inscrire à un programme d’études supérieures. Ce fut ma meilleure expérience en éducation à vie. »

Par la suite, Mme Roth a obtenu un poste de professeure à Concordia et a enseigné aux côtés de M. Murphy. « Nous sommes devenus bons amis. Il adorait voyager. D’ailleurs, il collaborait avec des collègues du domaine des communications en Europe de l’Est », ajoute-t-elle.

« C’était un professeur extrêmement sensible et attentif. Il était très démocrate dans son approche et encourageait le dialogue en classe. C’était aussi un personnage coloré, à l’esprit aiguisé, qui s’intéressait au monde. »

Don Taddeo (B.A. 1967) – qui est aujourd’hui adjoint de direction à la planification et au développement à l’école secondaire Loyola, à Montréal – et Dennis Murphy ont été camarades de classe alors qu’ils fréquentaient tous deux le Loyola College, puis confrères membres du corps professoral, ainsi qu’amis proches.

« Nous nous sommes rencontrés au premier cycle en 1963 et étions camarades de classe dans le premier cours d’arts de la communication qu’enseignait le père Jack O’Brien. Nous sommes rapidement devenus meilleurs amis », relate M. Taddeo.

« Quand je suis revenu à Montréal en 1972 après avoir obtenu mon doctorat en études anciennes, Dennis m’a appelé pour m’annoncer que le père O’Brien [alors directeur du Département des arts de la communication] cherchait un adjoint administratif, et j’ai obtenu le poste. »

Les deux amis ont également coenseigné le cours de propagande de 1980 à 1985; M. Murphy, sous l’angle des communications et M. Taddeo, sous celui des études anciennes. Ce dernier garde un souvenir tendre de son collègue et de son style d’enseignement, qui, parfois, était difficile à suivre. « Comme un roman de James Joyce – tout en flux de conscience. »

M. Taddeo se souvient que son ami faisait face à sa santé déclinante, en raison d’une maladie du cœur, avec beaucoup de force de caractère. « Il a continué de voyager avec Debbie [MacFadden, sa conjointe, B.A. 1978]. Il avait de la ténacité… de la résilience. Il a toujours essayé de profiter au maximum de ce que la vie lui apportait. »



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