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12 artistes circumpolaires remettent en question notre perception du Nord

Du 4 septembre au 27 octobre prochain, la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen de Concordia présente Among All These Tundras
28 août 2018
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Par Daniel Bartlett


Dolastallat (To have a campfire – « bâtir un feu de camp ») par Marja Helander, 2016. | Toutes les images nous ont gracieusement été fournies par les artistes. Dolastallat (To have a campfire – « bâtir un feu de camp ») par Marja Helander, 2016. | Toutes les images nous ont gracieusement été fournies par les artistes.


À son retour du tout premier sommet sur les arts arctiques en 2017, Heather Igloliorte, professeure agrégée au Département d’histoire de l’art, a amorcé une réflexion sur la façon dont elle pourrait amener différents artistes circumpolaires à entrer en dialogue.

« On aborde souvent l’art autochtone du Canada sous le seul angle de sa provenance des peuples des Premières Nations, métis et inuit », observe la professeure Igloliorte, aussi titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en histoire de l’art et en engagement communautaire autochtones.

« Or, c’est une façon d’appréhender cet art, mais ce n’est pas la seule. »

Quand Michèle Thériault, directrice de la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen, a invité Mme Igloliorte à soumettre une proposition sur l’art autochtone dans le cadre de la programmation de l’établissement, la chercheuse a saisi l’occasion de mettre sur pied une exposition dans cette perspective.

Aujourd’hui, la professeure Igloliorte – en collaboration avec les doctorantes Charissa von Harringa et Amy Prouty – est co-commissaire de l’exposition Among All These Tundras (« parmi toutes ces toundras »), qui a lieu à la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen de Concordia, du 4 septembre au 27 octobre 2018.

Cette proposition artistique met en vitrine les œuvres de 12 artistes circumpolaires, dont des films, des photographies, des sculptures ainsi que des installations de textes et de médias.

L’exposition présente également une série de petits ours imprimés en 3D, qui brillent dans l’obscurité. « Il s’agit de reproductions d’une figurine miniature appartenant à la famille de l’artiste », explique Mme Prouty.

Timiga Nunalu Sikulu (My Body, the Land and the ice – « mon corps, la terre et la glace ») par Laakkuluk Williamson Bathory, 2016. Timiga Nunalu Sikulu (My Body, the Land and the ice – « mon corps, la terre et la glace ») par Laakkuluk Williamson Bathory, 2016.


Terre, résurgence et souveraineté

L’exposition s’articule autour de trois thèmes : la terre, la résurgence et la souveraineté. Bien que les artistes circumpolaires aient des parcours différents, Mme von Harringa fait remarquer qu’ils ont souvent les mêmes préoccupations et vivent les mêmes expériences.

« Chacun de ces thèmes aborde un large éventail de sujets entourant l’écologie et la protection de l’environnement », précise-t-elle.

« Les expositions consacrées à l’art circumpolaire sont rares; seules quelques-unes ont été mises sur pied. C’est intéressant d’un point de vue historiographique. En effet, comment rassembler des éléments historico-artistiques dans une perspective circumpolaire tout en tenant compte des divers contextes et histoires coloniales en présence? »

Selon la professeure Igloliorte, nombre des œuvres ont un ton grave en raison des sujets qu’elles abordent. Néanmoins, on découvre dans l’exposition de solides éléments d’humour et d’absurdité. En incluant des œuvres ludiques dans sa proposition, la chercheuse souhaite inciter les visiteurs à repenser la façon dont ils perçoivent l’art nordique.

« Nous nous faisons beaucoup d’idées à propos du Nord et de ce qu’il est en réalité, explique-t-elle. Cette exposition consiste en grande partie à remettre en question ces images préconçues et à présenter quelque chose d’un peu différent et, espérons-nous, surprenant. »

Rock Piece (Ahuriri edition) – « cailloux (édition Ahuriri) », par Asinnajaq, 2016. Rock Piece (Ahuriri edition), by Asinnajaq, 2016.


Conférences et autres activités

La galerie et les commissaires espèrent pouvoir présenter l’exposition à d’autres endroits après son inauguration à Concordia. Elles constatent toutes un intérêt croissant pour l’art circumpolaire dans le monde; de fait, les artistes autochtones méditent sur le passé, le présent et l’avenir, afin de se réapproprier leurs traditions et leurs récits.

« Les établissements sont en mutation, affirme Mme von Harringa. Elles manifestent un intérêt envers d’autres voix et souhaitent attirer les artistes autochtones dans les galeries. »

Pour compléter l’exposition, la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen propose un riche programme d’activités satellites – notamment une visite guidée de l’exposition en compagnie des commissaires et des artistes, ainsi que des performances d’Allison Akootchook Warden, artiste iñupiaq; de Taqralik Partridge, poétesse inuite; et d’Ánde Somby, artiste traditionnel sami joik et sommité internationale en matière de droits autochtones.

L’équipe de Nipivut, émission radiophonique locale inuite présentée sur les ondes de CKUT, est également de la partie. Des visites étudiantes, dont une en arabe, sont en cours d’organisation. Les commissaires entendent inviter à l’exposition des groupes d’Inuits de toute la région montréalaise et collaborer avec des organismes locaux en vue d’offrir une visite guidée de l’exposition en inuktitut.

Mme Prouty s’attend à ce que les visiteurs quittent l’exposition avec une meilleure compréhension de l’art nordique. La doctorante, qui étudie l’art inuit depuis de nombreuses années, espère que les gens reconnaîtront le caractère moderne, stimulant et sympathique de leur travail.

« Les artistes autochtones produisent aujourd’hui des œuvres tellement fortes qu’elles ne peuvent plus être ignorées », conclut-elle.


L’exposition Among All These Tundras
est présentée du 4 septembre au 27 octobre 2018 à la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen.



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