Skip to main content

Mieux comprendre le trouble de stress post-traumatique grâce aux poissons

Pour Adam Crane, nouveau boursier postdoctoral Banting de Concordia, la réponse réside dans l’écologie comportementale
19 juillet 2018
|
Par Tatiana St-Louis



Quel rapport existe-t-il entre le comportement des poissons et le trouble de stress post-traumatique? C’est ce que tente d’élucider Adam Crane, nouveau boursier postdoctoral Banting de Concordia.

En septembre prochain, M. Crane et Grant Brown, professeur d’écologie au Département de biologie de l’Université Concordia, uniront leurs forces pour tenter de mieux comprendre les interactions entre les influences sociales, la peur et le rétablissement après la peur.

Dans le cadre de ses recherches, M. Crane explore le phénomène d’évitement des prédateurs chez les poissons d’eau douce en situation de grand risque de prédation et transpose le résultat de ses travaux chez l’humain atteint du trouble de stress post-traumatique (TSPT).


Comprendre la néophobie

Adam Crane s’intéresse à l’écologie comportementale et cognitive des poissons et des amphibiens depuis plusieurs années.

« Ma mère, qui était enseignante au primaire, adorait la nature et le plein air. C’est sûrement d’elle que m’est venu cet intérêt au départ », affirme-t-il. Originaire d’Atlanta, en Géorgie, M. Crane a vécu au Missouri plusieurs années avant de faire son doctorat à l’Université de la Saskatchewan, à Saskatoon.

Durant son mandat de deux ans à l’Université Concordia, M. Crane se concentrera sur la néophobie – la peur de nouveaux stimuli ou de nouvelles situations – chez les poissons, pour ensuite transposer ses découvertes à l’exploration de certains aspects du TSPT chez l’humain.

On sait que les animaux qui vivent en situation de grand risque, notamment en présence de divers prédateurs inconnus, acquièrent un éventail de comportements craintifs, dont la néophobie.

« Dans certains cas, le fait d’être néophobe peut réduire la capacité d’un animal à s’adapter à de nouvelles circonstances, précise le chercheur. Mais en situation de rencontre avec de nouveaux prédateurs, la néophobie peut se révéler bénéfique. »


Le TSPT comme réponse adaptative au danger

C’est ici qu’entre dans l’équation le TSPT.

Selon M. Crane, écologistes et psychologues observent que beaucoup d’animaux, y compris l’homme, manifestent leurs peurs de façons similaires. Chez l’humain, le TSPT résulte fréquemment d’une exposition à des situations de grand risque; par exemple, le combat militaire.

« Bien qu’elle soit horriblement déplaisante, l’hypervigilance provoquée par cet état vous aide à rester en vie, explique le chercheur.C’est une réponse comportementale adéquate au fait d’être plongé dans un milieu dangereux. »

C’est pourquoi, comprenant mieux ces dynamiques, les spécialistes du domaine utilisent de moins en moins le terme “trouble”.


Les meilleurs sujets de recherche

Le mandat d’Adam Crane en qualité de boursier Banting se déroulera en deux volets : des études en laboratoire sur les cichlidés à Concordia ainsi que des travaux sur le terrain et en laboratoire sur les guppys – une espèce de poisson tropical – à Trinidad.

« De mon point de vue, le poisson est utile dans ce domaine de recherche parce que nous pouvons facilement induire chez cet animal un comportement semblable au TSPT par une exposition au risque de prédation, et ce, sans lui infliger de douleur », avance M. Crane.

De plus, ajoute-t-il, l’abondance de proies chez les poissons permet aux chercheurs de mener des expériences complexes en situation contrôlée.

Adam Crane entend explorer le phénomène de réapparition de comportements apparentés au TSPT après un premier recul des symptômes, les mécanismes de transmission sociale propres à cet état, ainsi que les possibilités de rétablissement par le recours à la thérapie comportementale et aux médicaments.


Les leaders scientifiques de demain

Administré par le gouvernement fédéral, le Programme de bourses postdoctorales Banting est destiné à soutenir des chercheurs de réputation nationale et internationale. Chaque bourse donne droit à 70 000 $ par année pendant deux ans. Adam Crane est un des 70 boursiers postdoctoraux à recevoir cette année cette allocation prestigieuse.

Les boursiers sont sélectionnés non seulement en raison du potentiel transformateur de leurs recherches, mais aussi pour leurs qualités de leader dans la communauté. Outre les quelque 35 articles qu’il a publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture, M. Crane a agi à titre de mentor et de bénévole auprès de plusieurs organismes scientifiques.

« La plupart de mes activités bénévoles sont axées sur la sensibilisation des élèves de la fin du primaire et du secondaire, car ils sont nos futurs leaders, mentionne M. Crane. Ces expériences d’apprentissage me nourrissent énormément. Elles m’aident à devenir un meilleur chercheur et une meilleure personne. Je crois en outre qu’un public mieux renseigné sur le plan scientifique contribue à améliorer la société. »

Dissiper les grandes menaces grâce à la science et à la technologie

Néomontréalais, M. Crane est enthousiaste à l’idée de se joindre au groupe du Pr Brown, reconnu pour son dynamisme dans la sphère de l’écologie. Son équipe compte notamment deux titulaires de chaire de recherche du Canada (David Walsh et Pedro Peres-Neto), un titulaire de chaire de recherche de l’Université Concordia (Jean-Philippe Lessard), divers spécialistes de réputation internationale, ainsi que plus de 50 étudiantes et étudiants des cycles supérieurs, dont des boursières et boursiers postdoctoraux.

Le projet est financé grâce à des subventions accordées dans le cadre du Programme de subventions à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

M. Crane espère que ses travaux contribueront à l’avancée des connaissances sur les comportements psychologiques et à la découverte de méthodes d’exploration innovantes de problèmes plus vastes.

« Nous sommes exposés à des menaces sérieuses – guerre, pandémies, perte de biodiversité, iniquités extrêmes… Je crois que la science et la technologie peuvent faire partie des solutions qui permettront de relever ces grands défis », conclut-il.

Renseignez-vous à propos du Département de biologie de l’Université Concordia



Sujets tendance

Retour en haut de page

© Université Concordia