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Une toile spoliée par les nazis, "Les fidèles épouses de Weinsberg" est restituée aux héritiers de Max Stern

Des organismes allemands collaborent dans le retour de l'oeuvre de l'âge d'or néerlandaise au projet administré par l'Université Concordia
7 mai 2018
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Les fidèles épouses de Weinsberg - Gerrit Claesz Bleker (1592-1656) Les fidèles épouses de Weinsberg - Gerrit Claesz Bleker (1592-1656).


Accompagné par des représentants du Congrès juif mondial, le Pr Uwe Grobshäuser, maire suppléant de Weinsberg, a remis aux mandataires de la Fondation Max-et-Iris-Stern et de ses trois établissements bénéficiaires – soit les universités Concordia et McGill de Montréal ainsi que l’Université hébraïque de Jérusalem – le tableau Les fidèles épouses de Weinsberg. Cette toile de l’âge d’or de la peinture néerlandaise a été réalisée par Gerrit Claesz Bleker (1592-1656). Il s’agit de la dix-septième œuvre récupérée par la fondation.

En 2014, des recherches effectuées dans les archives de l’Institut néerlandais d’histoire de l’art par l’équipe du Projet de restitution des œuvres de la collection Max-Stern ont mis au jour des dossiers et d’importants renseignements sur le propriétaire du tableau : Max Stern, marchand d’œuvres d’art juif allemand. Peu après, le Bureau des demandes d’indemnisations liées à la Shoah du Département des services financiers de l’État de New York a adressé une réclamation, au nom de la fondation, à la Ville de Weinsberg. En effet, l’œuvre y était exposée depuis 1968.

Pour cette enclave bavaroise datant du Moyen-Âge, la toile revêt toutefois une signification particulière. C’est qu’à l’époque du Saint-Empire romain germanique, au XIIe siècle plus précisément, le roi Conrad III fit le siège du château de Weinsberg. En vertu de l’acte de capitulation, les femmes de la citadelle assiégée reçurent la permission d’emporter seulement ce qu’elles pourraient charger sur leur dos. Délaissant tout bien matériel, chacune d’elles porta son mari. Cette habile manœuvre fit rire le roi, qui y donna son aval.

Étant donné l’importance du chef-d’œuvre dans l’histoire municipale de Weinsberg, la Fondation Max-et-Iris-Stern a consenti à ce que le tableau y soit conservé. La Fondation culturelle fédérale allemande et le Centre de recherche de la provenance des œuvres d’art et biens culturels de la Fondation allemande des œuvres d’art spoliées ont participé à la concrétisation de cette entente internationale.

« Après avoir restitué la toile à la Fondation Max-et-Iris-Stern, la Ville a pu l’acquérir grâce à l’appui diligent de plusieurs fondations et donateurs, a précisé Stefan Thoma, maire de Weinsberg. Ainsi, cette œuvre remarquable restera au musée Weibertreu, où elle est exposée depuis une trentaine d’années. Nous sommes vivement reconnaissants à nos mécènes. »

« La restitution de ce tableau atteste que les efforts assidus de nombreuses personnes et organisations ont permis d’apporter une infime mesure de justice à une période sombre de l’histoire, a déclaré Stéphane Dion, ambassadeur du Canada en Allemagne et envoyé spécial auprès de l’Union européenne et de l’Europe. Je félicite tous les intervenants et j’espère vraiment que le Projet de restitution des œuvres de la collection Max-Stern continuera de bénéficier du meilleur soutien possible en Allemagne. »

La Fondation Max-et-Iris-Stern a tenu à remercier la maison de vente aux enchères Neumeister, où s’est déroulée la cérémonie de remise de l’œuvre. Lors de la conclusion de l’entente de restitution, l’automne dernier, il avait été décidé que l’événement aurait lieu au musée municipal de Düsseldorf et qu’il coïnciderait avec l’inauguration d’une exposition itinérante sur la vie et l’œuvre de Max Stern. À la surprise générale, la Ville de Düsseldorf a annulé l’exposition, les autorités se disant préoccupées par les demandes de restitution des œuvres de M. Stern déposées en Allemagne. Le lieu de la cérémonie a donc été déplacé à Munich.

« Nous avons bon espoir que la remise de la présente toile par la Ville de Weinsberg, de même que les efforts exemplaires déployés par différents États et partenaires nationaux, incitera d’autres collectivités, musées et collectionneurs allemands à aborder franchement la question de la rétrocession des créations artistiques spoliées », a souligné Clarence Epstein, chef du Projet de restitution des œuvres de la collection Max-Stern.

D’origine juive, Max Stern (1904-1987) était propriétaire d’une importante galerie d’art à Düsseldorf. En 1935, après l’arrivée des nazis au pouvoir, il fut renvoyé – sous prétexte de sa religion – de l’académie des beaux-arts du Reich et se vit contraint de vendre les œuvres de sa galerie et de sa collection personnelle. Le reste fut mis aux enchères deux ans plus tard.


Télécharger une photo haute résolution de l’œuvre.

 

Relations médias

Nadia Kherif
Conseillère en relations médias
Université Concordia
514 848-2424, poste 4187
Nadia.Kherif@concordia.ca



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