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« Je m’engage à mettre en œuvre des changements concrets au profit des migrantes trans »

La doctorante Nora Butler Burke analyse la discrimination que subit une communauté marginalisée
21 août 2017
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Par Daniel Bartlett


Nora Butler Burke: “The Trans Migrant Legal Fund is a concrete way for me to transform my research into action.”


Bien que les enjeux visant tant les personnes réfugiées que les trans aient récemment retenu l’attention des milieux politiques et des médias, les débats connexes sont fréquemment menés en vase clos.

Étudiante au doctorat multidisciplinaire en lettres et sciences humaines, Nora Butler Burke entend réunir ces aspects. En effet, elle s’intéresse de près à une communauté canadienne souvent négligée et présentée sous un faux jour.

« Mes travaux portent sur les impacts variés – négatifs pour la plupart – qu’exercent les lois en matière d’immigration ou de criminalité sur le quotidien des migrantes trans », explique la doctorante.

Chaque jour, bon nombre de ces personnes sont victimes d’exclusion. Ainsi, elles doivent souvent composer avec des restrictions quant aux postes qu’elles peuvent occuper. De même, elles sont parfois tenues d’entreprendre des études dans un milieu où elles risquent de souffrir une fois de plus de discrimination.

Au moyen de sa recherche, Mme Butler Burke s’efforce de montrer comment la notion de criminalité teinte le système d’immigration canadien. Elle s’attarde plus particulièrement au dossier des migrantes trans.

« Les mesures vexatoires comprennent non seulement des exigences rigoureuses encadrant le quotidien de ces personnes, mais aussi leur emprisonnement, voire leur expulsion. »


Des formes multiples de violence et d’exclusion

Avant d’effectuer sa maîtrise et son doctorat à Concordia, Mme Butler Burke était chargée de projet à Action Santé Travesti(e)s et Transsexuel(le)s du Québec (ASTTeQ). Cet organisme se consacre à la réduction des dommages chez les trans à faible revenu.

Ce travail lui a notamment permis de nouer des liens avec des groupes de femmes trans touchées directement par des lois préjudiciables en matière d’immigration et de droit pénal.

« Dans le cadre de mes fonctions à l’ASTTeQ, j’ai constaté la complexité des problèmes qu’affrontent ces femmes, précise Mme Butler Burke. Ces difficultés vont au-delà des situations courantes de violence ou d’exclusion. »

« Elles subissent l’oppression de plusieurs structures institutionnelles, ce qui rend leur existence très pénible », poursuit-elle.

Professeure à l’Institut Simone-De Beauvoir de l’Université Concordia et cofondatrice de l’ASTTeQ, Viviane Namaste a encouragé Nora Butler Burke à poursuivre des études supérieures. Ainsi, cette dernière pourrait approfondir la thématique dans un contexte différent.

« Pour moi, c’était clair : Nora avait le potentiel de transformer l’existence de personnes marginales », rappelle Mme Namaste, par ailleurs titulaire de la chaire de recherche de Concordia sur le VIH/sida et la santé sexuelle.

« Université ayant l’audace de prendre des risques que ne courraient pas d’autres établissements, Concordia me semblait l’endroit idéal pour mener ce genre de recherche », ajoute-t-elle.


Des solutions concrètes pour les migrantes trans

À la suite des récentes audiences parlementaires sur les mesures de protection dont devraient bénéficier les personnes trans, Mme Butler Burke croit qu’au Canada, le mouvement en faveur des droits des trans est en pleine émergence.

Elle a bon espoir que sa recherche attirera l’attention sur des communautés dont la réalité ne s’inscrit nullement dans les paradigmes dominants en matière de justice sociale.

« Il y a un besoin criant de transformation sociale systémique. Cela dit, ma recherche m’engage vivement à mettre en œuvre des changements concrets au profit des migrantes trans », affirme-t-elle.

Dans la foulée, elle souligne un fait important. Par suite de leur incrimination, les migrantes trans connaissent souvent la précarité. Elles font donc face à d’énormes obstacles pour acquérir un statut juridique au Canada et obtenir des documents officiels indiquant correctement leur nom et leur identité de genre.

Cette problématique a incité Mme Butler Burke à établir le Trans Migrant Legal Fund (« fonds d’aide juridique pour migrantes et migrants trans »). En collaboration avec des spécialistes du droit, elle accompagne des femmes trans dans les méandres des systèmes d’immigration et de justice pénale.

« Notre travail répond parfaitement aux besoins cernés par les migrantes », assure-t-elle.

« Il me permet non seulement de passer concrètement de la recherche à l’activisme porteur, mais aussi d’assumer mes responsabilités à l’égard des femmes que je côtoie dans ce contexte », conclut-elle.


Apprenez-en davantage sur le
programme de doctorat multidisciplinaire en lettres et sciences humaines de l’Université Concordia.

 



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