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Les 35 étudiants présenteront leurs recherches sur l’histoire locale des Noirs le 11 avril

Une classe du 1er cycle de Concordia scrute les archives du Centre communautaire des Noirs de Montréal
13 mars 2017
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Par Steven High


Photos de courtoisie de Collections spéciales, Bibliothèque de Concordia et Centre communautaire des Noirs Photos de courtoisie de Collections spéciales, Bibliothèque de Concordia et Centre communautaire des Noirs

Steven High est professeur d’histoire à la Faculté des arts et des sciences et membre fondateur du Centre d’histoire orale et de récits numérisés.

Cette année marquera le 90e anniversaire de la fondation du Centre communautaire des Noirs (CCN), un lieu vital pour les Noirs de Montréal de 1927 à sa fermeture en 1989.

Durant son existence, le CCN a offert diverses ressources aux résidents du quartier du Sud-Ouest aujourd’hui appelé Petite-Bourgogne : programmes pour jeunes et personnes âgées ainsi que services éducatifs, récréatifs, sociaux et sanitaires. Doté d’une bibliothèque, le Centre a également contribué à la diffusion de la culture et de l’histoire des Noirs.

Les efforts pour rouvrir le CCN ont échoué dans une large mesure en raison du coût faramineux de la rénovation du bâtiment centenaire, mais aussi parce que la communauté qu’il servait a également changé.

Les membres de la communauté noire de Montréal se sont d’abord installés dans cette « ville au pied de la colline » (The City Below the Hill) en raison de sa proximité avec leur lieu d’emploi. En effet, jusque dans les années 1950, la plupart des hommes noirs sont employés par les compagnies ferroviaires en tant que porteurs de bagages ou cuisiniers. Ils peuvent donc se rendre à pied à la gare Windsor ou Bonaventure. Les femmes noires, quant à elles, travaillent généralement comme domestiques dans les maisons cossues de Westmount, situé tout près.

À partir des années 1950, la désindustrialisation de cette zone, accompagnée du déclin du transport ferroviaire de passagers, entraîne la disparition massive des emplois. Lentement, la zone va se vider de sa population et devenir synonyme de bidonville. Dans les années 1960, la construction de l’autoroute Ville-Marie, qui traverse le quartier, est à l’origine d’un déplacement de population de grande ampleur, puis d’un réaménagement urbain à grande échelle.

La population de la Petite-Bourgogne passe ainsi de 21 381 résidents en 1951 à 7 000 en 1973. Plus jamais les Noirs de Montréal ne seront aussi concentrés géographiquement.

Photos de courtoisie de Collections spéciales, Bibliothèque de Concordia et Centre communautaire des Noirs Photos de courtoisie de Collections spéciales, Bibliothèque de Concordia et Centre communautaire des Noirs

« Histoires cachées et points de rencontre »

Tant que des tentatives de réouverture du CCN ont lieu, les archives du Centre restent dans le bâtiment en voie de délabrement. Au milieu des années 1990, le conseil d’administration du CCN demande à Concordia de sauver ces archives.

Les cent et quelques boîtes de dossiers restent toutefois soigneusement entreposées à l’Université jusqu’en 2013, année où le CCN autorise officiellement la donation de ses archives à la Bibliothèque de Concordia. D’autres dons ont lieu en 2014 et en 2015.

Cette session, j’enseigne le cours de mise en récit «Telling Stories », en collaboration avec Alexandra Mills, conservatrice des collections spéciales de la bibliothèque. Les étudiants ont passé le premier mois du cours à scruter les archives du CCN pour y découvrir des histoires cachées et des points de rencontre. Ils ont également écouté des interviews de résidents racontant l’histoire orale du quartier.

Leurs fouilles mettent au jour des pans de l’histoire des Noirs de Montréal, donnant lieu à une vaste gamme de projets artistiques numériques et de rapports de recherche. Ceux-ci feront l’objet d’une exposition qui se tiendra le 11 avril dans la Petite-Bourgogne. À cette occasion aura également lieu le lancement public de la collection d’archives du CCN.

La démolition, en 2014, du CCN a provoqué de nombreuses réactions au sein de la communauté. Par exemple, des élèves de l’école secondaire James-Lyng ont réalisé une chanson intitulée Burgundy Dreams qui lie l’actuel processus d’embourgeoisement du quartier au départ des résidents noirs et à la disparition d’une histoire culturelle d’une grande richesse (vimeo.com/14841209).

Le CCN a fait œuvre de carrefour communautaire tout au long du 20e siècle. Il a également été un fer de lance de la lutte politique contre la discrimination raciale à Montréal ainsi que du mouvement mondial pour la décolonisation du « tiers monde », les droits civiques et l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud durant les années 1980.

Désormais conservée à l’Université Concordia, la collection d’archives ouvre une fenêtre sur l’histoire des communautés noires de Montréal et le dense réseau de relations internationales que celles-ci ont entretenu.

Apprenez-en plus sur les archives de Concordia et le Centre d’histoire orale et de récits numérisés.

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