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Dans 50 ans, lire sera beaucoup plus facile – pour les ordinateurs comme pour les humains

Dans un nouveau recueil d’essais, le chercheur de Concordia Ching Suen montre l’importance d’une bonne conception des polices de caractères
7 février 2017
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Par Cléa Desjardins


Vous êtes-vous déjà fait dire que vous écriviez en pattes de mouche? Eh bien ce défaut pourrait ne pas seulement déranger votre enseignante de 4e année – il pourrait aussi être confondant pour votre ordinateur.

À une époque où même un champ aussi fondamental que la lecture est investi par la technologie numérique, apprendre à lire aux ordinateurs revêt une importance capitale. Dans son nouveau livre, Ching Y. Suen, professeur au Département d’informatique et de génie logiciel de l’Université Concordia, explique les dernières nouveautés en matière de littératie numérique.

La fascination de Ching Suen pour les lettres et les caractères remonte à sa thèse de doctorat. Celle-ci visait à apprendre aux ordinateurs à décoder des documents composés dans diverses polices de caractères afin qu’un dispositif de synthèse vocale puisse en énoncer le contenu pour les personnes aveugles ou malvoyantes.

Dans Digital Fonts and Reading (World Scientific, 2016) qu’il a rédigé de concert avec Mary C. Dyson de l’Université de Reading au Royaume-Uni, Ching Suen réunit différents essais sur une foule de sujets allant de la vision à la lecture, en passant par les perspectives de l’art de concevoir des polices de caractères.

« Le premier chapitre donne bien le ton du livre, car l’auteure y examine comment les polices conçues par ordinateur peuvent être utilisées pour aider les gens à lire », explique-t-il.

Conceptrice de polices de caractères, Eleni Beveratou examine les effets des polices sur les personnes malvoyantes. Comme les lecteurs acquièrent des habitudes et adoptent des modes de reconnaissance des caractères tôt dans leur vie, il leur est difficile de s’adapter à la perte d’acuité visuelle qui va de pair avec la vieillesse.

Malgré l’utilité des documents à gros caractères, certains aspects facilitant la lisibilité et l’intelligibilité, comme l’espacement, l’empattement et la force de corps, sont souvent négligés. Eleni Beveratou en conclut donc que les personnes malvoyantes ont besoin d’une police de caractères conçue spécialement pour être utilisée avec les gros caractères. Il n’est pas suffisant de simplement grossir les caractères d’un livre écrit en Garamond ou en Times New Roman.

Un avenir radieux pour la lecture

« Les 14 chapitres étayent l’idée centrale du livre, à savoir que la conception de bonnes polices de caractères facilitera grandement la lecture aux êtres humains, mais aussi aux ordinateurs, affirme Ching Suen, également directeur du Centre d’études en reconnaissance des formes et en intelligence artificielle de l’Université Concordia. En outre, le livre explique comment nous avons appris aux ordinateurs à lire des textes et des données imprimés ou écrits à la main. »

Le chercheur espère que son livre permettra au public de prendre conscience de l’importance d’imprimer à l’aide de bonnes polices de caractères, car cela facilite la lecture, est moins fatigant pour les yeux et a pour effet de contrer la myopie. Cette anomalie de la vision est malheureusement en hausse de nos jours dans les écoles primaires, en raison de l’essor de la lecture à l’écran.

Toutefois, Ching Suen voit le futur avec optimisme. « Je crois que, dans 50 ans, les utilisateurs d’ordinateur disposeront de jeux de polices de caractères numériques dans lesquelles ils pourront choisir d’imprimer, ainsi que d’informations sur leur lisibilité, leur valeur artistique et leurs possibles effets psychologiques, avance-t-il. Lire sera alors beaucoup plus facile – pour les ordinateurs comme pour les humains. »

 

Apprenez-en davantage sur la recherche au Centre d’études en reconnaissance des formes et en intelligence artificielle.



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