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L’identité de genre, enjeu clé de notre époque

Invitation au public à assister à un colloque multidisciplinaire sur le féminisme, la masculinité et le développement humain, le 16 octobre prochain
9 octobre 2015
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Par Tracey Lindeman



Que signifie le fait de se sentir atypique – de ne pas entrer dans le moule, d’être un homme à l’intérieur du corps d’une femme, de préférer G. I. Joe à Barbie quand on est une fille?

« Les questions de genre sont sur toutes les lèvres aujourd’hui », lance William Bukowski, professeur au Département de psychologie de l’Université Concordia et directeur du Centre de recherche en développement humain.

Le Pr Bukowski a pu constater de visu la vitesse à laquelle la conversation entourant l’identité de genre s’est accélérée, passant du statut de sujet marginal à celui de question du jour. Il a d’ailleurs entrepris d’organiser un colloque qui aura lieu à Concordia le 16 octobre prochain et qui rassemblera treize de ses contemporains nord-américains – dont des universitaires, des sociologues, des psychologues et des médecins –, pour discuter de genre, de normalité et de développement humain.

Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin… Il suffit de fréquenter Twitter pour constater le virage public qu’a pris la notion de genre au cours des dernières années.

Caitlyn Jenner et Laverne Cox, deux femmes transgenres, ont fait la couverture des magazines. Beyoncé et Kim Kardashian se sont autoproclamées féministes. La Cour suprême des États-Unis s’est prononcée en faveur du mariage gai. En outre, sur les médias sociaux, on assiste au déroulement d’une conversation très complexe sur la culture du viol.

« Pour un sociologue spécialiste du genre, c’est une époque formidable », affirme Marc Lafrance, professeur agrégé au Département de sociologie et d’anthropologie de Concordia, qui prendra la parole à l’occasion du colloque. Il se penchera sur la nécessité de revoir notre définition collective de la masculinité et de repenser ce que signifie pour nous le fait d’être un garçon ou un homme.

Le Pr Lafrance souligne que la masculinité est rigoureusement réglementée et surveillée dans notre culture. Montrer sa vulnérabilité, prendre soin des enfants, exprimer le désir de communiquer… Ce sont des qualités ou des gestes qui ne sont pas nécessairement considérés comme masculins. « Nous devons élargir l’éventail des possibilités offertes aux garçons et aux hommes sur le plan personnel et comportemental. »

Pour certains, parler des hommes dans le cadre d’un colloque sur le genre et l’anormalité peut paraître étrange – après tout, l’homme a toujours été le sexe dominant. Toutefois, selon le Pr Lafrance, réagir défavorablement aux conversations publiques sur la masculinité par crainte de pousser le féminisme hors de la scène est « un jeu où il n’y a aucun gagnant ».

« Jusqu’à maintenant, les recherches sur le genre ont surtout porté sur les femmes et leurs identités, et ce, pour de bonnes raisons, ajoute-t-il. Aujourd’hui, toutefois, la plupart des chercheurs s’entendent pour dire qu’il est primordial d’intégrer les hommes dans la conversation. »


Selon Emer O’Toole, professeure adjointe à l’École des études canado-irlandaises de Concordia, les conversations publiques à propos du féminisme, du genre et de la sexualité sont fascinantes et extrêmement stimulantes, même si elles suscitent parfois l’exaspération.

« Si l’on assiste à tant de débats enflammés, c’est que ces questions préoccupent beaucoup les gens », explique-t-elle.

À l’occasion du colloque, la Pre O’Toole discutera de la représentation du féminisme et du genre dans la conscience collective.

De plus en plus, le genre devient une question de performance, précise-t-elle – il s’apprend par des gestes maintes fois répétés et ne découle pas simplement d’un sexe assigné ou assumé.

« Il y a en place un système qui nous récompense lorsque nous faisons honneur à notre sexe et que nous en suivons correctement les codes, et qui nous punit lorsque nous ne le faisons pas », poursuit la Pre O’Toole.

« Plus vous êtes bombardés par les valeurs dites normales des rôles sexuels, plus les chances sont grandes que vous vous y conformiez », ajoute le Pr Bukowski.
 

« Féminisme » est-il encore un vilain mot?

La Pre O’Toole est rassurée par la conscience grandissante, voire la sensibilité qu’elle observe à l’égard du féminisme, même si les gens n’en comprennent pas toutes les facettes.

« Il y a cinq ans, si j’étais entrée dans une salle de classe et que j’avais demandé aux étudiants “Qui est féministe?”, deux personnes auraient levé la main, affirme-t-elle. Aujourd’hui, ce serait la moitié de la classe. »

D’après la Pre O’Toole, les forums de discussion en ligne sur le féminisme – dans un monde constitué de communautés socioculturelles distinctes – ont donné aux femmes de tous les horizons politiques un point de rencontre là où il n’y avait rien auparavant. Il reste que le fait de parler ouvertement des femmes et de questions qui leur sont propres suscite encore aujourd’hui une attitude défensive évidente chez les gens qui se méfient des motifs du féminisme.

« En tant que femmes, nous sommes étroitement liées à l’oppresseur.

Les hommes sont les êtres que nous aimons, de qui nous naissons et avec qui nous avons des enfants. Les liens sont intimes. Alors, si les hommes ne voient pas les complications, ils ne voient rien du tout », conclut‑elle.

 

Le colloque Gender, Typicality and Development: A Multidisciplinary Conference and Webinar (« genre, normalité et développement : colloque et webinaire multidisciplinaires ») est ouvert au public. Entrée libre. Date et heures : 16 octobre 2015, 9 h – 16 h 30; lieu : campus Loyola – Centre des congrès des Jésuites de Loyola, 7141, rue Sherbrooke Ouest, Montréal.

Pour en savoir plus sur les activités de la Faculté des arts et des sciences, consultez le calendrier complet.

 



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