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Communiqué de presse

Pourquoi l’interaction critique avec le handicap est-elle absente des universités?

Les 4 et 5 mai, un groupe novateur de l’Université Concordia sera l’hôte d’un symposium qui remettra en question les hypothèses capacitistes

Giuliana Cucinelli et Owen Chapman du « Critical Disability Studies Working Group » Giuliana Cucinelli et Owen Chapman du « Critical Disability Studies Working Group »

Montréal, le 29 mars 2016 – Classe, culture, ethnicité, sexe, sexualité : ce sont là des sujets bien connus dans le discours sociologique, la littérature, les communications, l’histoire et les sciences politiques. Mais il y en a un qui brille par son absence : le handicap.

« Le manque d’études sur les handicaps dans les discussions universitaires et dans la recherche reflète l’attitude de la société en général à ce propos », déclare Owen Chapman, professeur agrégé au Département de communication et président du groupe de travail sur les études critiques du handicap (« Critical Disability Studies Working Group »; CDSWG). Ce collectif loge au nouvel institut artistique, culturel et technologique Milieux de l’Université Concordia.

« Nous travaillons à changer les choses. »

Les 4 et 5 mai 2016, le CDSWG tiendra un symposium intitulé « Invitation aux mouvements : Émergence des perspectives et pratiques handicapées et sourdes ».

Le CDSWG se compose d’une équipe interdisciplinaire de chercheurs et de chercheuses. Celle-ci s’attache à démontrer que les hypothèses capacitistes sur le corps, la cognition et la perception restreignent la compréhension de ce que signifie le fait d’être humain.

Le groupe s’est formé en septembre 2014 pour combler un besoin ressenti à l’échelle de la province. Il s’est alors donné un objectif simple : faire passer le discours sur les handicaps d’une perspective fondée sur la médecine et la réadaptation à un point de vue critique.

« Il n’existe aucun programme d’études officiel sur les handicaps au Québec », précise Laurence Parent, candidate au doctorat en lettres et sciences humaines et membre du CDSWG.

« C’est d’ailleurs notre raison d’être, poursuit‑elle. Nous ne savions pas où situer les personnes qui se penchent sur ces questions; nous leur avons donc créé un endroit bien à elles. Nous voulions souligner le fait que les incapacités vont au-delà de la réadaptation; elles concernent les relations sociales. »

Selon Mme Parent, dans le monde universitaire, de nombreuses raisons expliquent l’absence d’interaction critique avec les personnes présentant un handicap.

« Entre autres, les universités ne sont pas toujours accessibles pour ces personnes. C’est vrai du point de vue de l’aménagement physique, bien sûr, mais aussi en ce qui a trait aux apprentissages », explique-t-elle.

« L’accès même à l’instruction est un défi. S’y ajoute une conception capacitiste de ce qui est valorisé en tant que savoir et de ce qui est considéré comme une publication. Pour les personnes handicapées, il est très difficile de participer à la vie universitaire autrement que comme sujets d’études médicales. »

Pour trouver des façons de contrer ces attitudes, le groupe a commencé à se réunir chaque mois. Il a vite connu son premier succès avec la projection du film When I Walk (« quand je marche »), de Jason DaSilva. Selon le Pr Chapman, cet événement a été un catalyseur pour le CDSWG.

Il rappelle que « l’organisation de l’événement et la collaboration avec divers départements et services de l’Université ont marqué un tournant. En effet, nous avons pu exposer de façon coordonnée les différentes considérations dont il faut tenir compte en présence de personnes handicapées. »

Dans sa deuxième année d’existence, le groupe continue de croître, en partie grâce à sa participation élargie au CDSWG. Celui-ci dispose maintenant de son propre local à l’Université, espace où les érudits discutent et collaborent.

Un nouveau membre du groupe, Danielle Peers, détient une bourse postdoctorale Banting en communication et se spécialise dans les études critiques du handicap. Si son choix s’est fixé sur Concordia pour effectuer sa recherche, c’est que, selon elle, l’Université produit certaines des avancées les plus emballantes dans le domaine.

« Le leadership du groupe provient en grande partie d’étudiants et d’étudiantes de deuxième et de troisième cycles tels que Laurence. Ils sont également des activistes locaux, à la fois théoriciens et praticiens. Il en résulte une recherche sur les handicaps profondément enracinée, fondée sur la collectivité, créatrice et génératrice », dit Danielle Peers.

« Je sentais que ce groupe avait beaucoup à m’enseigner sur ces nouvelles et attrayantes méthodes, théories et pratiques qui permettent aux chercheurs de travailler au sein des collectivités locales et en collaboration avec elles, afin de concevoir des changements signifiants et de les mettre en œuvre. »

Le Pr Chapman espère que l’intérêt accru pour le groupe permettra de placer le CDSWG à l’avant-plan des études critiques du handicap au Québec, voire au Canada. Il compte notamment fournir aux universitaires spécialistes du domaine un terreau fertile pour diversifier leurs travaux. Il veut aussi institutionnaliser la pratique du point de vue pédagogique.

« Le groupe compte plus de 40 membres provenant de tous les secteurs de l’Université, ajoute M. Chapman. En outre, un nombre croissant de chercheurs d’autres établissements se joignent à nous. De même, des personnes qui ne sont pas nécessairement attachées à une université, mais qui sont très actives dans la collectivité, s’associent avec nous. »

Le symposium à venir invite les intervenants critiques de divers mouvements de justice sociale, dont ceux qui s’occupent de handicaps, de surdité et de neurodiversité, à discuter d’idées liées à l’incapacité, à l’art et au mouvement. La projection du documentaire Invitation to Dance (« invitation à danser »), de Simi Linton, servira de point de départ. Le symposium est gratuit et ouvert au public.

Partenaires de recherche : Le groupe de travail sur les études critiques du handicap (« Critical Disability Studies Working Group »; CDSWG) de l’Université Concordia fait partie du pôle de recherche sur les communautés et les mobilités différentielles, associé à Milieux.

Passez à l’action : Assistez gratuitement au symposium du groupe de travail sur les études critiques du handicap. Intitulé « Invitation aux mouvements : Émergence des perspectives et pratiques handicapées et sourdes », il se déroulera les 4 et 5 mai à Concordia.


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