Skip to main content

L’Expo 67 : bien plus qu’un souvenir

 

Plus de quarante ans se sont écoulés, mais pour les visiteurs de l’Expo 67 à Montréal, le souvenir demeure bien vivant. Événement sans précédent, l’exposition universelle a captivé l’attention du monde entier grâce à ses présentations et son architecture novatrices, devenues par la suite symboles de l’identité nationale et synonymes d’optimisme.

« Montréal était le laboratoire de tout ce qui était passionnant et moderne », affirme Rhona Richman Kenneally, du Département de design et d’arts numériques de Concordia. Sa recherche sur le rôle durable de l’Expo 67 en tant 
que pierre de touche culturelle a d’ailleurs fait la manchette.

S’il ne reste pratiquement rien des édifices, incarnations de styles et de modes architecturaux de pointe, les cartes postales, photos et autres témoins éphémères de l’Expo 67 continuent pour leur part de trouver preneurs sur eBay et de susciter l’intérêt sur un nombre étonnant de blogues.

L’ouvrage Expo 67: Not Just a Souvenir (L’Expo 67 : bien plus qu’un souvenir) est un recueil de réflexions sur le contexte et l’héritage de l’été où le monde entier avait les yeux rivés sur Montréal. Le livre est codirigé par Rhona Richman Kenneally et Johanne Sloan, toutes deux affiliées à la Faculté des beaux-arts de Concordia. Il comprend des communications initialement présentées lors d’une conférence qu’elles avaient organisée au Centre Canadien d’Architecture, parallèlement à une exposition intitulée Les années 60 : Montréal voit grand.

Les essais qui figurent dans l’ouvrage illustrent les contradictions et les convergences qui caractérisaient Montréal en 1967. Ainsi, Montréal est devenue une métropole cosmopolite au moment même où le Québec vivait sa révolution tranquille et où le Canada célébrait le 100e anniversaire de la Confédération.

Expo 67: Not Just a Souvenir « est le fruit du travail d’historiens de l’art, d’architectes, de sociologues et de spécialistes en communication, et fait appel à un large éventail de domaines d’expertise, explique Mme Richman Kenneally. En tant que chercheuse, avec le recul, je trouve l’approche interdisciplinaire vraiment intéressante… Cet aspect est renforcé par l’Université Concordia, puisque l’interdisciplinarité constitue l’une de ses priorités. »

Écoutez le balado

En conversation – Au-delà des manchettes

 

Durant l’été où le Canada commémorait son centenaire, l’Expo 67 proposait une célébration grandiose de l’art, de l’architecture, de la technologie et de l’identité culturelle.

Le site, où se dressaient des pavillons représentant plus de 60 pays, était la scène d’une foule de concerts, de spectacles et d’activités. Avec ses 50 millions de visites en six mois, cette exposition universelle est celle qui a connu le plus grand succès de tous les temps. L’engouement a duré plusieurs années avec Terre des hommes, une exposition où l’on retrouvait de nombreux pavillons d’origine et de nouvelles attractions.

Rhona Richman Kenneally a invité la cinéaste Germaine Ying-Gee Wong, qui a travaillé comme hôtesse à ces expositions, afin de se remémorer la fébrilité et l’enthousiasme suscités par ces événements. Les deux femmes ont partagé leurs souvenirs et décrit l’impact de l’Expo 67 sur leur vie et leur ville.

Le raffinement culturel

Les hôtesses qui travaillaient sur le site de l’Expo 67 devaient incarner un idéal culturel. Les talents linguistiques de Mme Wong l’ont aidée à s’assurer une position enviable. Son expérience d’adolescente ne correspondait toutefois pas nécessairement à cette image cosmopolite.

G.W. : Avant l’Expo, je n’avais pas rencontré beaucoup de personnes de cultures différentes, car j’avais grandi à Verdun.

Les résidents de Verdun appartenaient à la classe ouvrière et étaient pour la plupart de race blanche. Autrement dit, j’étais la seule Asiatique. Il y avait une jeune fille de race noire et une autre d’origine italienne, ce qui à l’époque était très exotique. Du jour au lendemain, j’ai fait connaissance avec des gens de Trinité-et-Tobago, de la Russie et des quatre coins du monde.

R.R. : Je n’avais que dix ans, mais les hôtesses me paraissaient extraordinaires… Aux yeux des gens, ces femmes devaient exprimer le prestige et le raffinement, car elles incarnaient le rêve, la vision et toutes les aspirations de l’Expo.

La quête d’une identité canadienne

L’Expo 67 a coïncidé avec le moment où les Canadiens cherchaient un terrain d’entente pour leurs collectivités nordiques, rurales, côtières et urbaines, et tentaient de définir la relation de leur pays avec le reste du monde.

R.R. : Le plus intéressant, c’est que le bilinguisme et le biculturalisme n’ont pas tardé à se transformer en multilinguisme et en multiculturalisme dans le contexte canadien… L’Expo n’a été que l’un des nombreux stimuli qui nous ont permis de nous voir comme un tout capable de devenir une collectivité canadienne.

G.W. : Pour ce qui est de l’identité canadienne, j’ignore si j’ai déjà eu conscience d’une quête de mon identité. Je représentais le Canada, mais je n’ai pas vraiment le sentiment d’avoir été une représentante du Canada.

Un souvenir impérissable

R.R. : Personne n’avait prévu que certains pavillons, que l’on avait toujours jugés temporaires, allaient demeurer. C’est ainsi que le pavillon de la France est devenu le Casino de Montréal et que le dôme géodésique – le pavillon des États-Unis – s’est prêté à différents usages.

La semaine dernière, en attendant mon vol de retour à l’aéroport de Chicago, je regardais les affichages électroniques qui indiquent la destination des avions. Devinez quelle image représentait Montréal... Le dôme géodésique.

Un moment qui a changé ma vie

G.W. : Avant l’Expo, je faisais des études de langues modernes. Après, je me suis dit « au diable tout ça ». Je m’étais en effet rendu compte du nombre incroyable de formes d’expression, d’histoires et de réalités, et l’Expo m’avait montré comment tout est interrelié... Je suis donc passée des langues modernes aux arts de la communication.

R.R. : [L’expérience se poursuit avec] ce qui vous reste par la suite, ce que vous conservez, que ce soit grâce à la mémoire… ou aux différents souvenirs que vous rapportez et qui viennent alimenter les récits de famille...

La personnalisation de l’histoire, de l’expérience de l’Expo et de Terre des hommes a pris bien des formes dans nos souvenirs, nos propres histoires et nos récits futurs.

Rhona Richman-Kenneally

Rhona RICHMAN KENNEALLY

Rhona Richman Kenneally vient de terminer son mandat de directrice du Département de design et d’arts numériques à Concordia. Elle met à profit son expérience de chercheuse en littérature anglaise et en histoire ainsi que d’architecte dans le cadre du programme de design de Concordia. Son parcours universitaire éclectique l’incite à adopter une approche interdisciplinaire dans chaque projet qu’elle entreprend.

Elle s’intéresse actuellement au rôle social et culturel de la nourriture au Canada et en Irlande. Ses travaux reçoivent d’ailleurs l’appui du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

En 2011, en tant que Fellow de l’École des études canado-irlandaises de Concordia, elle a été coorganisatrice du premier congrès de l’Association canadienne d’études irlandaises visant à favoriser la recherche sur les cultures visuelles, matérielles et spatiales. Mme Richman Kenneally collabore également avec une équipe de chercheurs qui étudie la mémoire et l’identité en Irlande et au Québec. Elle est en outre rédactrice en chef de la Revue canadienne d’études irlandaises / Canadian Journal of Irish Studies et donne des cours sur la culture matérielle irlandaise.

Germaine Ying-Gee Wong

Germaine YING-GEE WONG

La carrière remarquable de Germaine Ying-Gee Wong à l’Office national du film du Canada couvre trois décennies. Titulaire d’un baccalauréat de Concordia, Mme Wong figure au générique de nombreux documentaires et longs métrages.

Elle a d’ailleurs produit plusieurs films encensés par la critique et primés, y compris Sur le Yangzi, gagnant du Génie du meilleur documentaire, et Atanarjuat : la légende de l’homme rapide, lauréat de la Caméra d’or au Festival de Cannes en 2001.

En 2006, elle a produit The Point, une fiction alternative dont les scénaristes et les acteurs étaient des adolescents à risque invités à créer leur propre film. Mme Wong a reçu une nomination aux Génie pour L’héritage de Monsieur Mergler en 2004 et pour RiP : remix manifesto en 2007.

Retour en haut de page

© Université Concordia