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Les villes viables nécessitent un aménagement réfléchi des espaces publics

Les parcs, jardins et autres espaces verts des villes peuvent offrir de nombreux avantages et possibilités aux citadins : interactions sociales, sécurité alimentaire, régulation de la température, voire expression politique et artistique.


Silvano De la Llata Le professeur adjoint de l’Université Concordia Silvano De la Llata estime que les citoyens doivent participer activement à l’aménagement et à la conception de la ville où ils habitent.

Pour Silvano De la Llata, les espaces publics sont bien plus que des endroits que nous traversons pour nous rendre d’un point A à un point B.

« Les espaces publics forment l’essence des villes, explique ce professeur adjoint du Département de géographie, urbanisme et environnement de Concordia. [C’est] là que d’inlassables énergies se rencontrent, s’affrontent, se combinent, fusionnent et se transforment. »

Selon le professeur De la Llata, la planification urbaine a trop longtemps négligé l’aménagement réfléchi des espaces publics, source de nombreuses occasions ratées. Même les parcs et places de petite taille peuvent rendre les villes plus dynamiques en favorisant les rencontres et l’expression artistique et politique. Pour lui, il s’agit d’un aspect important de la vie publique dans les sociétés démocratiques.

« La durabilité urbaine ne consiste pas seulement à créer plus d’espaces verts, mais aussi à ouvrir le processus de planification à tous les citoyens et citoyennes, affirme-t-il. Ceux-ci doivent participer activement à la conception de leur ville. Les aspects politiques, économiques, sociaux et environnementaux de la durabilité sont intrinsèquement liés. »

Silvano De la Llata fait partie d’un groupe de chercheurs de l’Université Concordia qui élaborent une vision novatrice de l’urbanisme. Ils s’intéressent entre autres au rôle des arbres dans l’atténuation des effets des changements climatiques en milieu urbain de même qu’à l’évolution constante des espaces publics, semblable à celle des organismes vivants.

Un bon exemple : Les Jardins Gamelin, espace de 400 mètres carrés situé à la place Émile-Gamelin, au centre-ville de Montréal – un coin de paradis verdoyant au beau milieu d’une jungle de béton.

Les Jardins Gamelin sont plus qu’un espace vert, selon Charleen Kotiuga, coordonnatrice agriculture urbaine de l’organisme sans but lucratif montréalais Sentier Urbain, qui aide à gérer le parc. Ce lieu remplit plusieurs rôles, dont celui de rassembler des communautés diverses afin qu’elles profitent ensemble de sa beauté et des ressources qui y sont offertes, explique-t-elle.

« Et vu la forte population de sans-abri dans le parc, le fait d’y entretenir un potager aide à assurer la sécurité alimentaire de la communauté », ajoute Charleen Kotiuga.

Les Jardins Gamelin sont le genre d’endroit qui intéresse vivement Silvano De la Llata. En effet, un volet important de ses recherches consiste à examiner comment les communautés réimaginent les espaces publics. Dans un de ses projets actuels, il travaille avec des citoyens et des intervenants à la coconception d’espaces publics à Montréal. Jetant des ponts entre recherche, conception et pédagogie, Cities by Citizens – le collectif de recherche qu’il coordonne – explore le rôle des espaces publics et de la participation citoyenne dans la durabilité urbaine. Les espaces publics sont à la fois le moyen et la finalité des villes ouvertes et durables, avance-t-il.

Carly Ziter La professeure de Concordia Carly Ziter à une activité tenue en novembre où 185 nouveaux arbres ont été plantés sur le campus de l’Université.

Carly Ziter est membre de l’équipe de la Chaire d’excellence en recherche du Canada (CERC) sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes, qui collabore avec plus de 75 membres du corps professoral de toute l’Université menant des recherches axées sur les villes.  Elle note que ces programmes présentent également des avantages sur le plan environnemental, dont celui d’atténuer les effets d’une planète en surchauffe.

Selon Mme Ziter, spécialiste en écologie urbaine et professeure au Département de biologie, ses travaux de recherche examinent « comment les divers éléments de verdure de la ville – parcs, arbres, arrière-cours et parcelles de forêt – favorisent la biodiversité et procurent des bienfaits à la population ». Elle s’intéresse à la façon dont la reconception de la ville vise à rendre l’espace public non seulement plus accueillant et utile, mais aussi plus durable.

« Une de nos études, par exemple, analysait dans quelle mesure nous pouvons abaisser la température en plantant des arbres, et où les arbres sont le plus bénéfiques », explique-t-elle.

Dans le cadre d’une étude menée à Madison, au Wisconsin, son équipe de recherche a mesuré les températures des quartiers de la ville. Elle a découvert que les zones comptant plus de 40 pour cent de couvert arborescent avaient connu des réductions de température significatives pendant l’été.

les citoyens Les recherches montrent que des espaces verts adéquatement aménagés dans les villes peuvent procurer des effets bénéfiques sur le plan social et environnemental.

Ces travaux montrent comment les arbres réduisent l’impact des vagues de chaleur sur le béton, l’acier et le verre, soutient Carly Ziter.

« Nous savons depuis des décennies que les villes forment des îlots de chaleur au sein de régions rurales plus fraîches », indique-t-elle. Mais ses recherches révèlent que ces îlots sont comme des « archipels de chaleur », la température y étant plus élevée dans certaines zones que d’autres. Les quartiers à fort couvert arborescent sont les moins touchés, la température mesurée pouvant y être jusqu’à cinq degrés Celsius plus basse qu’ailleurs.

Les recherches de ce type s’avèrent fondamentales pour nombre d’initiatives locales comme le projet ILEAU (Interventions locales en environnement et aménagement urbain), qui sollicite la participation des résidents à ses efforts pour planter plus d’arbres et préserver des espaces verts dans l’est de Montréal.

Le chargé de projets Nilson Zepeda travaille au Conseil régional de l’environnement de Montréal, qui dirige ILEAU. Il explique qu’il existe une disparité entre en matière d’espaces verts entre l’est et l’ouest de l’île de Montréal. Cette différence a des répercussions sur les citoyens.

« L’espérance de vie, par exemple, est d’environ sept à dix ans plus courte dans l’est, affirme-t-il. Bien que nombre de facteurs socioéconomiques entrent en jeu, la forte industrialisation de l’est de l’île et le peu d’espaces verts sont des aspects clés. »

Silvano De la Llata Silvano De la Llata animant un atelier intitulé Open Urbanisms: Re-thinking public spaces (« urbanismes ouverts : repenser les espaces publics »), où les participants étaient chargés de reconcevoir un parc de Montréal.

Cependant, Silvano De la Llata prévient que les urbanistes doivent faire bien plus qu’incorporer quelques arbres dans une place par ailleurs en béton. Ils doivent voir l’aménagement des espaces verts comme un processus de cocréation, explique-t-il.

Les résidents peuvent apporter leur contribution. « Essayez de tondre votre gazon un peu moins souvent pour y laisser pousser des fleurs comme le trèfle, qui peuvent favoriser les pollinisateurs indigènes et d’autres formes de biodiversité, ajoute Carly Ziter. Ou alors, laissez les feuilles sur la pelouse à l’automne afin de créer un habitat pour des insectes bénéfiques. »

De petits gestes comme ceux-ci peuvent avoir un effet cumulatif, soutient-elle.

« Il s’agit de comprendre qu’ensemble, nous pouvons améliorer l’habitat, la diversité et le bien-être, conclut-elle. Il peut suffire de ne plus aspirer à obtenir ce qu’on considère souvent comme le jardin parfait, tout simplement. »

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