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Les programmes de prévention du suicide doivent s’adapter aux réalités locales, selon une nouvelle étude de Concordia

Patti Ranahan révèle que de nombreuses communautés ne sont pas toujours prêtes à aborder de front un sujet pressant, mais difficile
14 janvier 2020
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L’étude a donné aux chercheuses une nouvelle perspective sur le fonctionnement des programmes de prévention du suicide, au-delà des conseils d’administration et des grandes villes.
L’étude a donné aux chercheuses une nouvelle perspective sur le fonctionnement des programmes de prévention du suicide, au-delà des conseils d’administration et des grandes villes.

Permettre aux citoyens ordinaires de reconnaître les personnes qui manifestent un comportement suicidaire et de leur répondre constitue un outil crucial pour la prévention du suicide.

Une méthode utilisée dans ce domaine est la formation de sentinelles. Donnée dans le cadre d’ateliers pouvant durer de quelques heures à deux jours, celle-ci apprend aux participants – généralement des résidents d’une localité – comment reconnaître une personne en détresse, lui répondre et l’orienter vers un fournisseur de soins de santé mentale.

Une nouvelle étude indique toutefois que les différences régionales et communautaires ont une incidence majeure sur l’efficacité et le taux de participation de telles initiatives.

Ce rapport, corédigé par Patti Ranahan, professeure agrégée de sciences humaines appliquées à l’Université Concordia, et par Jennifer White, professeure de soins à l’enfance et à la jeunesse à l’Université de Victoria, a paru dans le Journal of Ethnographic and Qualitative Research.

Les chercheuses ont examiné un programme d’une durée de trois ans et d’un budget de trois millions de dollars qui visait à offrir une formation de sentinelles à des milliers de résidents de la Colombie-Britannique. Lancée en 2015, leur étude était financée par la division de la Colombie-Britannique de l’Association canadienne pour la santé mentale.

Pas de programme universel

Comme l’explique Patti Ranahan, la recherche sur la formation de sentinelles s’attache souvent à mesurer les changements d’attitude ou l’augmentation des connaissances après la formation. Or, sa collègue et elle espéraient plutôt élargir les efforts actuels pour déterminer comment les ateliers s’adaptent aux communautés et à leurs contextes uniques.

« Nous nous sommes penchées sur le développement de la relation entre formateurs et participants dans divers espaces et géographies de la province ainsi que sur l’évolution des engagements initiaux au cours des trois années du programme », précise-t-elle.

Les chercheuses ont divisé leur étude en trois phases. Dans le cadre de la première, elles ont interviewé les principaux décideurs et leaders régionaux qui mettaient sur pied les initiatives à l’échelle provinciale. La deuxième phase consistait en des observations sur le terrain, tandis que la troisième était consacrée à une observation des ateliers de même qu’à des entretiens avec les participants et les formateurs.

« Nous avons constaté que les leaders du projet s’attendaient à ce que les formations soient bondées, mais cela ne s’est pas produit, relate la Pre Ranahan. Ils devaient annuler des formations parce que personne ne s’y présentait. Il était très difficile de recruter des participants dans le programme de formation de sentinelles pour la prévention du suicide. »

Elle ajoute que cela était particulièrement le cas dans les petites villes et les communautés rurales.

« Même si les ateliers n’étaient pas conçus pour servir de lieux de partage de récits personnels, le manque d’anonymat était considéré comme un obstacle à la participation », explique-t-elle. Dans une petite ville ou un village, « tout le monde est au courant de vos affaires. »

« Le suicide n’a rien à faire de la logique »

En conséquence, Patti Ranahan a vu des leaders délaisser la formation pour se concentrer davantage sur la préparation des communautés en favorisant la sensibilisation, la conversation et la création de liens.

Des organisateurs ont ainsi mis sur pied diverses activités pour préparer les citoyens à une discussion sur le suicide. Ils ont élaboré de nombreux modes d’engagement, comme des marches de lanternes et d’autres événements publics. Ceux-ci avaient toujours pour thème la prévention du suicide, et les participants étaient invités à se joindre aux séances de formation de sentinelles.

London Drugs, une grande chaîne de pharmacies, a en outre appuyé la production de matériel promotionnel comme des vidéos et des affiches. « Ces ressources ont souligné le fait qu’il revient à chacun d’apporter son aide, affirme la Pre Ranahan. Le message était qu’on peut tous sauver une vie. »

L’étude a donné aux chercheuses une nouvelle perspective sur le fonctionnement des programmes de prévention du suicide, au-delà des conseils d’administration et des grandes villes.

« Lorsque de telles initiatives sont déployées, elles sont impeccables, soignées, logiques et ainsi de suite, soutient Patti Ranahan, mais les choses ne se déroulent pas nécessairement de la même manière sur le terrain. Le suicide n’a rien à faire de la logique. »

La chercheuse entend continuer d’examiner la pertinence de ces programmes, mais dans un contexte plus étroit. Elle prévoit faire un suivi des initiatives mises en œuvre dans une région rurale en particulier afin d’évaluer leur dynamisme une fois le programme provincial de prévention du suicide terminé.


Vous avez besoin d’aide, renseignez-vous sur les services de santé mentale offerts à l’Université Concordia.

Consultez l’étude citée : Creating Suicide-Safer Communities in British Columbia: A Focused Ethnography.



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