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La colère est plus nuisible à la santé des personnes âgées que la tristesse, d’après une nouvelle étude

Une doctorante de Concordia met en lumière le lien entre cette émotion et une hausse de l’inflammation et des malades chroniques
9 mai 2019
Meaghan A. Barlow : « La colère devient problématique à partir de 80 ans, car c’est là que beaucoup vivent des pertes irréversibles. »
Meaghan A. Barlow : « La colère devient problématique à partir de 80 ans, car c’est là que beaucoup vivent des pertes irréversibles. »

La colère pourrait être plus nuisible à la santé physique des personnes âgées que la tristesse, d’après une nouvelle étude publiée par des chercheurs de l’Université Concordia. Et si cette colère accroît l’inflammation, elle peut entraîner des maladies chroniques comme la cardiopathie, l’arthrite et le cancer.

« En vieillissant, la plupart des gens ne peuvent tout simplement plus faire les mêmes activités qu’auparavant. Ils vivent aussi parfois la perte d’un conjoint ou un déclin de mobilité. Tous ces facteurs peuvent les mettre en colère », affirme la doctorante Meaghan A. Barlow, auteure principale de l’étude publiée dans la revue Psychology and Aging de l’American Psychological Association.

« Or, nos travaux montrent que la colère peut mener à l’apparition de maladies chroniques, ce qui n’est pas le cas de la tristesse. »

Meaghan A. Barlow et ses coauteurs voulaient savoir si la colère et la tristesse contribuent à l’inflammation, cette réponse immunitaire de l’organisme à des menaces perçues, comme une infection ou des lésions aux tissus. Si l’inflammation aide en général à protéger le corps et à guérir, une inflammation prolongée peut causer des maladies chroniques chez les personnes âgées, selon les auteurs.

Les chercheurs ont recueilli et analysé des données sur 226 sujets montréalais âgés de 59 à 93 ans, qu’ils ont divisés en deux catégories : de 59 à 79 ans, soit le début de vieillesse, et 80 ans et plus, soit la vieillesse avancée.

Durant une semaine, les participants ont rempli de brefs questionnaires sur leur degré de colère ou de tristesse. Les auteurs ont parallèlement dosé des facteurs d’inflammation dans des échantillons de sang prélevés chez les sujets, et demandé à ces derniers s’ils souffraient de maladies chroniques liées à leur âge.

« Nous avons découvert que le fait de ressentir chaque jour de la colère était corrélé avec un plus haut degré d’inflammation et une plus forte présence de maladies chroniques chez les personnes de plus de 80 ans, mais pas chez les personnes en début de vieillesse », expose le coauteur de l’étude Carsten Wrosch, professeur de psychologie à la Faculté des arts et des sciences de Concordia.

« Nous n’avons en revanche établi aucun lien entre la tristesse et l’inflammation ou les maladies chroniques. »

La doctorante Meaghan A. Barlow La doctorante Meaghan A. Barlow

Acquérir des mécanismes d’adaptation

« La tristesse peut aider les personnes d’âge avancé à s’adapter à des défis tels que les déclins physique ou cognitif liés à la vieillesse, car elle peut les aider à se libérer d’objectifs qui ne sont plus réalisables », souligne Meaghan A. Barlow.

L’étude a par ailleurs montré que toutes les émotions négatives ne sont pas mauvaises par nature, et peuvent au contraire être bénéfiques dans certaines circonstances.

« La colère est une émotion énergisante qui peut motiver à poursuivre des objectifs de vie », soutient Mme Barlow.

« Les personnes en début de vieillesse peuvent utiliser cette colère pour surmonter les problèmes de la vie et les pertes qui surviennent avec l’âge, et ainsi rester en meilleure santé. La colère devient toutefois problématique à partir de 80 ans, car c’est là que beaucoup vivent des pertes irréversibles et réalisent que certains plaisirs de la vie deviennent inatteignables. »

Les auteurs avancent donc que l’éducation et la thérapie pourraient aider les personnes d’âge avancé à atténuer leur colère en les aidant à maîtriser leurs émotions ou à acquérir de meilleures stratégies d’adaptation afin de gérer les changements inévitables qui accompagnent le vieillissement.

« Si nous comprenons mieux quelles émotions négatives sont néfastes, inoffensives ou encore bénéfiques pour les personnes d’âge avancé, nous pourrons leur montrer comment faire face aux pertes de façon saine, conclut Meaghan A. Barlow. Cela pourrait les aider à se débarrasser de leur colère. »


Consultez l’article cité :
Is Anger, but Not Sadness, Associated With Chronic Inflammation and Illness in Older Adulthood?

 

 



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