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Rendre Toronto plus accueillante pour les aînés constitue un défi de métropole, selon une nouvelle étude

La chercheuse de Concordia Meghan Joy estime que les politiques municipales touchant les populations vieillissantes laissent souvent à désirer
22 janvier 2019
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Meghan Joy : « Nous devrions revoir notre façon de penser au sujet des aînés ».
Meghan Joy : « Nous devrions revoir notre façon de penser au sujet des aînés ».

Alors que Toronto – comme beaucoup d’autres métropoles – s’efforce de répondre aux besoins de ses personnes âgées, la politicologue de l’Université Concordia Meghan Joy remet en question l’approche générale de la ville à cet effet.

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of Aging Studies, Meghan Joy avance en effet que les grandes villes telles Toronto devraient éviter de catégoriser les aînés comme un problème à résoudre, mais plutôt les considérer comme des résidents à servir.

L’idée de son article remonte à 2014, tandis qu’elle travaillait sur sa thèse de doctorat à Toronto. Elle avait alors interrogé des dizaines de fonctionnaires, de représentants de la ville, d’ONG, d’universitaires et autres responsables municipaux, provinciaux et fédéraux dans le cadre de son analyse de la stratégie pour les aînés adoptée par la métropole. Celle-ci a été lancée en 2013 pour donner suite au programme des Villes et communautés amies des aînés, mis en place par l’Organisation mondiale de la Santé en 2007.

Au fil des entrevues, Meghan Joy a remarqué une tendance à traiter les aînés comme « un problème social et financier sérieux » auquel doivent faire face les villes. Or, selon elle, une approche axée davantage sur l’aide et l’inclusion transformerait les villes et améliorerait la qualité de vie des personnes âgées.

Professeure adjointe de science politique à la Faculté des arts et des sciences, Meghan Joy comprend les défis que doivent relever les fonctionnaires torontois – défis qui, d’après elle, ont été exacerbés, d’une part, par l’habitude des gouvernements ontariens précédents de se décharger de leurs responsabilités provinciales sur les villes et, d’autre part, du tumulte causé par les années chaotiques de Rob Ford.

« Nous avons cependant normalisé ces compréhensions sur les personnes âgées ainsi que certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant que société. Je remets en question ces compréhensions, et pense que si nous voulons réellement relever certains de ces défis, nous devrions peut-être revoir notre façon de penser au sujet des aînés », poursuit la chercheuse.

Un changement d’approche

Trop souvent, écrit-elle, les personnes âgées se font dire qu’elles doivent changer pour s’adapter à l’évolution de la ville. On leur dit de mieux manger, de faire de l’exercice, d’arrêter de fumer.

Cependant, comme l’a mentionné un des répondants de Meghan Joy, les représentants du gouvernement « oublient qu’on ne peut pas tout contrôler… On peut avoir un cancer, de l’arthrite ou une autre affection qui limite la capacité à faire des choses. Au fond, d’après eux, nous sommes responsables du vieillissement qui s’opère en nous, et il nous revient de rester jeunes. »

Si nous voulons rendre la ville moderne plus accessible aux personnes âgées – et, par extension, à la plupart des personnes ayant des problèmes d’accessibilité, Meghan Joy avance que tous les paliers du gouvernement doivent changer leur approche.

Il s’agit, entre autres, d’aborder des défis comme les déserts alimentaires, d’offrir davantage d’options de logement supervisé et de les améliorer, de revoir l’accessibilité aux transports en commun, et de mettre en place des programmes de soutien.

La chercheuse souligne que de nombreux facteurs rendent les problèmes de Toronto uniques – notamment sa volonté de devenir une ville internationale. Ses fonctionnaires doivent par conséquent relever des défis supplémentaires lorsqu’on leur donne pour tâche d’atteindre des objectifs qui s’avèrent parfois incompatibles.

« Les fonctionnaires subissent une pression pour être concurrentiels sur le plan économique ainsi que pour favoriser la croissance et la densité, et nombre d’entre eux ont du mal avec cela, explique la chercheuse. Beaucoup m’ont parlé de problèmes de congestion, de feux de circulation et de façons d’accélérer les déplacements. Or, les aînés ont besoin que les feux de circulation soient plus lents. »

Meghan Joy espère bientôt pouvoir élargir ses recherches pour y inclure d’autres villes canadiennes, en particulier Montréal.


Lisez le compte rendu intégral de l’étude : Problematizing the age friendly cities and communities program in Toronto.

Contact

Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques 
514 848-2424, poste 5068 
patrick.lejtenyi@concordia.ca
@ConcordiaUnews



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