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Les aînés qui pratiquent l’autocompassion composent mieux avec le stress, indique une nouvelle recherche

Selon une étude de Concordia, le fait d’être bon envers soi-même entraîne une baisse du taux de cortisol chez les personnes âgées qui vivent des difficultés
21 novembre 2018
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Les aînés qui pratiquent l’autocompassion composent mieux avec le stress, indique une nouvelle recherche

L’âge d’or qui suit la retraite est censé être un temps de réflexion, de satisfaction et de repos. Or, pour beaucoup d’aînés, cette période se résume souvent à des moments de grand stress qui s’expliquent par un certain nombre de facteurs – ennuis de santé, perte d’autonomie, regrets dans la vie, pour n’en citer que quelques-uns.

Ces stresseurs peuvent avoir des effets néfastes sur l’état mental et physique des personnes âgées. Et souvent, comble de malheur, elles ont peu d’emprise sur leur situation.

Toutefois, selon un nouvel article publié dans la revue Journal of Behavioral Medicine par des experts du Centre de recherche en développement humain du Département de psychologie de l’Université Concordia, les aînés auraient un certain pouvoir sur la façon dont ils réagissent aux facteurs de stress.

Ainsi, d’après les résultats de l’étude, les aînés qui subissent un stress, mais pratiquent l’autocompassion – laquelle consiste essentiellement à se traiter soi-même comme on traite un ami intime ou l’être aimé – produisent moins de cortisol que ceux qui n’ont pas cette habitude. Le cortisol est une hormone produite naturellement dans l’organisme, et qui est présente chez toutes les personnes. Le stress peut cependant provoquer une hausse exagérée du taux de cortisol.

« Les personnes très stressées peuvent présenter un taux de cortisol plus élevé », explique Heather Herriot, étudiante au doctorat et auteure principale de l’article. « Or, on croit que cet état de stress prolongé influe sur le risque de maladie à long terme. »

Heather Herriot et ses collègues, Carsten Wrosch, professeur de psychologie, et Jean‑Philippe Gouin, professeur adjoint de psychologie, ont évalué sur trois jours les taux quotidiens de cortisol de 233 aînés vivant en milieu communautaire. Les chercheurs ont conclu qu’une propension à l’autocompassion allait de pair avec un taux de cortisol moins élevé chez les sujets déclarant un fort niveau de stresseurs liés à l’âge, mais pas chez ceux qui déclaraient un niveau de stresseurs moins élevé.

Ces résultats, concluent-ils dans leur article, donnent à penser que la pratique de l’autocompassion est un outil efficace pour atténuer l’effet néfaste des stresseurs chroniques et incontrôlables chez les personnes âgées.

Heather Herriot, étudiante au doctorat et auteure principale de l’article. Heather Herriot, étudiante au doctorat et auteure principale de l’article.

Stress et soulagement

Dans leur étude, les chercheurs ont classé les stresseurs en trois catégories.

La première était la capacité fonctionnelle dans la vie quotidienne : dans quelle mesure les participants étaient capables d’accomplir leurs tâches de tous les jours, par exemple faire la lessive ou l’épicerie.

La deuxième catégorie était celle des problèmes de santé. Les chercheurs ont soumis aux participants un questionnaire leur demandant d’énoncer les divers troubles de santé dont ils souffraient. Comme, dans la plupart des cas, il s’agissait de maladies chroniques, celles-ci faisaient fonction de stresseurs, puisqu’elles revenaient constamment à l’esprit des répondants.

La troisième catégorie était celle des regrets dans la vie. On a demandé aux participants de penser à leur plus grand regret et de l’exprimer par écrit.

« Ensuite, continue Heather Herriot, nous leur avons posé quelques questions. Nous voulions connaître leurs émotions lorsqu’ils pensaient à leurs plus grands regrets. Les répondants mentionnaient le plus souvent des émotions négatives comme la colère, la tristesse, l’agacement ou l’impuissance. Nous avons combiné ces émotions négatives et avons constitué un score global d’intensité du regret, dont nous nous sommes servis dans nos travaux. »

Bien que les types de regrets n’aient pas été directement abordés, fait remarquer la chercheuse, les plus fréquents concernaient le mariage – en l’occurrence, la personne qu’ils avaient épousée ou n’avaient pas épousée. « Le fait de ne pas avoir pu faire d’études a souvent été mentionné, surtout chez les femmes. L’âge moyen de notre échantillon avoisinant les 75 ans, beaucoup de participantes ont grandi à une époque où l’on accordait peu d’importance à l’éducation des filles. »

Pour atténuer ces facteurs de stress, la chercheuse et son équipe ont examiné trois composantes préétablies de l’autocompassion.

La première – la bonté envers soi – signifie qu’il faut cesser de se culpabiliser à cause de ses défauts. Il faut être capable de reconnaître que vous avez fait une erreur ou avez échoué d’une façon ou d’une autre, mais que vous pouvez vous relever et poursuivre votre vie.

La deuxième – la pleine conscience – consiste à reconnaître les problèmes ou les facteurs de stress, mais sans laisser les pensées négatives vous envahir.

La troisième – la condition humaine – fait référence à la capacité de reconnaître que le stress fait partie de l’expérience humaine, que vous êtes nombreux à vivre la même situation, que vous n’êtes pas la seule personne à subir ce type de stresseur ou à faire ce genre d’erreur.

Heather Herriot espère que les résultats de l’étude aideront à orienter les interventions qui favorisent l’autocompassion chez les aînés aux prises avec d’importants facteurs de stress.

Cette étude a bénéficié de bourses et de subventions des Instituts de recherche en santé du Canada et d’une bourse de recherche doctorale du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.


Lisez le compte rendu intégral de l’étude.

 

 



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