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Article de blog

Jacques Duchesneau, ou le rêveur aux buts précis

Précédemment directeur de la police, président de l’ACSTA et politicien, Jacques Duchesneau exerce maintenant la fonction d’inspecteur général. Cet automne, l’homme aux expériences multiples a ajouté une corde de plus à son arc en se joignant à l’équipe de l’École de gestion John-Molson.

 Il ne tient qu’à vous de changer les choses, d’assurer une vie meilleure au genre humain dans son ensemble 

Pour dire les choses simplement, Jacques Duchesneau veut influencer le cours des événements. Cet automne, le Département de gestion de la chaîne d’approvisionnement et des technologies d’affaires lui a confié le poste de chercheur affilié. Au nombre de ses responsabilités, M. Duchesneau agira à titre d’expert-conseil, siégera à des comités et prononcera des conférences. Il pourrait par ailleurs participer à la modulation du volet éthique des programmes de MBA et d’EMBA. « Je ne cherche pas du travail, j’en ai déjà un », précise-t-il au sujet de son nouveau rôle. « Mais le défi qu’on me propose m’interpelle vraiment. Vous savez, les étudiantes et étudiants d’aujourd’hui sont les leaders de demain. » Nul besoin de préciser que ces derniers apprendront beaucoup auprès de Jacques Duchesneau!

Un rêve : faire bouger les choses

Rêveur autoproclamé, M. Duchesneau n’est pas le type d’homme à attendre passivement que les choses se produisent. À preuve, tout au long de sa carrière, il a privilégié les postes qui lui donnaient la possibilité d’apporter des changements concrets. Selon lui, toute personne qui le désire vraiment peut influencer le cours des événements. « Il ne tient qu’à vous de changer les choses, d’assurer une vie meilleure au genre humain dans son ensemble », affirme-t-il.

Jacques Duchesneau

En 2002, Jacques Duchesneau est nommé président et chef de la direction de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA). Il a pour principale mission d’accroître la sécurité des voyageurs après les attentats du 11 septembre 2001. En plus de veiller au renforcement des mesures de sécurité dans 89 aéroports canadiens, il doit s’assurer non seulement que les vols empruntés par les Canadiens sont sûrs, mais aussi que ces derniers se sentent en sécurité lorsqu’ils prennent l’avion. À l’époque, il importe également que le Canada prouve qu’il a adopté des mesures de sécurité adéquates. En effet, c’est là une condition sine qua non à ce que les avions en provenance de villes canadiennes puissent atterrir dans d’autres pays – notamment les États-Unis. À propos des semaines et des mois critiques qui ont suivi les attentats du 11 septembre, M. Duchesneau explique que « les interlocuteurs américains étaient on ne peut plus clairs : si nous ne faisions pas le boulot correctement, ils empêcheraient nos avions de se poser aux États-Unis. Mais nous les avons convaincus que nous voulions coopérer pleinement avec eux et que nous effectuions du bon travail. »

Autre conséquence des attentats du 11 septembre 2001 : dans le monde entier, les assureurs suppriment toute clause de dédommagement pour actes terroristes. Toutefois, à la suite d’une initiative de Jacques Duchesneau, le Canada est le premier pays du monde à exiger des compagnies d’assurance qu’elles réinsèrent ce type de protection dans leurs polices. « Il s’agit probablement de l’un des meilleurs dossiers que j’ai eu à gérer, soutient-il. En effet, en situation de crise ou de catastrophe, nous aurions disposé, pour ainsi dire, de cet argent pour accomplir notre tâche et indemniser les victimes. »

Des choix difficiles

En 2010, M. Duchesneau se voit confier la direction d’une unité anticollusion. Le groupe expose de nombreux cas de corruption dans l’industrie de la construction au Québec. La situation est grave. Jacques Duchesneau prend alors une décision courageuse : il rend publics des documents prouvant que le Québec est aux prises avec un important problème de corruption. « Ça a été difficile, très difficile, pour ma famille, se souvient-il. Ce n’était pas toujours agréable d’effectuer ce travail. J’ai veillé à ce que les gens qui nous volaient cessent de le faire. Ces escrocs nous délestaient de centaines de millions de dollars. Pensez-vous que je m’en suis fait des amis en les empêchant de nous extorquer tout cet argent? La réponse à cette question, c’est non. »

Dans sa fonction actuelle d’inspecteur général, M. Duchesneau assume trois mandats bien distincts : premièrement, effectuer des recherches sur les 20 dernières années afin de déceler tout compte associé à une affaire de corruption, puis trouver le moyen de reverser aux contribuables les sommes détournées; deuxièmement, examiner les contrats en vigueur dans l’optique d’y repérer toute activité de corruption et de veiller au respect des dispositions contractuelles; et troisièmement, former et informer les représentants de la nouvelle génération sur les conséquences de telles pratiques. « La corruption se révèle fatale à bien des égards, signale Jacques Duchesneau. Comme le phénomène ne se voit pas à l’œil nu, je dois attirer l’attention des leaders en devenir sur ce problème. »

Le bon leadership se révèle souvent dans les petites choses

Leader chevronné, M. Duchesneau est convaincu que les qualités de chef reposent en fait sur quelques principes de base. À son avis, l’aptitude à la communication forme l’un des aspects les plus importants du leadership. « Quelqu’un qui s’enferme dans son bureau ne peut pas se prétendre chef », souligne-t-il. Se remémorant sa carrière dans les forces de l’ordre, il raconte qu’il connaissait le nom de presque tous ses employés – un exploit remarquable pour un gestionnaire à la tête de 6 000 salariés! « Je répète sans cesse qu’il faut gérer en se promenant, insiste-t-il. Allez à droite et à gauche, parlez aux gens. Les employés sont aussi des êtres humains, vous savez. » Selon lui, quand un leader communique de cette façon avec les membres de son personnel, ces derniers ont alors tendance à le voir lui aussi sous un jour plus humain.

Jacques Duchesneau est catégorique : les dirigeants doivent comprendre que la vie des employés continue pendant qu’ils sont au travail. « Je me préoccupe toujours des petites choses, dit-il. Si un employé avait un enfant malade, exerçait deux emplois ou manquait de temps, j’y voyais. Je crois qu’à long terme, cette attitude a porté ses fruits. » En effet, quand un salarié réalise que son patron se soucie de lui en tant que personne, il se sent apprécié.

Quelqu’un qui s’enferme dans son bureau ne peut pas se prétendre chef 

Enfin, M. Duchesneau est d’avis que tout leader doit s’efforcer de concilier au mieux sa carrière et sa vie personnelle. Même si cela paraît impossible. « Quand je dirigeais la police, j’étais également entraîneur des équipes de hockey de mes fils, se souvient-il. Je n’ai jamais manqué un match. » Bien sûr, le monde ne s’arrêtait pas de tourner au moment de la mise au jeu… Mais Jacques Duchesneau avait fait en sorte que ses employés sachent se débrouiller en son absence. « Il y a environ deux ans, mes fils ont raconté que ma présence avait beaucoup compté pour eux, révèle-t-il. Alors, trouvez le bon équilibre travail-vie privée, car si votre carrière prendra inévitablement fin un jour ou l’autre, votre famille, elle, sera toujours là. » 

 

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