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Les principes de la construction d’un bâtiment « éphémère »

La Place du savoir de Concordia ne se résume pas à la somme de ses parties… Découvrez pourquoi.
26 novembre 2019
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Par Sylvie Babarik



Le vendredi 4 octobre 2019, les passants longeant le terrain situé au 1535, boulevard De Maisonneuve Ouest n’y voyaient rien d’autre que des dizaines de montants en métal. Le lundi suivant, ils y découvrirent un bâtiment – inachevé mais entier – composé d’unités modulaires.

Aujourd’hui, les travaux de finition sont pour ainsi dire terminés. Doté d’un revêtement extérieur, le bâtiment comporte des systèmes de ventilation, de plomberie et de câblage. Les cloisons intérieures, les fenêtres et même les toilettes étaient déjà installées à la livraison.

« À son arrivée sur le terrain, le modulaire était achevé à 80 % », explique Robert Magne de Lapointe Magne et associés, la firme d’architectes qui a collaboré à la conception de ce bâtiment de l’Université Concordia maintenant connu sous la désignation de « Place du savoir ».

Des questions jusque-là inédites pour l’Université et ses partenaires ont marqué la planification du projet de construction.

« Les sections avec lesquelles nous travaillions faisaient 12,8 mètres de long, 3,5 mètres de haut et 4,5 mètres de large, poursuit M. Magne. Il fallait notamment tenir compte des contraintes de transport : rien de plus volumineux n’aurait pu emprunter les autoroutes ni passer sous les viaducs. »

Le temps constituait un autre facteur important. Les travaux de rénovation au pavillon Henry-F.-Hall allant bon train, Concordia devait rapidement – avant janvier 2020 pour être précis – trouver de l’espace pour créer des salles de classe. Après avoir considéré la possibilité de louer des locaux, le Service de gestion immobilière a déterminé qu’il valait mieux aménager temporairement huit vastes salles de classe. Sur le plan tant de la prestation des services aux étudiants que du respect des impératifs financiers de l’Université, cette solution s’avérait la meilleure.

Claude Lazzam occupe le poste de gestionnaire principal de projet chez Colliers Maîtres de projets. Dans le passé, Concordia a retenu cette firme pour collaborer à la conduite de travaux de construction plus complexes comme la réalisation de l’incubateur des sciences appliquées.

« En février 2019, nous avons rencontré deux membres du personnel de l’Université : David D’Arcangelo, gestionnaire de projet, et Kirsten Sutherland, directrice principale du Service de gestion des projets, se souvient M. Lazzam. Nous voulions former rapidement la meilleure équipe possible, car il était essentiel d’assurer une excellente planification. »

Un « bail » de cinq ans

L’année 2020 approche à grands pas, et la Place du savoir sera bientôt fin prête à ouvrir ses portes. Jamais un projet de construction de salles de classe n’a été réalisé aussi rapidement à Concordia.

Bénéficiant d’une dérogation spéciale au plan de zonage accordée par la Ville de Montréal, le nouveau bâtiment pourra être exploité durant cinq ans à son emplacement actuel. Au cours de cette période, toutes les facultés en manque d’espace pourront profiter de cette installation dernier cri – pourvue des plus vastes toilettes non genrées de toute l’Université!

Selon l’architecte principal, plusieurs raisons favorisent la « construction nomade », notamment le coût, la planification à long terme et le loisir de donner une nouvelle vocation à l’espace.

« La possibilité de déplacer et de réutiliser ce modulaire lui confère un aspect durable, affirme Robert Magne. Par exemple, Concordia pourra s’en servir à un autre endroit lors de futurs travaux de rénovation. Elle aura aussi le choix de le vendre à un autre établissement d’enseignement. »

En général, l’architecte conçoit des structures permanentes comme la salle de lecture du pavillon des Sœurs-Grises. Il signale toutefois qu’il s’intéresse depuis longtemps à la construction modulaire, et ce, plus particulièrement dans le contexte des climats nordiques.

« Si ma participation au projet de la Place du savoir constitue une première pour moi, j’ai cependant consacré mon mémoire de maîtrise à la construction modulaire, précise-t-il. Croyez-moi, nous sommes bien loin de l’époque où les bâtiments modulaires donnaient lieu à des jugements péjoratifs. De nos jours, ils sont même employés pour bâtir des hôtels et des copropriétés. »

À son avis, comment se comparent le réaménagement d’un espace patrimonial comme la chapelle des Sœurs Grises et la construction d’un bâtiment provisoire?

« Dans un sens, ce sont des concepts diamétralement opposés, répond Robert Magne. Le premier est historique et délimité, tandis que le second est moderne et adaptable. »

« Par contre, ces lieux sont très similaires sur le plan de la vocation, poursuit-il. Ils sont tous deux conçus pour fournir un espace d’apprentissage, s’adapter aux exigences techniques actuelles et offrir de bonnes conditions en matière d’éclairage et de confort. Fait intéressant, ils sont fréquentés par les mêmes étudiants. »

Se préparer soigneusement avant de passer à l’action

Si une bonne planification est essentielle à tout projet de construction, Robert Magne et Claude Lazzam conviennent tous deux que cette étape s’avère particulièrement importante dans le cas des bâtiments modulaires. En effet, les travaux s’exécutent à un rythme accéléré. De plus, les changements susceptibles d’être apportés aux modules sont restreints une fois que ceux-ci sont sortis de l’usine.

« D’entrée de jeu, il a fallu prendre connaissance des possibilités existant sur le marché, indique M. Lazzam, car l’Université se fonde sur des normes strictes pour évaluer si un espace donné peut être converti en salle de classe. Par ailleurs, nous savions que l’aspect esthétique importait non seulement à Concordia, mais également à la Ville. Dès lors, le nouveau bâtiment devait s’intégrer harmonieusement aux autres pavillons du campus Sir‑George-Williams. »

En outre, la conception de la Place du savoir devait tenir compte de la nature du terrain où elle serait érigée – en l’occurrence, un ancien parc de stationnement susceptible un jour de laisser place à une structure permanente.

« Dans le cas d’un édifice conventionnel, nous aurions eu à creuser des fondations et à bâtir plus en hauteur, explique Claude Lazzam. Nous avons appris que la construction sur pilotis constituait, pour un bâtiment temporaire, la manière la moins incommodante et la plus rapide de donner à l’Université tout l’espace dont elle avait besoin. »

Le travail de planification comportait de nombreux détails. Aussi M. Lazzam a apprécié l’aide fournie par le Groupe RCM, une entreprise produisant des ouvrages modulaires. Les modules ont été fabriqués en Beauce avant d’être expédiés à Montréal.

« RCM a eu l’idée de les entreposer sur un terrain vacant du quartier de Griffintown jusqu’à ce que le campus Sir-George-Williams puisse les accueillir, raconte-t-il. Il s’agissait là d’une étape incontournable du projet, car nous avions fort peu de temps pour installer les modules. »

« À cause de la réglementation sur la présence de grues au centre-ville, nous ne disposions que d’un seul week-end pour mener à bien cette tâche colossale, continue-t-il. Nous étions de plus à la merci de la météo – il nous fallait du temps sec. Bref, le samedi 5 octobre, nos camions ont pris la route dès l’aube et ont roulé avec une régularité de métronome jusqu’à ce que tout soit bien en place. Il ne restait alors que les travaux de finition à terminer – ce qui est pour ainsi dire chose faite. »


Pour en savoir davantage sur les processus de planification et de construction de la Place du savoir, n’hésitez pas à communiquer avec le
Service de gestion immobilière de l’Université Concordia.
 



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