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Les hommes et les femmes absorbent les vibrations différemment, montre une nouvelle recherche

Une étude menée à Concordia révèle qu’un corps féminin capte plus de puissance totale qu’un corps masculin aux dimensions anthropométriques comparables
30 octobre 2018
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Par J. Latimer


A new Concordia study increases our understanding of how the human body absorbs vibration. Specifically, the study looks at gender differences.

Avis aux conducteurs d’autobus, fermiers et autres personnes qui se font secouer à longueur de journée sur leur siège : nous sommes là pour vous (et votre mal de dos).

En effet, grâce à une nouvelle étude de Concordia, nous comprenons mieux comment le corps humain absorbe les vibrations. L’étude porte plus précisément sur les différences entre les sexes.

« Comme de plus en plus de femmes choisissent une carrière qui a traditionnellement été à dominance masculine – non seulement en tant que chauffeuses d’autobus, mais aussi comme opératrices de machinerie lourde, travailleuses de la construction et camionneuses –, il est important d’étudier l’absorption des vibrations du point de vue du sexe et de la masse corporelle », explique Subhash Rakheja, professeur de génie mécanique à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody.

Les travaux du professeur Rakheja, récemment publiés dans le Journal of Low Frequency Noise, Vibration and Active Control, révèlent une distinction nette entre les sexes.

« Nous avons observé chez les femmes une absorption de puissance totale supérieure à celle mesurée chez des hommes aux dimensions anthropométriques comparables. Cependant, les femmes ont présenté un pic d’absorption d’énergie vibratoire inférieur à celui des hommes ayant une masse corporelle semblable », poursuit M. Rakheja, qui a siégé au comité consultatif de la Société de transport de Montréal (STM) et travaillé étroitement, depuis le milieu des années 1990, avec Pierre Marcotte, de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

La combinaison, chez les femmes, de ce pic d’absorption de puissance vibratoire à une faible fréquence avec une absorption de puissance totale supérieure à celle des hommes durant un cycle de travail, donne à penser que celles-ci courent un plus grand risque de blessure, selon le professeur Rakheja. Ce dernier précise toutefois que de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte.

Secoués comme un prunier

L’étude comptait 31 hommes et 27 femmes travaillant en position assise et répartis en trois catégories de poids. Le professeur y a comparé des types corporels similaires, normalisant les paramètres anthropométriques, dont la taille, la taille en position assise, le tour de hanches, la masse adipeuse et la masse corporelle.

« Personne n’a jusqu’à présent comparé l’absorption des vibrations selon le sexe », précise M. Rakheja.

Aux fins de l’étude, ses sujets se sont assis sur une plateforme de simulation de vibrations verticales pour tout le corps, munie d’une colonne de direction offrant un appui aux mains. Les mesures dynamiques ont été recueillies à trois niveaux de vibrations verticales sur un siège avec support dorsal, puis sans support dorsal.

« Nous avons observé une nette corrélation positive entre l’absorption de puissance et la masse adipeuse », commente le professeur Rakheja.

« Les femmes ont une masse adipeuse relativement supérieure à celle des hommes, et présentent une absorption de puissance plus élevée qu’eux. La masse adipeuse (formée par les tissus gras) des femmes se trouve généralement au niveau du bassin et des cuisses, ce qui contribue peut-être à un tour de hanche plus important, ce pour quoi nous avons montré une corrélation positive avec l’absorption de puissance vibratoire par les articulations, les muscles et les tissus. Chez les hommes, la masse adipeuse s’accumule principalement près de l’abdomen. »

Les chercheurs ont ainsi confirmé que la masse corporelle constitue le plus gros facteur en jeu.

« Pensez au siège du conducteur dans un autobus municipal, explique M. Rakheja. Il est peut-être conçu pour un homme de plus de 130 kilos, et non pour une femme d’une cinquantaine de kilos. Pour elle, la suspension du siège ne fonctionne même pas – c’est comme si elle était assise sur une planche. Or, cela a des conséquences directes en ce qui a trait aux difformités lombaires et aux lésions articulaires. »

Et d’après les résultats de l’étude, l’appui dorsal d’un siège offre tant aux hommes qu’aux femmes une certaine protection contre l’absorption des vibrations.

Subhash Rakheja : « Pour moi, les vibrations sont un poison lent qui peut exercer son effet après deux ans, cinq ans, voire dix ans. » Subhash Rakheja : « Pour moi, les vibrations sont un poison lent qui peut exercer son effet après deux ans, cinq ans, voire dix ans. » | Photo : Concordia

Des conclusions à tirer

Les résultats du professeur Rakheja renseignent les ingénieurs qui conçoivent les suspensions. Elles permettent en outre d’établir des limites d’exposition sécuritaire définissant la durée des quarts de travail et des pauses nécessaires pour protéger la santé vertébrale des conducteurs et conductrices.

L’étude vise à fournir des données essentielles à la conception des sièges et à l’établissement de méthodes normalisées et de limites d’exposition.

« Pour moi, les vibrations sont un poison lent qui peut exercer son effet après deux ans, cinq ans, voire dix ans. Les blessures liées à l’exposition aux vibrations sont jugées indemnisables dans de nombreux pays européens et dans certaines de nos provinces », conclut Subhash Rakheja.

Cette étude a été financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) ainsi que par les subventions à la découverte et le supplément d’accélération du CRSNG octroyés au professeur Rakheja.


Consultez l’étude citée, Gender and anthropometric effects on whole-body vibration power absorption of the seated body, corédigée avec K.N. Dewangan et Pierre Marcotte.

 

Relations médias

Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques 
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