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L’Organisation mondiale du commerce a le bras long, montre une nouvelle étude

Selon une recherche menée à Concordia, une procédure de règlement de différend entre partenaires commerciaux influe sur la dynamique du marché
9 octobre 2018
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Par J. Latimer


Juliane Proelss : « Notre analyse prouve que dans ce cas, l’OMC a eu une incidence manifeste – une organisation principalement occidentale a exercé un impact sur la politique économique chinoise. » Juliane Proelss : « Notre analyse prouve que dans ce cas, l’OMC a eu une incidence manifeste – une organisation principalement occidentale a exercé un impact sur la politique économique chinoise. »

Si vous pensez que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est un tigre de papier, il est temps de réévaluer cette perception.

En effet, d’après une nouvelle étude de l’École de gestion John-Molson, l’annonce d’une procédure de règlement de différend entre membres de l’OMC peut changer la dynamique du marché.

L’analyse porte sur une plainte déposée en 2012 auprès de l’OMC au sujet des contingents imposés par la Chine sur l’exportation des métaux des terres rares. Ces substances, par exemple l’oxyde de cérium, sont essentielles dans de nombreux produits « verts » et de haute technologie, comme les voitures hybrides et les téléphones mobiles.

« Nous avons recueilli des preuves irréfutables que le simple engagement d’une procédure de règlement de différend au sein de l’OMC peut avoir une incidence sur l’efficacité en matière de prix des métaux des terres rares, la valeur informative du cours des actions d’entreprises potentiellement touchées, ainsi que la modification de politiques existantes par les gouvernements, et ce, même avant qu’une décision soit rendue », affirme Juliane Proelss, professeure adjointe au Département de finance.

Celle-ci a récemment copublié les résultats de ses travaux dans Energy Economics avec Denis Schweizer, professeur agrégé de finance.
 

Les métaux des terres rares sous les projecteurs

La Chine détient le quasi-monopole de l’extraction des métaux des terres rares, dont les réserves sont peu abondantes et dont le prix fluctue considérablement. Ainsi, en 2011, le monde a assisté à une flambée des prix à l’étranger des métaux des terres rares après une réduction de 40 pour cent de leur production ainsi que l’imposition de contingents d’exportation par le ministère du Commerce chinois.

En réponse, les États-Unis, le Japon et l’Union européenne ont déposé le 13 mars 2012 une plainte officielle auprès de l’OMC contre la Chine à propos de ses contingents d’exportation sur les métaux des terres rares et de son système global de tarification.

« Cela nous a fourni l’occasion idéale de mener une étude de cas unique et de suivre les répercussions de l’affaire depuis le tout début », explique la professeure Proelss, qui a examiné les effets du dépôt de cette plainte sur le comportement des prix des quatre métaux représentant près de 90 pour cent de la consommation totale de substances de ce groupe : cérium, lanthane, néodyme et oxydes d’yttrium.

Les chercheurs ont analysé l’efficacité en matière de prix des métaux des terres rares avant et après le dépôt de la plainte à l’OMC. Ils ont également évalué la valeur informative du cours des actions des entreprises du marché des métaux des terres rares, ainsi que les effets possibles sur le prix des dérivés, entre autres facteurs.

« L’OMC a suscité d’importants changements dans la politique chinoise »

Les chercheurs ont constaté que l’annonce du différend au sein de l’OMC semble avoir entraîné une amélioration de l’efficacité dans l’établissement du prix des métaux des terres rares pour tous les métaux et niveaux d’agrégation. En effet, non seulement l’annonce du conflit a été bénéfique pour les prix des métaux des terres rares, mais les chercheurs ont en outre observé d’importants effets économiques sur les entreprises connexes du secteur (sociétés productrices de métaux des terres rares).

La valeur informative du cours des actions des entreprises de terres rares a connu une augmentation substantielle après l’annonce, ce qui signifie que les actions sont devenues plus réactives aux données spécifiques aux entreprises par rapport au marché en général, reflétant ainsi une information plus exacte sur la valeur fondamentale.

« L’influence de l’OMC sur le gouvernement chinois a entraîné d’importants changements dans la politique de la Chine en matière de métaux des terres rares (à savoir, moins d’interventions et de contingents), et ce, dès le début du conflit », précise Mme Proelss.

« Par la suite, nous avons noté un comportement de prix moins irrégulier des métaux des terres rares, ce qui devrait faciliter selon nous l’introduction des échanges de dérivés des métaux des terres rares. »

C’est une bonne nouvelle pour les fabricants de téléphones cellulaires et d’autres produits qui ont besoin d’un marché des métaux des terres rares plus stable et mature. C’est également une bonne nouvelle pour les défenseurs de l’OMC.

« Nous montrons que l’OMC est loin d’être un tigre de papier, conclut la professeure Proelss. Notre analyse prouve que dans ce cas, elle a eu une incidence manifeste – une organisation principalement occidentale a exercé un impact sur la politique économique chinoise. »

L’étude de Juliane Proelss et de Denis Schweizer a été financée par une subvention d’enseignement Financière Manuvie et le programme d’optimisation des installations du Vice-rectorat à la recherche et aux études supérieures de Concordia.

 

Consultez l’étude citée : Do announcements of WTO dispute resolution cases matter? Evidence from the rare earth elements market.

Relations médias

Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques 
514 848-2424, poste 5068 
patrick.lejtenyi@concordia.ca
@ConcordiaUnews



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