Ne serait-il pas plaisant de savoir que la bourrasque qui ruine votre nouvelle coiffure alimente aussi les lumières de votre bureau? Ou que la même force de la nature qui fait tourbillonner les papiers et la poussière dans la rue assure le fonctionnement de tout un hôpital ou propulse un réseau de métro?
L’idée semble farfelue, du moins pour l’instant. Mais Ted Stathopoulos, professeur au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’Université Concordia, croit que nous pourrons un jour générer une quantité substantielle d’électricité au moyen d’éoliennes directement intégrées aux bâtiments de la ville.
Le Pr Stathopoulos offre un survol des manières dont les villes peuvent exploiter le vent, et des progrès considérables réalisés à cet égard, dans un article publié par le Journal of Wind Engineering and Industrial Aerodynamics.
L’article est le fruit d’une collaboration entre Hatem Alrawashdeh et Aierken Dilimulati, étudiants aux cycles supérieurs, Marius Paraschivoiu et Pragasen Pillay, collègues du Pr Stathopoulos à Concordia, ainsi que d’autres universitaires en Europe et en Jordanie.
Selon le Pr Stathopoulos, l’article « examine diverses caractéristiques de l’environnement urbain afin de déterminer comment nous pouvons influer sur la configuration des bâtiments, améliorer l’aménagement urbain pour faire une place aux éoliennes, et accroître la vitesse du vent, ce qui générerait plus d’énergie. »
L’un des principaux défis à son avis est de repenser l’approche qu’ont les urbanistes du vent. En effet, depuis que les humains construisent des structures, « le vent a toujours été l’ennemi, parce que nous tenons à protéger nos bâtiments, notre propriété et notre vie », explique le scientifique.
« Or, dans le domaine de l’énergie éolienne, nous devons voir le vent comme un ami. Plus il y a de vent, plus on produit de l’énergie. »
Au Laboratoire d’aérodynamique des bâtiments avec soufflerie de Concordia, le Pr Stathopoulos et son équipe d’étudiants simulent les conditions éoliennes de Montréal à l’aide d’une maquette tridimensionnelle de secteurs du centre-ville et d’une grande soufflerie – la seule en son genre au Québec.
Ils y ont mené des expériences et ont comparé les résultats aux données recueillies par des anémomètres – des instruments qui mesurent la vitesse du vent – placés au sommet de deux bâtiments au centre-ville de Montréal. L’équipe a ainsi confirmé que les mesures obtenues en laboratoire étaient semblables à celles prises à l’extérieur.
Sachant que l’équipe pouvait en toute confiance reproduire des conditions réelles dans un environnement contrôlé lorsqu’elle le souhaitait, le Pr Stathopoulos a pu effectuer de multiples expériences sur la vitesse du vent sans dépendre des caprices de la météo montréalaise.