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Portrait des cinq nouveaux boursiers Vanier de Concordia

Ces chercheurs doctorants explorent des sujets allant des interactions avec les microbes à la peur de perdre le contrôle
19 juillet 2018
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Par Tatiana St-Louis


Maya Hey: « On a tendance à penser que les microbes n’ont qu’une seule nature (par exemple, probiotiques ou pathogènes), d’où leur catégorisation en tant qu’“altérités” à exploiter ou à redouter. » | Photo : Concordia University « On a tendance à penser que les microbes n’ont qu’une seule nature (par exemple, probiotiques ou pathogènes), d’où leur catégorisation en tant qu’“altérités” à exploiter ou à redouter », explique Maya Hey.


À l’Université Concordia, les étudiants des cycles supérieurs Jean-Philippe Gagné, Maya Hey, Caroline Trottier-Gascon, Sherif Goubran et Cássia Reis Donato comptent parmi les lauréats 2018 d’une prestigieuse bourse d’études supérieures du Canada Vanier.

Chaque année, jusqu’à 167 bourses sont distribuées aux étudiants et étudiantes du Canada dans les domaines des sciences sociales et des sciences humaines, des sciences naturelles et du génie, ainsi que de la santé. Chacune est assortie d’un montant de 150 000 $ répartis sur trois ans.

Ces bourses récompensent des doctorants pour leur excellence universitaire et leurs solides qualités de leader. Cette année, tous les lauréats de Concordia sont soutenus par le Conseil de recherches en sciences humaines.

Découvrez leurs travaux innovants.
 


Une approche critique des bâtiments durables

La durabilité est une vaste discipline. Sherif Goubran, doctorant au programme d’études individualisées, aborde le sujet du point de vue des villes et des bâtiments.

L’étudiant travaille sous la supervision de Carmella Cucuzzella, titulaire de la chaire de recherche de Concordia en conception intégrée, écologie et durabilité du milieu bâti (pour les aspects touchant le cadre bâti) ainsi que sous la cosupervision de Thomas Walker (finance) et de Bruno Lee (génie du bâtiment).

L’objectif de Sherif Goubran est d’examiner treize projets architecturaux canadiens primés en se basant les objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies.

« Au Canada, 26 pour cent des bourses d’excellence en architecture créées ces dix dernières années portent sur l’environnement. Nous avons un besoin urgent de nouveaux cadres et approches qui nous permettront de façonner les villes et l’environnement urbain de demain », explique M. Goubran.

Dans le cadre de ses projets de recherche interdisciplinaire, le doctorant souhaite résoudre les problèmes à un niveau à la fois théorique et pratique.

« J’aborde des questions diverses : comment les bâtiments contribuent-ils à relever des défis comme la faim, le bien-être, l’égalité entre les sexes et la pauvreté? Je veux savoir si la conception de bâtiments durables résulte d’une approche critique qui tient compte de l’évolution de ces défis et de leurs avenirs potentiels », ajoute-t-il.

Les résultats de ses travaux seront très éclairants pour les gouvernements, les érudits, les praticiens et les institutions, les aidant à adapter les pratiques de construction de bâtiments aux réalités locales et aux objectifs de durabilité globale. Ces recherches appuient en outre le Canada dans son rôle de chef de file en matière de développement durable et de croissance écologique dans le milieu bâti.


Prévenir les homicides contre les jeunes Brésiliens

Le Brésil compte parmi les pays les plus violents de la planète, avec plus de 60 000 meurtres enregistrés en 2017. La vaste majorité de ceux-ci sont perpétrés contre de jeunes Afro-brésiliens des secteurs les plus pauvres des grandes villes.

Cássia Reis Donato, doctorante au Département de science politique, propose d’examiner les défis auxquels font face les responsables des politiques de sécurité publique en matière de prévention de la violence mortelle contre les jeunes.

Membre du Laboratoire d’études latino-américaines et des caraïbes, Mme Reis Donato travaille sous la supervision de Tina Hilgers, professeure agrégée au Département de science politique et coordonnatrice du laboratoire.

« Je souhaite mieux comprendre comment l’État traite les demandes d’équité et de justice sociale pour les groupes inégalement touchés par la violence structurale et étatique », explique la doctorante.

« Par le passé, le pays a investi dans des mesures répressives pour combattre le crime – par exemple, en confrontant et en incarcérant la population. Mais ces méthodes sont inefficaces et ne finissent que par faire empirer les choses », déplore-t-elle.

Or, il n’existe aucun consensus pour savoir comment les politiques de sécurité publique peuvent prévenir la violence étatique.

Ces défis ne seront surmontés que si des investissements sont réalisés en vue d’analyser l’efficacité et l’impact des politiques de prévention de la criminalité et de la violence.

« Il est urgent de trouver des solutions concrètes à un problème découlant directement de l’héritage esclavagiste et autoritaire du Brésil, qui influe encore sur le fonctionnement des institutions de sécurité publique », affirme Mme Reis Donato.

« Même si mon apport n’est que modeste, je tiens à contribuer à la recherche de solutions. »

 


Comprendre l’angoisse de perdre le contrôle

Jean-Philippe Gagné, doctorant de deuxième année en psychologie clinique, étudie un type précis de peur que presque tout le monde a déjà vécu : celle de la perte de contrôle.

Même si les psychologues en savent déjà beaucoup sur les peurs – et leur lien avec les croyances –, l’émergence dans la littérature scientifique d’écrits sur la peur particulière de perdre le contrôle est encore récente.

« Jusqu’à présent, les chercheurs se sont surtout concentrés sur des objets de peur et de phobie concrets, comme les araignées, les avions et les aiguilles », indique Jean-Philippe Gagné.

« Mais les gens ont aussi des peurs plus abstraites, souvent associées à des conséquences indésirables, par exemple une sensation de gêne en présence d’autres personnes. »

En fait, on craint de perdre le contrôle de ses pensées, de ses comportements et de ses émotions. Les travaux de M. Gagné examinent les croyances négatives que les gens lient à l’expérience de perdre le contrôle afin de mieux comprendre les facteurs en jeu.

Travaillant au Centre de recherche clinique en santé sous la supervision d’Adam Radomsky, professeur au Département de psychologie et titulaire de la chaire de recherche de Concordia sur l’anxiété et les troubles connexes, le doctorant axe ses recherches sur des problèmes bien réels de la vie quotidienne.

« En cernant mieux les différentes croyances inadaptées qui influent sur le comportement humain, je peux aider les personnes aux prises avec un trouble invalidant à surmonter leur anxiété et leurs phobies. Pour y arriver, il faut remettre en question ces croyances en contexte clinique. »

L’étude des rouages de la peur permettra ultimement de réduire la honte liée à cette émotion fondamentale. M. Gagné élabore en outre des méthodologies innovantes visant à mesurer les croyances en matière de perte de contrôle, ce qui aidera les chercheurs en psychologie à explorer ce phénomène dans de futurs travaux.


La relation entre êtres humains, microbes et nourriture

Doctorante en communication et membre du Programme des chercheuses et chercheurs engagés de Concordia, Maya Hey mène des travaux touchant à la fois la science, la philosophie féministe, l’art et les sciences humaines. Elle étudie les rapports complexes qui existent entre les êtres humains et les microbes, sous la supervision de Yasmin Jiwani, titulaire de la chaire de recherche de Concordia en intersectionnalité, violence et résistance.

Forte de ses connaissances en biochimie, en nutrition et en gastronomie, l’étudiante puisera dans la théorie et la pratique de la fermentation pour comprendre notre interaction avec la vie microbienne.

« Les microbes vivent non seulement sur nous, mais aussi à l’intérieur de notre corps et autour de nous, explique-t-elle. Notre relation avec eux est complexe, car il est difficile de les voir. On a tendance à penser que les microbes n’ont qu’une seule nature (par exemple, probiotiques ou pathogènes), d’où leur catégorisation en tant qu’“altérités” à exploiter ou à redouter. »

Changer notre façon de traiter les microbes aura un impact sur une multitude de professions, dont celles de la santé, de la cuisine, de l’agriculture et du commerce de détail. En effet, la vie microbienne est régie par des codes de santé publique, des normes d’hygiène, des pratiques en soins de santé et des protocoles d’innocuité des aliments.

Mariant ethnographie et recherche-création, Maya Hey participera à une série d’ateliers publics, de performances, de conférences, d’entrevues et de publications touchant une vaste gamme de domaines dont les communications, la culture, l’étude du genre, l’alimentation et la technologie.

« Nous sommes constamment en relation avec les microbes. Ce projet met en lumière nos intérêts communs d’organismes aux besoins nutritionnels quotidiens », conclut Mme Hey.


Cartographie de l’histoire des communautés trans

Doctorante en histoire, Caroline Trottier-Gascon entend mettre au jour l’expérience des personnes trans de Montréal entre 1980 et 2000. L’histoire sociale féministe qui en résultera proviendra de recherches archivistiques ainsi que d’entrevues approfondies d’histoire orale.

« Mon objectif est d’examiner les forces sociales qui contribuent à la marginalisation des communautés trans ainsi que la manière dont ces groupes les transforment en stratégies de résistance et de survivance », précise-t-elle.

L’étudiante fait fond sur les travaux de son superviseur, Peter Gossage, et s’engage fermement à travailler en partenariat avec les communautés locales LGBT.

« Les années 1980 et 1990 ont été très intenses pour les personnes trans », affirme-t-elle.

« Leur quotidien a été transformé par la crise du sida et les politiques d’exclusion pour la reconnaissance de l’identité et l’accès aux soins de santé, d’une part, et par les nouveaux organismes communautaires et la montée d’Internet en tant qu’espaces de partage d’expériences destinés aux personnes trans, d’autre part. »

Dans le cadre de son projet de recherche, Caroline Trottier-Gascon réalisera de courtes vidéos sur ses découvertes. La création de cette histoire publique dynamique contribuera à son engagement auprès de la communauté et lui permettra de diffuser les résultats de ses travaux avec efficacité.

Mme Trottier-Gascon participe activement aux initiatives militantes liées aux questions trans. En reconnaissance de ses efforts de défense des droits, elle s’est vu décerner en 2015 le prix Honoris du Conseil québécois LGBT.

« Dans un monde idéal, mon projet engendrerait une meilleure compréhension intergénérationnelle au sein des communautés trans. De plus, il jetterait des ponts entre les universités et les communautés trans, ainsi qu’entre les communautés trans et le public élargi », conclut-elle.


Apprenez-en plus sur les bourses d’études supérieures du Canada Vanier.



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