L’Initiative ceinture et route (ICR), que la Chine entend faire rayonner sur la moitié du globe, pourrait devenir un modèle de développement responsable, à condition que certains critères soient respectés.
C’est du moins la thèse présentée dans un article publié récemment par la prestigieuse revue Nature Sustainability et corédigé par Jochen Jaeger, chercheur à l’Université Concordia.
Lancée en 2013, l’ICR consiste en un impressionnant programme d’investissements et de développement d’infrastructures qui se déroulera sur plusieurs décennies et devrait toucher au moins 64 pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe. D’ici 2049, environ 8 billions de dollars auront été dépensés pour quelque 7 000 projets individuels dans le cadre de cet effort surnommé « nouvelle route de la soie ».
L’ICR vise l’expansion de routes commerciales terrestres existantes et l’établissement de nouveaux ports en eau profonde aux quatre coins des océans Indien et Pacifique. Selon le gouvernement chinois, le projet touchera les deux tiers de la population de la planète et un tiers de son économie.
Jochen Jaeger est professeur agrégé au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de Concordia et directeur du programme d’études supérieures en évaluation environnementale de l’Université. À son avis, la communauté internationale a le devoir commun d’atténuer l’énorme empreinte de l’ICR.
« C’est maintenant que la Chine peut agir pour garantir le respect des normes environnementales les plus strictes », explique-t-il.
« Toutefois, les banques internationales qui financent l’initiative doivent assortir leurs prêts de conditions relatives à l’exécution d’études d’impact de grande qualité, ajoute-t-il. Si l’ICR doit se réaliser, il faut saisir l’occasion d’assurer l’application des normes les plus rigoureuses. »
Le gouvernement chinois vante l’initiative comme moyen de resserrer les liens entre les économies en développement et favoriser leur croissance. Or, d’après l’article, rédigé par des chercheurs du Canada, des États-Unis, d’Europe, de Chine et d’Australie, quels que soient ses résultats visés, l’ICR doit être très soigneusement gérée si l’on veut prévenir des répercussions environnementales importantes et étendues.
Du reste, un récent rapport du Fonds mondial pour la nature affirme que les corridors de développement économique de l’ICR peuvent perturber 1 739 zones clés pour la préservation de la biodiversité, principalement en Asie du Sud-Est et en Afrique tropicale. Ces zones abritent 265 espèces menacées, dont 39 sont en danger critique d’extinction.