Skip to main content

HORIZONS STIM : Un étudiant de Concordia aide les animaux à traverser les routes

L’étudiant à la maîtrise Benjamin Brunen observe les déplacements des mammifères sous et sur les autoroutes achalandées du Québec
3 avril 2018
|
Par Kenneth Gibson



Si un jour vous vous trouvez à l’extrémité d’un ponceau de drainage, vous y verrez peut-être en sortir Benjamin Brunen, rampant au sol.

Inscrit à la maîtrise ès sciences en géographie et études urbaines et environnementales de l’Université Concordia, l’étudiant passe souvent sous les autoroutes afin de recueillir des séquences vidéo d’animaux empruntant les ponceaux. Ces images sont captées au moyen de caméras à détecteur de mouvement.

Sous la supervision de Jochen Jaeger, professeur agrégé au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement, Benjamin Brunen entame ce printemps la phase de travail sur le terrain de son cursus. Il s’intéresse aux effets de l’autoroute 10 du Québec sur le mouvement de la faune de même qu’au rôle des corridors écologiques dans le secteur étudié. Ces parcelles de terre linéaires permettent de relier deux grandes zones d’habitats fauniques.

Pataugeant souvent dans une eau pouvant atteindre un mètre de hauteur, Benjamin Brunen collecte les cartes mémoire de chacune de ses caméras pour en vérifier les séquences, avant de les remplacer par de nouvelles. Une fois son dispositif d’observation pleinement déployé, il aura des caméras en fonction dans une trentaine de sites.

Également membre étudiant du Centre de la science de la biodiversité du Québec et attaché de recherche débutant au Centre de recherche Loyola sur la durabilité de Concordia, Benjamin Brunen combinera ces séquences à d’autres données pour avoir une idée du nombre d’animaux qui empruntent les ponceaux de drainage.


« Nos travaux peuvent s’appliquer à n’importe quelle route »

Quel est le rapport entre l’image ci-dessus et vos travaux à Concordia?

Cette image provient d’un piège vidéo, c’est-à-dire une caméra d’extérieur munie d’un détecteur de mouvement, que j’ai installé dans un ponceau de drainage de mon secteur d’étude.

Nous essayons d’établir le nombre d’animaux de chaque espèce qui empruntent ces structures pour traverser l’autoroute par dessous plutôt que de le faire à la surface. Nous voulons aussi savoir dans quelle mesure ces installations servent aux mammifères de petite et moyenne taille.

Pour atteindre ces deux objectifs, nous installerons à l’extérieur des ponceaux de drainage des boîtes à piste afin de recueillir les empreintes des animaux, que nous comparerons à celles trouvées à l’intérieur. Nous combinerons ensuite ces données aux séquences vidéo des caméras afin d’établir un indice d’efficacité pour chaque ponceau, ce qui nous permettra de savoir combien d’animaux du secteur l’utilisent pour traverser l’autoroute.

Nous établirons enfin des comparaisons entre les secteurs de l’autoroute situés à l’intérieur ou hors des corridors écologiques pour savoir si les animaux sont plus actifs le long des corridors.

Quels résultats attendez-vous de vos travaux? Et quels pourraient en être les effets concrets dans la vie des gens?

J’espère pouvoir montrer qu’il existe un lien entre l’activité animale dans les passages à faune – ainsi que la mortalité faunique sur les routes – et la présence de corridors écologiques. Nous pourrions ainsi émettre des recommandations aux décideurs, et donner aux animaux une meilleure chance de rejoindre la partie de leur habitat située de l’autre côté de la route.

Des clôtures pourraient être nécessaires pour guider les animaux vers les structures de passage et les empêcher de s’aventurer sur la chaussée. Ces mesures amélioreront également la sécurité routière.

Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous êtes heurté dans vos travaux? Dans quels domaines vos travaux pourraient-ils être utilisés?

L’un des principaux obstacles est que les gens ne prennent généralement pas au sérieux l’impact qu’ont les routes sur les habitudes de déplacement des mammifères de petite et moyenne taille de même que sur la viabilité de ces populations.

Pourquoi? Principalement parce que heurter une belette en voiture ne causera pas autant de problèmes à un automobiliste que s’il percutait un orignal. Ainsi, les petits mammifères ne suscitent pas vraiment d’inquiétude quant à la sécurité des automobilistes.

Nos travaux peuvent être appliqués à n’importe quelle route, donc presque partout sur la planète! Comme de nombreuses routes sont en construction dans le monde entier, nos recherches seront encore plus pertinentes si nous souhaitons sérieusement mettre un terme à la perte accélérée de biodiversité.


Quelle personne, quelle expérience ou quel événement particulier vous a donné l’idée de votre sujet de recherche et incité à vous intéresser à ce domaine?

Si je poursuis cette voie, c’est entièrement grâce à mes parents et à leurs encouragements constants à choisir quelque chose que j’aime et à en faire ma carrière. Mon père dit toujours « la science est notre amie! ». J’imagine que cette devise est en quelque sorte restée gravée en moi.

J’aime les animaux depuis mon plus jeune âge. Quand j’étais petit, ma mère et moi avons secouru un bébé corbeau abandonné, et nous en avons pris soin jusqu’à ce qu’il soit assez gros pour s’envoler et faire ce que les corbeaux adultes font. J’ai très tôt plongé dans l’univers des animaux, et je suis plus qu’heureux de mener des recherches qui pourraient réellement, un jour, aider les populations fauniques!

Comment les étudiants en STIM que cela intéresse peuvent-ils se lancer dans ce type de recherche? Quel conseil leur donneriez-vous?

L’écologie est un champ d’études en expansion, et la plupart des professeurs et des laboratoires – comme le nôtre – sont toujours à la recherche de nouveaux étudiants pour entreprendre des projets passionnants. Je recommande de communiquer avec un professeur qui s’implique dans des travaux qui vous intéressent et d’offrir votre aide! Commencez par consulter certains de leurs articles, que vous trouverez normalement sur leur site Web.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?

J’adore à quel point tout le monde est accessible à Concordia, qu’il s’agisse des étudiants ou des professeurs. Durant mes cinq années d’études, je n’y ai connu que des expériences positives.

La diversité des recherches menées au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement est impressionnante, et c’est un aspect que j’aime vraiment beaucoup. Chacun y fait des travaux complètement différents.

Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?

Dans mes recherches, je collabore directement avec Corridor appalachien, organisme de conservation à but non lucratif qui a pour mission de protéger les paysages naturels et leur connectivité dans la région des Appalaches du sud du Québec.

Notre laboratoire a également reçu le soutien du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports du Québec, de Conservation de la nature Canada et de Mitacs.


Apprenez-en plus sur le Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement
de Concordia.
 



Sujets tendance

Retour en haut de page

© Université Concordia