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HORIZONS STIM : Cette étudiante de Concordia se sert de drones à grande vitesse pour créer des « peintures de lumière »

La doctorante Julia Ghorayeb Zamboni fait de l’art robotique à l’aide de modèles mathématiques
6 novembre 2017
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Par Kenneth Gibson


Julia Ghorayeb Zamboni: “My photographs reveal the visual expressivity of robots.” Julia Ghorayeb Zamboni : « Mes photos révèlent l’expressivité visuelle des robots. »

Au premier abord, on n’envisagerait pas d’associer « robots » et « créativité ». Ce qui nous vient plutôt à l’esprit, ce sont les bras robotisés que l’on voit communément sur les chaînes de montage. Après tout, ces machines doivent être programmées par l’humain.

Même les projets de véhicules autonomes sans pilote comme les tout-terrains martiens posent encore aujourd’hui des défis de taille aux roboticiens. Et ne parlons même pas des robots intelligents que l’on voit dans la culture populaire et la science-fiction.

Qu’à cela ne tienne, Julia Ghorayeb Zamboni, doctorante du programme d’études individualisées de l’Université Concordia, soutient que même si la capacité d’un robot à agir spontanément est limitée, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas faire de l’art ou se prêter à un jeu.

« J’ai le pouvoir d’amener le spectateur à remettre en question sa perception des machines et des équations en utilisant celles-ci dans des contextes inattendus », explique la doctorante, qui a quitté Brasília, capitale du Brésil, pour venir étudier à Concordia.

Les directeurs de thèse de Mme Zamboni sont Bill Vorn du Département des arts plastiques de la Faculté des beaux-arts, Luis Rodrigues du Département de génie électrique et informatique de la Faculté de génie et d’informatique et Mia Consalvo du Département de communication de la Faculté des arts et des sciences.

Elle mène ses travaux au Centre de recherche et de création interdisciplinaire TAG (technoculture, art et jeux), qui se consacre à l’étude et à la conception de jeux ainsi qu’aux arts interactifs, au laboratoire de systèmes de commande hybrides (HYCONS) ainsi qu’au centre de recherche Hexagram.

Les recherches de Mme Zamboni portent en grande partie sur les machines rôlistes – des appareils capables d’imiter le comportement d’entités vivantes ou possédant un certain degré de conscience. Toutefois, la doctorante prend part également à d’autres projets parallèles pour explorer le potentiel esthétique des machines dans la production de motifs visuels inspirés de thèmes mathématiques.

« En faisant s’entrecroiser la robotique et l’art, j’amène le spectateur à remettre en question ses attentes. »

 

Quel est le rapport entre cette image et vos travaux à Concordia?

Ce sont des courbes de Lissajous. J’ai développé cette série de six photos au laboratoire de systèmes de commande hybrides (HYCONS) sous la supervision de Luis Rodrigues, en collaboration avec Bruno Carvalho, étudiant à la maîtrise ès sciences appliquées en génie, et Natasha Vesper, photographe.

Il s’agit de peintures de lumière (ou light painting) exécutées par un robot volant – un drone à grande vitesse. Le light painting est une technique photographique consistant à capter des sources de lumière en mouvement en utilisant un temps d’exposition long. Pour ce faire, je garde ouvert l’obturateur de l’appareil photo tout au long de la trajectoire du drone.

Dans le cadre de ce projet, nous avons fait voler un drone muni d’une DEL à l’intérieur d’une salle plongée dans l’obscurité, puis avons enregistré ses trajectoires vues d’en haut. Ces photos révèlent l’expressivité visuelle des courbes en tant que dessins. Le robot a parcouru le tracé de six courbes de Lissajous – soit les lignes qui résultent de la combinaison des oscillations sur l’abscisse et l’ordonnée d’un plan – avec différents degrés de complexité.

Quels résultats attendez-vous de votre projet? Et quels pourraient en être les effets concrets dans la vie des gens?

Ce projet de photographie m’aide à explorer le potentiel artistique de motifs d’inspiration mathématique produits par des machines. En faisant s’entrecroiser la robotique et les mathématiques avec l’art, j’espère pouvoir sortir ces deux domaines hors de leur contexte habituel d’applications purement pratiques. Ainsi, je peux mettre au défi le spectateur et l’amener à revoir sa perception des machines et des équations en utilisant celles-ci dans des contextes inattendus.

Il y a plusieurs questions que j’aimerais explorer dans mes futurs travaux. Quel serait le résultat si le drone suivait un itinéraire, par exemple, en dessinant une figure comportant des arêtes ou encore, en suivant un parcours en 3D? Quels types de motifs et de lignes ce drone est-il capable de produire?

Julia Ghorayeb Zamboni (top) with her collaborators on the LISSAJOUS project. Julia Ghorayeb Zamboni (en haut) en compagnie de ses collaborateurs du projet LISSAJOUS.



Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous êtes heurté dans vos travaux?

En tant qu’artiste-roboticienne, je dépends d’autres personnes pour réaliser mes travaux. Ça peut être stressant de ne pas être entièrement autonome et de ne pas avoir le contrôle sur toutes les phases de la production. D’un autre côté, pouvoir travailler avec des professionnels et d’autres étudiants est aussi un cadeau. Entre autres, ces collaborations peuvent m’amener à découvrir des aspects inattendus auxquels je ne serais pas parvenue par moi-même.

Quelle personne, quelle expérience ou quel événement particulier vous a donné l’idée de votre sujet de recherche et incité à vous intéresser à ce domaine?

Mon désir d’intégrer les mathématiques, le génie et la science dans mes œuvres d’art a commencé à se manifester au cours de mes études de premier cycle et de maîtrise à l’Université de Brasília. Durant cette période, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur des professeurs remarquables qui ont façonné mon enseignement formel, notamment en matière de techniques classiques de dessin et de sculpture.

En particulier, deux professeures, Dianne Viana (génie mécanique) et Sonia Paiva (scénographie), m’ont poussée à me libérer des formes d’arts traditionnels et à entretenir des collaborations avec des gens d’autres domaines d’expertise.

Comment les étudiants en STIM que cela intéresse peuvent-ils se lancer dans ce type de recherche? Quel conseil leur donneriez-vous?

Ce que je conseille à ceux et celles qui souhaitent explorer l’art robotique? Nouez des partenariats, faites des demandes de subventions et trouvez des professeurs qui pourront soutenir vos projets de recherche. Il faut aussi essayer d’aller au-delà des premières idées qui vous viennent à l’esprit lorsque vous abordez un sujet. Appréhendez vos réflexions et celles des autres avec rigueur et intégrité. Débarrassez-vous de tout ce qui est sans substance et explorez des territoires qui vous sont inconnus.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?

La diversité. C’est ce qui m’a tout de suite plu. C’est un milieu chaleureux et multiculturel où il est possible de former toutes sortes de collaborations.

Par exemple, j’ai trois directeurs de thèse de trois départements différents, et je participe aux activités de plusieurs pôles de recherche, notamment le laboratoire HYCONS ainsi que les centres TAG et Hexagram. Chacun de ces pôles me permet d’examiner le comportement de machines sous des angles complètement différents.

Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?

Ma bourse m’a été octroyée par la CAPES (Coordenação de Aperfeiçoamento de Pessoal de Nível Superior), organisme subventionnaire du Brésil. J’ai reçu une subvention du centre Hexagram pour mon projet doctoral de recherche-création. Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) a financé les drones et Luis Rodrigues a personnellement rémunéré la photographe qui collabore au projet.

Apprenez-en davantage sur le laboratoire de systèmes de commande hybrides (HYCONS) de l’Université Concordia.



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