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Réduire la fracture mathématique

« Il y a un écart à combler entre la recherche universitaire et l’enseignement en classe », observe Helena Osana, professeure à l’Université Concordia. Voici la solution qu’elle propose.
10 février 2017
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Par J. Latimer


« Travaillez avec vos enfants à la maison, conseille Helena Osana. L’école ne peut voir à tout. » « Travaillez avec vos enfants à la maison, conseille Helena Osana. L’école ne peut voir à tout. »

 

Il existe dans l’enseignement des mathématiques une fracture qui n’est pas liée à une question de sexe, de privilège, de revenus, ni d’âge.

« Cette fracture, c’est celle qui existe entre la recherche universitaire et l’enseignement des mathématiques qui s’exerce en classe chaque jour », déclare Helena Osana, professeure agrégée en sciences de l’éducation à la Faculté des arts et des sciences et directrice du Laboratoire d’enseignement et d’apprentissage des mathématiques de l’Université Concordia.

Cela dit, la professeure n’accuse personne.

« C’est bien simple : les enseignants ne lisent pas les articles des universitaires, et ces derniers se concentrent sur leurs travaux, déplore-t-elle. Cela fait 30 ans qu’on en parle, mais personne n’a réussi à faire évoluer la situation. Il faut jeter des ponts. »

Le projet SM2ART

Voulant faire changer les choses, Helena Osana vient de soumettre une lettre d’intention en vue d’obtenir une subvention de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines. À titre de chercheuse principale, elle a rédigé ce document au nom de ses vingt-deux codemandeurs et de ses deux collaborateurs, dont sept partenaires universitaires et douze partenaires communautaires, parmi lesquels des écoles et des commissions scolaires.

Leur projet s’appelle SM2ART, acronyme signifiant Supporting Meaningful Mathematics Action Through Research and Training, c’est-à-dire « soutenir une démarche raisonnée en mathématiques par la recherche et l’apprentissage ». La réunion de recherche initiale et le premier symposium sur le projet SM2ART ont été organisés à l’Université Concordia les 17 et 18 janvier de cette année.

« Des progrès considérables ont été accomplis dans l’enseignement des mathématiques, tant sur le plan des méthodes utilisées en classe que sur celui des connaissances dont ont besoin les éducateurs pour enseigner efficacement cette discipline, affirme Helena Osana, titulaire d’un doctorat en psychopédagogie avec spécialisation en mathématiques et cognition. Toutefois, il n’est pas facile de faire entrer la recherche dans les salles de classe. C’est là l’objectif du projet SM2ART : concevoir les stratégies pour établir ce lien. »

Donner un sens aux mathématiques

Helena Osana est directrice et fondatrice du Laboratoire d’enseignement et d’apprentissage des mathématiques de l’Université Concordia.

« Mes travaux en laboratoire portent sur les représentations concrètes employées dans les classes de mathématiques, explique-t-elle. Pour donner un sens aux mathématiques, les jeunes se servent de divers outils : objets concrets, blocs, pointes de pizza pour les fractions, petits gâteaux, dessins. Moi, je regarde quels sont les modes de représentation qui permettent le mieux aux enfants de donner un sens aux mathématiques. »

Pour mener à bien ses recherches, Helena Osana passe beaucoup de temps dans les écoles, auprès des élèves, mais aussi auprès des enseignants, auxquels elle donne des cours de perfectionnement professionnel. Ses étudiants des 2e et 3e cycles l’épaulent également dans les classes de mathématiques.

Les parents demandent souvent à la chercheuse comment ils peuvent aider leurs enfants à bien réussir en mathématiques.

« “Travaillez avec eux à la maison”, voilà ce que je leur conseille d’abord et avant tout », relate la chercheuse, qui a parlé de ce sujet lors d’une interview donnée l’été dernier à la CBC. « L’école ne peut voir à tout. Les élèves sont nombreux dans les classes, et les enseignants ont beaucoup de responsabilités. Tenez-vous au courant de ce que vos enfants apprennent et, surtout, prenez l’habitude de parler de problèmes de math et des raisons pour lesquelles les solutions fonctionnent. »

« S’ils ne comprennent pas, ajoute-t-elle, utilisez des blocs, ou n’importe quoi d’autre, pour les aider à réfléchir différemment aux problèmes qu’ils essaient de résoudre. »

Les filles et les mathématiques

Bien qu’Helena Osana ne s’intéresse pas au genre dans ses recherches, elle suit de près la délicate question des filles et des mathématiques, et plus précisément du peu de femmes qui étudient en science, en technologie, en génie et en mathématiques.

« Les recherches sont aujourd’hui très claires : aucun ensemble de données cohérent ne permet de croire en l’existence d’une quelconque différence liée au sexe sur les plans cognitif et développemental dans l’apprentissage des mathématiques », indique-t-elle.

« Pourtant, les enseignants et les parents continuent d’entretenir l’idée préconçue qu’en mathématiques, les filles sont moins bonnes que les garçons. Sans le vouloir, on n’a pas la même attitude avec les filles qu’avec les garçons. À une fille qui a des difficultés en mathématiques, on dit “ce n’est pas grave, tu es douée en musique et en arts”. Mais quand un garçon en arrache, on lui dit de travailler plus fort. »

Pendant ce temps, dans son laboratoire, Helena Osana attend la réponse du Conseil de recherches en sciences humaines et entreprend un nouveau projet de recherche sur les effets du bilinguisme dans l’enseignement des mathématiques.

En savoir davantage sur le Département des sciences de l’éducation de l’Université Concordia.

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