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De Duck Hunt à Super Mario Bros : la signification historique des jeux

Cet été, à Concordia, des étudiants étrangers en archéologie appliquée des médias ont exploré le passé, le présent et l’avenir du jeu vidéo
10 août 2016
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Par Christian Durand



Êtes-vous accro à Pokémon Go? La perspective du lancement prochain de l’édition classique de la console Nintendo évoque-t-elle chez vous la nostalgie d’une autre époque, où des plombiers italiens mangeaient des champignons afin d’acquérir des super-pouvoirs qui les aideraient à libérer une princesse des griffes d’un roi diabolique, cracheur de feu?

Que vous soyez amateur chevronné de jeux vidéo ou simplement adepte d’applications ludiques gratuites sur appareil mobile, vous contribuez à un secteur qui engrange des milliards de dollars. Profondément enracinée dans la communauté montréalaise, l’industrie du jeu vidéo dépasse celles – plus traditionnelles – du cinéma et de la télévision au chapitre des revenus, de la production et de la pertinence culturelle.

Ainsi, durant la période estivale, dix étudiants des cycles supérieurs de Concordia et des États‑Unis évoluant dans différentes disciplines ont suivi un cours intensif dans le cadre duquel ils ont examiné l’histoire culturelle des jeux vidéo sous un angle inédit, celui de « l’archéologie des médias ».


Le jeu vidéo : un secteur dépourvu de perspective historique

L’archéologie des médias s’inscrit dans une approche multidisciplinaire plus large, celle de l’histoire des médias, qui englobe la communication, les études littéraires et l’anthropologie, de même que les sciences et les technologies.

Selon Darren Wershler, instructeur principal et créateur du cours d’été d’archéologie appliquée des médias, qui est aussi titulaire de la chaire de recherche de Concordia en médias et littérature contemporaine, il s’agit d’un domaine inédit dans la mesure où l’on y explore des éléments qui ont été oubliés ou effacés, puis relégués aux oubliettes de l’histoire. « On y met au jour d’anciennes formes de médias, puis on évalue leurs capacités à susciter une meilleure compréhension de la société contemporaine. »

Axé sur les jeux vidéo du début des années 1970 jusqu’à 2002, le cours d’été se déroulait au dépôt des médias résiduels de l’institut Milieux de Concordia. Constituée par le Pr Wershler, cette collection destinée à la recherche est composée de jeux vidéo, de consoles, de boîtes de commande et de guides d’utilisation datant d’une époque révolue.

« Il existe de nombreuses raisons d’étudier ce type d’artéfacts à travers la lentille de l’archéologie des médias, fait remarquer Darren Wershler. Le jeu vidéo est une vaste industrie qui évolue rapidement, mais qui est dépourvue de la perspective historique que possèdent d’autres formes de médias. Pour savoir exactement où réside l’avenir du secteur, nous devons connaître son passé. »


Un laboratoire adapté aux projets de sciences humaines

La possibilité de réaliser des travaux manuels au moyen du matériel trouvé au dépôt des médias résiduels s’est révélée essentielle à l’obtention du soutien de la Faculté des arts et des sciences dans la création du cours d’été.

« Notre faculté se distingue, entre autres, par une riche culture de recherche en laboratoire, explique André Roy, doyen de la Faculté des arts et des sciences. Ce projet va au-delà des disciplines classiques normalement associées au laboratoire, comme la biologie et la chimie. On y fait la preuve qu’en sciences humaines, il est possible d’adopter le modèle du laboratoire pour mettre de l’avant des approches pratiques en recherche collaborative. »
 


Une réinterprétation des grands classiques

Dans le cadre d’un séminaire très populaire auprès des étudiants, les participants pouvaient littéralement démonter une cassette de jeu Duck Hunt, un classique de la plateforme Nintendo, lancé en Amérique du Nord en 1985. Ils pouvaient ainsi récupérer la puce électronique du jeu, en reprogrammer les données, puis la souder à nouveau aux composantes originales de la cassette afin de produire une nouvelle version du jeu.

Dirigé par Stephanie Boluk et Patrick LeMieux, professeurs invités de l’Université de la Californie, Davis (États-Unis), l’atelier visait à faire découvrir aux étudiants les différents éléments essentiels au fonctionnement d’un média numérique et, du coup, à leur montrer comment ces composantes peuvent être manipulées.

L’objectif de l’exercice, mentionne le Pr LeMieux – et, en fait, de tout le cours d’été – consiste à prendre le temps d’examiner les diverses caractéristiques des jeux, leur fonctionnement et la manière dont ceux-ci s’inscrivent en contexte culturel, politique et historique.

Les deux enseignants invités croient que cette lecture critique du jeu vidéo est nécessaire pour faire toute la lumière sur les pratiques actuelles de l’industrie et en assurer un avenir durable.

« Nous vivons dans une culture où nous sommes constamment poussés à consommer, ajoute Stephanie Boluk. Nous devons savoir à qui profitent les jeux. Aussi devons-nous saisir l’impact de la production des jeux sur ceux et celles qui effectuent physiquement leur assemblage, sans mentionner l’empreinte environnementale liée à une telle consommation. »


L’importance de mettre la main à la pâte

Doctorante en communication de l’Université de l’Iowa et étudiante visiteuse, Bailey Kelley a été particulièrement impressionnée par la multitude des voix et des expertises appelées à se prononcer lors des séminaires estivaux.

Ses travaux portent principalement sur la télévision, Internet et les interactions domestiques avec les médias. « J’ai été en mesure de transmettre mes connaissances sur les liens entre l’auditoire, les producteurs et les écrits théoriques, et leur pertinence dans le contexte des jeux vidéo », affirme-t-elle.

« Tout au long de la semaine, j’ai pu mettre la main à la pâte et me familiariser directement avec une forme de média numérique, ce que je n’avais jamais eu l’occasion de faire. Ce fut pour moi une toute nouvelle façon de voir les choses. »

 

Apprenez-en plus sur le cours d’été d’archéologie appliquée des médias.

Découvrez quelques travaux rédigés par des étudiants ayant participé au cours.

Si la culture entourant la recherche en laboratoire vous intéresse, pourquoi ne pas assister aux journées OpenLivingLab, qui ont lieu à l’Université Concordia, du 23 au 26 août?

 



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