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La vraie force de la thérapie par l’art

Josée Leclerc, chercheuse à Concordia, aide ses patients à libérer leurs émotions longtemps réprimées
24 février 2014
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Par Lucas Wisenthal


Selon Josée Leclerc, chercheuse à Concordia et présentatrice au Congrès de l’Acfas, « l’art peut témoigner de dimensions émotionnelles que nous ne savons pas toujours reconnaître. »

La thérapie par l’art ne fait pas l’unanimité, mais en 25 ans de pratique avec ses patients, Josée Leclerc, une chercheuse de Concordia, peut témoigner personnellement de son impact.

Et même si des expressions comme « les propriétés guérissantes » la font sursauter, elle a vu des gens s’émouvoir aux larmes devant des images qu’ils avaient créées lors de sessions de thérapie qui font souvent remonter à la surface des sentiments qu’ils avaient réprimés pendant de nombreuses années.

« L’art a le pouvoir et la possibilité de témoigner de dimensions émotionnelles que nous ne savons pas toujours reconnaître et de promouvoir la santé psychologique et émotive, » dit-elle.

Ce printemps, la professeure agrégée au Département de thérapies de création artistique, et ses collègues, exploreront ce potentiel et discuteront de leurs découvertes lors du 82e Congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) qui se déroulera à l’Université Concordia pour la première fois de son histoire, du 12 au 16 mai.

Une bonne partie de la recherche de cette chercheuse a pour but de créer un modèle épistémologique visant à encadrer l’interprétation des œuvres d’art créées par les patients des thérapeutes qui deviennent alors témoins non seulement du produit final mais aussi des matériaux utilisés par les patients et de la façon dont ils s’en servent. « J’étudie aussi l’effet que ces images créent sur ceux qui les regardent. »

Les résultats de ce travail continuent de la fasciner. « Souvent, et particulièrement dans les cas de traumatismes où l’expérience peut être extrêmement difficile à verbaliser, le fait de créer une image ou une représentation symbolique dans un contexte thérapeutique peut aider les gens à se sortir d’une situation difficile, » dit-elle.

Comme l’a prouvé sa recherche hors de sa pratique privée, ces images peuvent s’avérer à la fois révélatrices et inspirantes. Josée Leclerc travaille maintenant à un projet qui explore des portraits dessinés par des prisonnières de camps de concentration pendant la Deuxième Guerre mondiale. « Ces dessins parlent d’une situation des plus traumatisantes, dit-elle. Mais ce sont aussi des témoignages puissants de la pérennité de l’esprit créateur dans des environnements de destruction humaine. »

Ces dessins peuvent aussi permettre aux spectateurs contemporains de comprendre un passé qu’ils n’ont pas vécu. Dans des ateliers de recherche, la professeure présente les dessins à un auditoire qui doit ensuite produire ses propres dessins, ce que l’on appelle en fait l’art réactif. L’idée derrière cette méthode est d’amener les spectateurs à identifier leurs sentiments, conscients ou inconscients. « Le but est d’inciter à une plus grande compréhension de l’impact de la discrimination raciale cachée. »

Elle utilise aussi ces ateliers pour accumuler des données qu’elle analyse ensuite sous une optique phénoménologique. « Je veux comprendre ce qu’est l’expérience vécue par les personnes qui ont participé à ces sessions, » de dire la professeure.

La pertinence de son travail dépasse toutefois les personnes qui y prennent part. « Les guerres, les génocides et les conflits sont toujours présents, alors cette recherche est ma contribution, si petite soit-elle : je souhaite prouver ce qu’Hanna Arendt a dit -- que nous avons tous en nous le potentiel de faire le mal, et de faire le bien. »
 



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