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Le Mile End sous la loupe

Pourquoi les designers et les fashionistas aiment ce quartier montréalais.
11 octobre 2011
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Par Beth Lewis


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D’après une récente étude menée par l’Université Concordia et l’Université de Toronto, un décor déjanté et un milieu de vie stimulant sont des caractéristiques essentielles pour attirer les designers.

Cette recherche s’est penchée plus particulièrement sur le Mile End, un quartier multiculturel au nord du centre-ville de Montréal, reconnu depuis longtemps pour ses savoureux bagels et pour être, comme se plaisait à le souligner l’écrivain canadien Mordecai Richler, l’épicentre du phénomène juif.

Left: Bagels are a Mile End staple. Right: Iconic housing-commerce mix of Mile End. | Photos courtesy of Tourisme Montréal.
Les bagels sont devenus un symbole du Mile End. Bâtiment typique du Mile End abritant sous un même toit commerce et logements. | Photos : gracieuseté de Tourisme Montréal.

« Le Mile End s’est développé de telle façon que des gens de tous horizons et de tous parcours se côtoient dans ses tiers-lieux », raconte l’auteure principale de l’étude, Norma Rantisi, professeure au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de l’Université Concordia. « Les corps, les masses et les matières s’y entrechoquent, favorisant un milieu dynamique qui stimule la créativité. »

La recherche collaborative menée par Norma Rantisi, intitulée « Materiality and creative production: the case of the Mile End neighbourhood in Montreal » (Matérialité et production créative : le cas du quartier Mile End de Montréal), a été publiée dans la revue Environment and Planning. Elle examine l’influence des bâtiments et des tiers-lieux — des lieux publics qui définissent le paysage urbain — dans la création d’un milieu attrayant et inspirant pour les designers.

Une histoire de dynamisme

Ce n’est pas d’hier que le Mile End présente un paysage culturel varié et dense. Lieu de passage du tramway, le quartier a évolué dans l’esprit du City Beautiful de 1890 à 1910. Ce mouvement architectural populaire parmi les membres de la classe moyenne et de la haute société visait l’embellissement du milieu urbain afin de combattre l’insalubrité, le crime et la surpopulation dans les villes.

Norma M. Rantisi is a professor in the Department of Geography, Planning and Environment at Concordia University. | Photo by Concordia University
Norma M. Rantisi, professeure au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de l’Université Concordia. | Photo : Université Concordia.

Le Mile End a également été un point d’arrêt pour les immigrants européens du XIXe et du XXe siècle, et au cœur de l’industrie du textile et du vêtement pendant les années fastes de ce secteur à Montréal.

Aujourd’hui, le quartier héberge différents fleurons de l’industrie culturelle, notamment le studio d’animation Discreet Logic et le géant du jeu vidéo Ubisoft. Les vieux bâtiments de pierre grise de même que les anciens entrepôts et manufactures cachent des lofts et des studios d’artiste à petit prix.

« L’architecture de style industriel du Mile End, ses ruelles, ses restaurants aux mille saveurs et ses cafés créent un cadre extrêmement séduisant pour l’industrie culturelle et les designers, commente Norma Rantisi. Une fois sur place, le faible coût des loyers les incite à rester. »

Dans le cadre de leur étude, Norma Rantisi et Deborah Leslie, co-auteure, ont interviewé plus de 30 designers graphiques et de mode établis dans le Mile End.

« Nous nous sommes attardées aux caractéristiques physiques qui leur avaient plu dans ce quartier », précise Deborah Leslie, titulaire de la chaire de recherche du Canada en économie culturelle et professeure au département de géographie et d’urbanisme de l’Université de Toronto. « Ce que nous voulions comprendre, c’est pourquoi le Mile End abritait maintenant tant de designers. »

La convivialité des tiers-lieux
Les deux chercheuses ont aussi rencontré des représentants de la communauté et des propriétaires de commerce, comme celui du café Club Social de la rue St Viateur.

The Club Social café on St-Viateur Street is a popular third space in the Mile End. | Photo by Ryan Craven
Le café Club Social, sis sur la rue St Viateur dans le Mile End, est un tiers-lieu bien connu. | Photo : Ryan Craven.

Ce café, qui était auparavant un club social privé italien pour hommes, est devenu l’un des principaux tiers-lieux du quartier : les Italiens et les producteurs culturels du coin s’y croisent pour siroter un espresso ou un latte.

Si le Mile End peut jouir de tiers-lieux qui interpellent les designers, c’est en partie grâce à la politique de conservation du patrimoine de Montréal, qui cherche à préserver les édifices urbains. Le moratoire imposé par la Ville sur la conversion des bâtiments industriels en copropriétés de 1975 à 1993 est un autre facteur explicatif.

L’embourgeoisement et ses dommages
Néanmoins, ce ne sont pas toutes les interventions de ce genre qui ont porté leurs fruits. On observe aussi un phénomène d’embourgeoisement qui vient remplacer la créativité par un cosmopolitisme aseptisé.

« L’embourgeoisement d’un milieu entraîne une augmentation des loyers, des rénovations à grands frais et un déplacement de population, au risque d’instaurer un esprit de parc d’attractions et de détruire le caractère typique d’un quartier, explique Norma Rantisi. Pour enrayer cette tendance, les résidents du quartier doivent se faire entendre afin que tout projet d’urbanisme tienne compte de leur vision à eux. »

Les résidents du Mile End sont tout à fait d’accord avec ce constat. C’est pourquoi ils ont formé un comité citoyen qui a publié diverses propositions touchant l’architecture du quartier et exposant leurs préoccupations.

Ainsi, ils souhaitent plus d’espaces verts, la mise sur pied d’un centre communautaire et celle d’un marché public, le tout dans un esprit respectant la créativité, la convivialité et la polyvalence du Mile End.

Partenaires de recherche :
L'étude a été menée avec le soutien du Fonds de recherche sur la société et la culture (Québec) et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Liens connexes :

•    Étude citée
•    Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de Concordia
•    Université de Toronto
•    Billet sur le Mile End dans le blogue de Tourisme Montréal (en anglais seulement)

Source :
Sylvain Jacques Desjardins
Conseiller principal – Communications externes
Université Concordia
Tél. : 514 848 2424, poste 5068
Courriel : s-j.desjardins@concordia.ca
Twitter : http://twitter.com/concordia


 



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