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Communiqué de presse

Dans la lutte contre un cancer, les mauvais sentiments peuvent être source de motivation

Une étude de l’Université Concordia montre que la colère et la culpabilité peuvent favoriser l’adoption de saines habitudes de vie

Montréal, le 19 avril 2017 – La morosité est un effet secondaire courant de l’annonce d’un cancer. En effet, le diagnostic et le traitement de la maladie entraînent souvent anxiété, culpabilité et détresse chez la personne atteinte.

Or, une étude menée récemment par des chercheurs de Concordia et de l’Université de Toronto indique que ces émotions – négatives au premier abord – peuvent être bénéfiques pour les patients.

Selon Andrée Castonguay, auteure principale de l’étude et chercheuse postdoctorale à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia, des sentiments comme la colère ou la culpabilité peuvent inciter des personnes mal portantes à se fixer de nouveaux objectifs et à faire plus d’exercice d’intensité moyenne à élevée.

« Ces émotions provoquent une montée de cortisol – l’hormone du stress – qui perturbe le fonctionnement de l’organisme. Or, l’activité physique aide à freiner cette réaction », affirme Mme Castonguay.

Publiée dans la revue Health Psychology, la recherche avait pour sujettes des femmes ayant récemment reçu un diagnostic de cancer du sein ou suivi un traitement curatif.

Pour les besoins de l’étude, Mme Castonguay et ses collaborateurs – Carsten Wrosch, professeur de psychologie à Concordia, et Catherine Sabiston, professeure de kinésiologie à l’Université de Toronto – ont demandé à 145 survivantes du cancer du sein de remplir un questionnaire. La démarche visait à cerner leurs émotions, à mesurer leur degré d’activité physique et à évaluer leur capacité à s’assigner de nouveaux objectifs.

Les chercheurs ont en outre mesuré le taux de cortisol que contenaient des échantillons de salive fournis par les participantes. Cinq mesures de ce type ont été exécutées au fil d’un an.

Ensuite, les chercheurs ont effectué des analyses approfondies au moyen d’une technique de modélisation. Ils ont ainsi pu prédire l’évolution du rapport entre les sentiments négatifs ressentis par les patientes, d’une part, et l’activité physique, le taux de cortisol et la mise en œuvre d’objectifs, d’autre part.

L’équipe a observé que la capacité des participantes à se fixer des buts – faire de la marche rapide, par exemple – favorisait l’effet bénéfique d’émotions négatives sur l’activité physique. Mieux, cela prévenait les répercussions indésirables d’une montée du cortisol, manifestation susceptible de provoquer des ennuis de santé de toutes sortes, notamment l’affaiblissement du système immunitaire.

« Nos résultats mettent en relief la complexité de l’interrelation entre les émotions et la santé », souligne le Pr Wrosch, qui est également attaché au Centre de recherche en développement humain.

« Les émotions négatives ont mauvaise réputation; on les associe souvent à la maladie. En revanche, elles sont “programmées” pour induire des comportements d’adaptation », poursuit-il.

Plus particulièrement, des émotions comme le sentiment de culpabilité ou l’anxiété pourraient selon lui inciter les gens à modifier les comportements qui nuisent à leur santé et à faire davantage d’exercice. « Comme la sédentarité et l’embonpoint, voire l’obésité, sont des facteurs de risque courants, cela pourrait s’avérer extrêmement bénéfique pour des personnes ayant combattu un cancer. »

D’après Mme Castonguay, l’adoption d’un mode de vie sain est au cœur de récentes recommandations destinées aux survivantes du cancer du sein. Pourtant, rares sont celles qui s’y attachent pleinement.

« Par exemple, explique-t-elle, on leur conseille de faire chaque semaine environ 150 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée. Ainsi, elles risqueront moins d’éprouver des ennuis de santé liés à la fonction immunitaire, à la gestion du poids ou au mode de vie. »

À la lumière des résultats de l’étude, les chercheurs concluent que, chez les rescapés du cancer, les émotions négatives peuvent faciliter l’adoption de comportements d’adaptation et favoriser à long terme la santé physique.

« La capacité à se donner de nouveaux objectifs et à s’efforcer de les atteindre constitue un outil important. En effet, il aide les personnes rétablies à suivre les recommandations en matière d’activité physique. De plus, il minimise l’effet néfaste des mauvaises humeurs sur les fonctions biologiques », soutient Mme Castonguay.

Celle-ci espère que l’étude encouragera les cliniciens à cibler et à mieux soutenir les survivants du cancer qui ont du mal à se fixer des objectifs et à s’y tenir. 


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