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Communiqué de presse

Toutes les levures ne sortent pas du même moule

Malcolm Whiteway, professeur de biologie à l’Université Concordia, cerne des variations cellulaires qui pourraient servir à la conception de traitements plus efficaces

Malcolm Whiteway | Photo : Concordia University Malcolm Whiteway | Photo : Concordia University

Montréal, le 19 octobre 2016 – Si la levure est la bienvenue quand on veut préparer du pain ou élaborer du vin, il n’en va pas de même quand, sous la forme Candida albicans, elle prolifère dans le corps et cause une infection.

Or, selon une étude publiée récemment dans Current Biology par une équipe de chercheurs dirigée par Malcolm Whiteway, professeur à l’Université Concordia, le type de levure qui entre dans la confection du pain ne s’apparente pas autant qu’on le pensait à celui qui entraîne les infections fongiques.

Les scientifiques espèrent qu’en jetant une lumière nouvelle sur les rouages biologiques de l’agent pathogène, leurs travaux mèneront un jour à la conception de médicaments ciblés.

Candida non grata

La levure Candida albicans est à l’origine d’infections relativement bénignes chez les personnes dont le système immunitaire est robuste. Elle peut toutefois constituer un grave danger pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli, par exemple celles qui souffrent du sida ou qui subissent une chimiothérapie ou une greffe d’organe ou de moelle osseuse.

« Les infections du courant sanguin liées à Candida sont souvent fatales », affirme le Pr Whiteway, qui a réalisé l’étude en collaboration avec Walters Tebung, doctorant à Concordia, et Joachim Morschhauser, de l’Institut für Molekulare Infektionsbiologie, en Allemagne.

« Les cellules de ce champignon ont un fonctionnement très semblable à celui des cellules humaines et ne répondent donc pas aux antibiotiques, pourtant très efficaces contre les infections bactériennes, poursuit le scientifique. Par ailleurs, les médicaments antifongiques actuels peuvent avoir de graves effets secondaires. J’entends donc, par ma recherche, ouvrir la voie au développement d’une nouvelle génération d’antifongiques dont les effets secondaires seront minimes. »

Semblables, et pourtant différentes

Malcom Whiteway et ses collègues ont examiné en quoi un processus cellulaire observé dans Candida albicans se distinguait du processus analogue dans Saccharomyces cerevisiae, la levure qui sert à faire du pain et du vin. En raison d’un « recâblage génétique », la protéine qui régit un processus particulier dans une espèce de levure contrôle un processus différent dans l’autre espèce.

Ce recâblage touche une protéine appelée Ppr1. Dans la levure Candida albicans, cette protéine régit la dégradation des purines, groupe de molécules qui entrent dans la composition de l’ADN. Or, dans Saccharomyces cerevisiae, la protéine Ppr1 contrôle plutôt l’accumulation des pyrimidines, groupe de molécules complémentaires des purines dans l’ADN.

« Imaginez deux maisons semblables à Montréal et à Toronto. À Montréal, lorsque vous appuyez sur un interrupteur dans le salon, la lumière s’allume. Mais quand vous appuyez sur l’interrupteur équivalent dans la maison de Toronto, c’est la chaîne stéréo qui s’éteint. Le même interrupteur a deux fonctions différentes », explique le Pr Whiteway, titulaire d’une chaire de recherche du Canada en génomique microbienne à la Faculté des arts et des sciences de Concordia.

« Selon notre hypothèse, la levure utilisée dans le pain et le vin a modifié son métabolisme pour pouvoir croître avec peu d’oxygène, ajoute-t-il. Le recâblage provient de la pression exercée par cette nécessité. »

Nouvelles options thérapeutiques

Souligner les différences entre la levure qui sert à faire du pain et celle qui est source de maladie nous montre comment des cellules peuvent être remarquablement distinctes même lorsqu’elles semblent similaires, ce qui est important pour la production de médicaments. En effet, il est aujourd’hui courant d’utiliser Saccharomyces afin de concevoir des médicaments pour lutter contre Candida.

« Cette étude prouve que nous devons nous concentrer sur l’agent pathogène – on ne peut pas simplement étudier un substitut et penser qu’un médicament qui fonctionne avec l’un réussira avec l’autre », précise Malcom Whiteway.

« Si l’on veut un remède pour contrer Candida, alors mieux vaut étudier cette levure, même si Saccharomyces est plus facile à obtenir. Mieux nous comprendrons le fonctionnement de la cellule fongique, plus nous serons aptes à repérer les points faibles de son armure. »

« Nous espérons ainsi favoriser la découverte de nouvelles options thérapeutiques afin de guérir les levuroses et d’en atténuer plus rapidement les effets incommodants », conclut le chercheur.


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