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Communiqué de presse

L’obésité chez l’enfant est liée à la pauvreté et aux pratiques parentales

Ces facteurs doivent orienter la lutte contre ce problème grandissant, indique une nouvelle étude de l’Université Concordia

Montréal, le 10 novembre 2015 — En 2013, 42 millions de nourrissons et d’enfants en bas âge dans le monde souffraient d’embonpoint ou d’obésité. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, si la tendance se maintient, ce nombre atteindra les 70 millions d’ici 2025.

Or, ce ne sont pas uniquement les gènes qui sont en cause : parmi les facteurs qui contribuent au phénomène, on compte en outre des éléments sociodémographiques et environnementaux. Ainsi, un statut socioéconomique inférieur, le fait d’habiter dans un quartier peu favorable à la marche et le manque de disponibilité de fruits et de légumes frais peuvent tout autant occasionner une augmentation du risque d’embonpoint.

Nul doute, les taux d’obésité sont à la hausse. C’est d’ailleurs ce qui a motivé une équipe de chercheurs montréalais à entreprendre une étude afin de déterminer dans quelle mesure les pratiques parentales, lorsqu’elles s’ajoutent au contexte social élargi, influent sur le risque d’obésité chez l’enfant.

« Nous avions envisagé que certaines méthodes parentales seraient associées à un risque plus élevé d’obésité infantile, et que l’ampleur de cette association varierait selon que l’enfant vit ou non dans la pauvreté », explique Lisa Kakinami, professeure adjointe au Département de mathématiques et de statistique de l’Université Concordia et auteure principale de l’étude, réalisée en collaboration avec le Centre PERFORM.

Selon les résultats de la recherche publiés dans la revue Preventive Medicine, tant la pauvreté que les pratiques parentales constitueraient d’importants prédicteurs de la santé chez l’enfant. « Pour être efficaces, les stratégies destinées à combattre l’obésité infantile doivent tenir compte de l’influence de ces associations indépendantes et interactives sur la santé », poursuit la Pre Kakinami.

Elle et ses partenaires de recherche* se sont servis de données issues d’une enquête nationale menée par Statistique Canada, de 1994 à 2008, auprès de jeunes Canadiens et Canadiennes. Ils ont examiné les renseignements recueillis sur 37 577 enfants, comparant leurs statuts sociodémographiques et socioéconomiques, les caractéristiques de leur famille et de leur quartier, ainsi que leur taille et leur poids.

Les chercheurs ont en outre porté une attention particulière aux conduites parentales déclarées par les répondants, les classant en quatre groupes :

  1. Type démocratique – parents à la fois exigeants et réceptifs
  2. Type autoritaire – parents exigeants, mais pas réceptifs
  3. Type permissif – parents réceptifs, mais pas exigeants
  4. Type négligent — parents ni réceptifs ni exigeants

Les résultats montrent que, pour l’ensemble de la population étudiée, les enfants d’âge préscolaire et scolaire ayant des parents autoritaires étaient plus susceptibles d’être obèses –, et ce, dans une proportion de 35 et de 41 pour cent, respectivement – que les enfants de parents démocratiques.

Par ailleurs, le revenu du ménage avait une incidence sur le risque dans le cas de la cohorte d’enfants plus jeunes, d’âge préscolaire. En effet, chez les enfants en situation de pauvreté (c’est‑à‑dire qui font partie de ménages qui vivent sous le seuil de faible revenu établi par Statistique Canada), le risque d’obésité était plus élevé dans une proportion de 20 pour cent, comparativement au risque observé chez les enfants non en situation de pauvreté, et ce, sans égard au type de pratiques parentales. Toutefois, chez les enfants de familles non en situation de pauvreté où les pratiques parentales étaient autoritaires ou négligentes, on a observé une augmentation du risque d’obésité de l’ordre de 44 et de 26 pour cent, respectivement.

Selon la Pre Kakinami, cet état de choses pourrait être lié à la capacité des enfants d’autoréguler leur apport d’énergie. « Il est possible que les parents autoritaires ne tiennent pas compte des signes de faim ou de satiété de leurs enfants et soient plutôt enclins à exiger qu’ils mangent ou à prendre le contrôle de l’apport énergétique de leur progéniture », explique-t-elle.

« Les enfants n’acquièrent alors pas cette aptitude d’autorégulation de l’apport d’énergie. Par conséquent, ils pourraient être plus susceptibles d’abuser de la nourriture quand ils en ont l’occasion. »

* Partenaires de recherche : Cette étude a été réalisée en partie grâce au Fonds de recherche du Québec – Santé. Ont participé à cette étude en qualité de coauteurs : Tracie Barnett (Université du Québec à Laval), Louise Séguin (Université de Montréal) et Gilles Paradis (Université McGill).

 


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