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Communiqué de presse

Tricher, ça paie parfois – sur Facebook

Une recherche de l’Université Concordia examine comment les joueurs font des entorses aux règles dans les jeux sociaux et jugent leurs pairs qui font de même

Montréal, le 29 septembre 2015 – Que signifie le fait de tricher dans un jeu sur Facebook comme FarmVille? Cela revient-il au même que d’enfreindre les règles dans un jeu vidéo classique comme World of Warcraft? Selon une nouvelle étude, les joueurs nient souvent le sérieux des jeux en réseau social. Pour eux, autrement dit, ce n’est pas si grave de tricher quand on le fait sur Facebook.

Dans une étude parue récemment dans la revue New Media & Society, les chercheuses du Département de communication de Concordia Mia Consalvo et Irene Serrano Vázquez ont interrogé 151 amateurs de jeux vidéo sur médias sociaux âgés de 18 à 70 ans. Elles leur ont demandé pourquoi certaines personnes choisissent de tricher dans ces jeux.

Elles se posaient les questions suivantes :

  • Comment les joueurs définissent-ils la tricherie en général?
  • Comment la définissent-ils dans les jeux sociaux?
  • Quelles sont leurs pratiques liées à la tricherie dans ce type de jeux?
  • En quoi leur conception de la tricherie diffère-t-elle selon qu’il s’agit de jeux en réseau social ou de jeux classiques sur console et PC?

Motifs et actions

Les réponses se divisent en deux grandes catégories. Pour les sujets du premier groupe, tricher dans les jeux sur réseaux sociaux signifie rompre avec le comportement social attendu des joueurs. Autrement dit, tricher consiste à bénéficier d’un avantage en utilisant diverses méthodes ou en faisant quelque chose de socialement irresponsable.

Pour les participants de la seconde catégorie, en revanche, tricher signifie simplement ne pas respecter les règles officielles du jeu.

« De toute évidence, les joueurs ne conçoivent pas tous les règles de la même manière », explique la professeure Consalvo, titulaire d’une chaire de recherche du Canada sur l’étude et la conception de jeux. Selon certains participants, la tricherie ne se définit pas par des actions ou des pratiques précises, mais plutôt par les objectifs ou les motifs qui les sous-tendent. »

La majorité des personnes interrogées ont déclaré s’être livrées à au moins une forme de tricherie. Ainsi, ils ont admis : avoir joué à des jeux sur réseau social pour aider des amis (65 pour cent) ou des membres de leur famille (58,3 pour cent) à améliorer leur score; avoir demandé à des amis (52,1 pour cent) ou à de la famille (50 pour cent) d’y jouer pour améliorer leur propre score; ou avoir ajouté des personnes inconnues (53,9 pour cent) dans le même but.

Un grand nombre de participants ont admis avoir acheté des unités pour faire progresser le jeu (40,2 pour cent), créé plusieurs comptes (31,1 pour cent) et accédé au compte d’un tiers (20,6 pour cent). Beaucoup plus rares sont ceux qui ont admis avoir utilisé des codes de triche (8,2 pour cent seulement) – une manière de tricher requérant des compétences techniques plus poussées.

Il n’est donc pas étonnant que les participants ne se soient pas hâtés de critiquer les divers types de tricherie effectués dans les jeux sur Facebook. Comme on peut le constater dans l’histogramme ci-dessous, c’est la démarche nécessitant un savoir-faire technique qui a été le plus sévèrement critiquée. 

Dans les jeux en réseau social, la définition de la tricherie semble difficile à cerner et varie en fonction du joueur – ainsi que du jeu.

« D’après les joueurs, la notion de tricherie peut varier d’une plateforme à l’autre, poursuit Mia Consalvo. Pour eux, les jeux sur réseaux sociaux ne sont pas de "vrais jeux", et le concept de tricherie ne s’y applique donc pas. » Les deux chercheuses ont demandé aux joueurs s’il existait une différence entre tricher à un jeu sur console ou ordinateur et à un jeu sur Facebook. Environ un tiers des participants a répondu que ce n’était effectivement pas tout à fait la même chose.

La professeure Consalvo espère que les recherches à venir examineront comment le fait de jouer avec un vrai profil modifie l’éthique de jeu des amateurs et leurs attitudes envers les diverses pratiques. « Je voudrais savoir si les joueurs sont moins disposés à tricher lorsqu’ils le font sous leur vraie identité, et ce que leur éventuelle nouvelle façon de jouer signifierait pour l’avenir des réseaux sociaux. »

Apprenez-en davantage sur l’étude de Mia Consalvo en consultant son nouveau livre, Players and Their Pets: Gaming Communities from Beta to Sunset, publié par University of Minnesota Press.

 


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