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Communiqué de presse

Les enfants qui « lisent dans les pensées » apprennent avec plus de discernement

Les enfants qui comprennent bien les pensées des autres choisissent mieux les personnes dont ils apprennent, indique une nouvelle étude

Montréal, le 22 septembre 2015 — Pour découvrir le monde qui les entoure, les jeunes enfants se fient à l’information qui leur est fournie par les autres. Mais cette stratégie n’est pas toujours la meilleure : les enfants prennent parfois au pied de la lettre tout ce que disent les adultes, même lorsque ceux-ci ne sont pas fiables.

Or, selon une nouvelle étude, les tout-petits ne sont pas aussi crédules qu’on pourrait le croire, en particulier ceux qui comprennent bien ce qui se passe dans la tête des autres.

Dans un article récemment paru dans le British Journal of Developmental Psychology, des chercheurs de l’Université Concordia et de l’Université d’Ottawa montrent que mêmes les jeunes enfants peuvent choisir les personnes desquelles ils veulent apprendre.

« Nous savons déjà que certains enfants d’âge préscolaire sont plus susceptibles d’apprendre de gens qui disent des choses vraies que de ceux qui sont ignorants ou dont les propos sont inexacts », déclare l’auteure en chef de l’étude, Diane Poulin-Dubois, professeure au Département de psychologie de l’Université Concordia et chercheuse au Centre de recherche en développement humain.

« D’autres travaux ont en outre révélé que les enfants préfèrent apprendre de personnes qui sont gentilles ou attrayantes, ou qui ont confiance en elles, qualités qui n’ont rien à voir avec l’intelligence, ajoute-t-elle. Nous avons avancé que certaines aptitudes sociocognitives expliquent peut-être en partie ces différences d’apprentissage. »

Pour tester cette hypothèse, la Pre Poulin-Dubois s’est associée à la co-auteure Danielle Penney et à l’auteure principale Patricia Brosseau-Liard. Cette dernière occupait un poste de recherche postdoctorale à l’Université Concordia au moment de l’étude. Elle fait maintenant partie du corps professoral de l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa.

Les trois chercheuses ont demandé à 65 enfants d’effectuer une série de tâches conçues pour tester leur capacité à apprendre de nouveaux mots et pour évaluer leur « théorie de l’esprit », c’est-à-dire leur compréhension intuitive de leur propre état mental et de celui des autres.

Les chercheuses ont vérifié si les participants d’âge préscolaire apprenaient plus facilement des mots nouveaux d’individus dont les propos sont exacts ou de ceux qui tiennent des propos inexacts. Elles ont également examiné si les enfants apprenaient mieux de personnes jouissant d’une grande force physique que de personnes moins fortes. Enfin, elles ont fait subir aux enfants une série de tests rapides fondés sur la théorie de l’esprit et exigeant de l’empathie pour une autre personne.

Pour les tests axés sur la théorie de l’esprit, elles ont présenté des figurines aux participants, qui ont reçu des renseignements sur chacune d’elles : M. Dupont aime les carottes; Linda croit que son chat se cache dans le buisson; Pauline et Pierre n’ont jamais vu ce qu’il y a à l’intérieur de la boîte.

Les enfants devaient ensuite énoncer des théories sur le genre de collation que M. Dupont aimerait manger, sur l’endroit où Linda chercherait son chien et sur ce que Pauline et Pierre pensent qu’il y a dans la boîte.

Un constat net s’est dégagé : les enfants qui comprenaient intuitivement les pensées et les désirs des figurines avaient davantage tendance à croire les personnes à l’exactitude verbale développée plutôt que celles qui avaient une grande force physique. Autrement dit, les enfants affichant de meilleures capacités liées à la théorie de l’esprit étaient moins crédules.

La Pre Brosseau-Liard prévient toutefois que la théorie de l’esprit n’explique qu’une petite partie de l’écart.

« La théorie de l’esprit prédit la tendance de certains enfants à apprendre sélectivement de personnes à l’exactitude verbale poussée sans toutefois expliquer complètement ce phénomène, commente-t-elle. Il y a sans doute de nombreux autres facteurs qui influent sur l’apprentissage sélectif, notamment d’importants attributs sociaux et cognitifs. »

Partenaires de recherche : Cette étude a reçu du financement du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et du Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health and Human Development.


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