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Communiqué de presse

Les bébés perçoivent le flegme

Les enfants répondent au stoïcisme dès l’âge de 18 mois, selon une étude de l’Université Concordia

Montréal, le 10 juin 2015 – Enlevez à un petit de 18 mois sa balle préférée, et il piquera probablement une colère. Mais si les bébés manifestent sans ambages leurs émotions, les adultes dissimulent souvent les leurs : ils vivent leurs déceptions avec stoïcisme.

Les tout-petits restent-ils perplexes devant une telle réaction? Pensent-ils que les adultes réservés sur le plan émotif sont malhonnêtes et donc indignes de confiance? Selon une étude parue récemment dans la revue Infant Behavior and Development, ils comprennent que le flegme est parfois de mise.

Ainsi, des chercheurs en psychologie de l’Université Concordia ont montré à 71 enfants de 18 mois une scène où une actrice se faisait voler un objet. Dans un des scénarios, elle montrait sa peine tandis que dans l’autre, elle restait impassible. Par la suite, les tout-petits interagissaient avec la protagoniste dans quelques tâches simples.

« Nos sujets ne formulaient pas encore des phrases complètes. Alors, nous avons examiné leurs mouvements oculaires et leurs réactions non verbales », explique l’auteure principale de l’étude, Sabrina Chiarella, qui vient d’obtenir un doctorat en psychologie à l’Université Concordia. « Nous avons observé que les petits des deux groupes passaient autant de temps à regarder la scène et cherchaient tout autant à vérifier leurs hypothèses en se tournant vers leurs parents pour s’assurer que tout allait bien. »

En présence de victimes d’un événement négatif, les bébés paraissaient moins inquiets pour celles qui demeuraient impassibles que pour celles qui affichaient leur peine. Cependant, ils étaient tout aussi disposés à aider et à imiter les adultes flegmatiques – voire à se laisser guider par leurs expressions émotionnelles.

« Les jeunes enfants semblent accorder le bénéfice du doute aux personnes stoïques, ajoute la professeure Chiarella. S’ils comprennent que la tristesse est la réaction la plus appropriée, ils saisissent aussi qu’une personne qui fait bonne contenance n’est pas forcément indigne de leur confiance. »

L’expérience confirme qu’à l’âge de 18 mois, les petits pensent qu’il est tout aussi acceptable de rester impassible que d’avoir l’air malheureux après un moment pénible. Par ailleurs, les sujets ayant montré plus d’empathie envers les personnes qui exprimaient leur tristesse, la recherche prouve que les enfants sont sensibles à l’importance des expressions émotionnelles découlant d’un événement négatif.

« Comme les expressions émotionnelles expliquent souvent le comportement d’autrui, leur compréhension est primordiale dans le développement de la petite enfance », souligne Diane Poulin-Dubois, auteure en chef de l’étude et professeure de psychologie à l’Université Concordia. « Nos observations en témoignent : les jeunes enfants n’estiment pas injustifiée une absence de réaction émotionnelle. Dès lors, ils sont à même d’établir des relations de confiance avec les personnes qui restent stoïques dans une situation difficile. »

Avis aux parents : détendez-vous! La prochaine fois que vous perdrez vos clés, rien ne sert de piquer une colère. Gardez le sourire. De toute façon, vous conserverez la pleine confiance de votre enfant.

Partenaire de recherche : Cette étude a bénéficié de l’appui du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. L’organisme a accordé une subvention de recherche à Diane Poulin-Dubois et une bourse d’études supérieures à Sabrina Chiarella.


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