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Communiqué de presse

Regarder du porno pour être meilleur au lit?

Les stimuli érotiques visuels augmentent la réceptivité sexuelle, selon une étude de l’Université de la Californie à Los Angeles et de l’Université Concordia

Montréal, le 16 mars 2015 – Une prédilection pour le porno risque-t-elle de se répercuter négativement sur les activités au lit? Oui, d’après nombre de cliniciens et d’auteurs de rapports isolés. Selon eux, l’habitude pour un homme de regarder des films à caractère sexuel peut lui causer des difficultés à entrer en érection ou à le demeurer.

Or, une nouvelle recherche de l’Université de la Californie à Los Angeles (UCLA) et de l’Université Concordia vient réfuter cette thèse. Il s’agit en fait de la première étude à vérifier concrètement s’il existe un lien entre la quantité de films érotiques regardés et la fonction érectile. D’après cette analyse, consommer beaucoup de porno risque peu de causer des problèmes d’érection, et pourrait même favoriser l’excitation sexuelle.

Publiée dans la revue électronique Sexual Medicine, l’étude a été rédigée par Nicole Prause, chercheuse associée au Département de psychiatrie de l’Institut Semel en neurosciences et comportement humain de l’UCLA, et Jim Pfaus, professeur au Département de psychologie et membre du Groupe de recherche en neurobiologie comportementale de Concordia.

La science du sexe

Aux fins de l’étude, les chercheurs ont analysé des données recueillies dans le cadre d’études antérieures menées dans le laboratoire de Nicole Prause auprès de 280 participants masculins. Ces bénévoles avaient été interrogés sur leur degré d’excitation sexuelle après avoir vu des films érotiques.

Tous les participants ont indiqué la moyenne d’heures par semaine qu’ils avaient passées à regarder du porno – soit de zéro à 25 heures −, et ont répondu à un questionnaire conçu pour mesurer leur libido.

Sur les 280 bénévoles, les 127 qui avaient une partenaire régulière ont rempli le questionnaire « Index international de la fonction érectile » en vue d’évaluer leur expérience liée à la fonction érectile.

Tous ont par ailleurs regardé en laboratoire de courts films montrant un homme et une femme en pleine relation sexuelle vaginale consensuelle. Ils devaient par la suite indiquer leur niveau d’excitation sexuelle.

Plus on en regarde, plus on s’excite

« Les données de ces études antérieures révèlent que les hommes qui avaient regardé beaucoup de films pornos chez eux étaient plus excités quand ils en voyaient en laboratoire », indique la chercheuse.

« Certes, on pourrait objecter que cela était prévisible puisque les sujets aimaient ce genre de films. Les résultats n’en sont pas moins importants, dans la mesure où les cliniciens déclarent souvent que les hommes se désensibilisent en regardant ces vidéos », poursuit-elle.

« Ces hommes réagissent davantage à de l’érotisme grand public que ceux pour qui ces films relèvent de la nouveauté. Et même si notre constat n’établit pas de cause, il prouve que le fait de regarder de l’érotisme chez soi ne désensibilise pas − cela pourrait même intensifier la réaction sexuelle. »

Porno ≠ Problème de pénis

En outre, les chercheurs ont découvert qu’il n’existe aucun lien entre le fait de regarder des films à caractère sexuel et la fréquence des troubles érectiles chez les hommes sexuellement actifs.

« De nombreux cliniciens clament que le visionnement d’érotisme empêche les hommes de répondre sexuellement à des situations “normales” de sexe avec une partenaire. Mais cela n’a pas été le cas dans notre échantillon », ajoute Nicole Prause.

« Même si beaucoup pensent que la facilité d’accès au porno entraîne des problèmes au lit, notre étude suggère le contraire : le dysfonctionnement érectile risque davantage d’être causé par des problèmes connus depuis un certain temps, comme l’anxiété de performance, une santé cardiovasculaire déficiente, ou encore la toxicomanie et ses effets secondaires », explique le Pr Pfaus.

Au secours d’une relation

D’autres inquiétudes ont récemment été soulevées, par exemple que la consommation de porno créerait une dépendance, nuirait à la fonction érectile et détruirait les relations.

Or, le Pr Pfaus soutient que les données de la présente étude mettent en lumière une tout autre réalité : « Notre échantillon de participants était très représentatif des hommes qui regardent régulièrement du porno. En sachant que ces hommes étaient loin de constater une baisse de leur excitation face à des stimuli érotiques, les cliniciens et les sexothérapeutes devraient penser à revoir leurs attributions. »

Nicole Prause acquiesce. « Nous disposons de méthodes d’intervention médicales et psychothérapeutiques efficaces contre les problèmes érectiles. Par contre, inventer un nouveau problème – dans notre cas, le porno à l’origine du dysfonctionnement érectile – qui n’a pas de traitement validé pourrait nuire aux patients », conclut-elle. 


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