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Communiqué de presse

Les vrais risques de grandir avec des parents bipolaires

Des chercheurs de l’Université Concordia proposent de nouvelles façons de composer avec la situation

Montréal, le 10 juin 2014 – Le trouble bipolaire compte parmi les dix affections les plus invalidantes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. La maladie se caractérise par des périodes d’euphorie extrême, une fuite des idées et une diminution du besoin de dormir, ainsi que par des phases de profonde tristesse et de désespoir.

Étant donné que le trouble bipolaire s’accompagne d’un risque accru de suicide, de toxicomanie, d’hypersexualité, de mésentente familiale et de comportement agressif, il affecte non seulement la personne qui en est atteinte, mais aussi la famille tout entière – en particulier les enfants.

En effet, des recherches antérieures ont révélé que la progéniture de parents atteints du trouble bipolaire présente un risque plus élevé de développer une maladie psychiatrique. Toutefois, on ne s’était encore jamais intéressé aux répercussions psychosociales que subissent les enfants élevés par des parents bipolaires. Or, cette lacune vient d’être comblée.

Mark Ellenbogen, professeur de psychologie à l’Université Concordia, et Rami Nijjar, étudiante aux cycles supérieurs, ont mené sur le sujet des travaux dont le compte rendu vient de paraître dans la revue Journal of Affective Disorders. Cette nouvelle étude est la première à montrer que les enfants de parents bipolaires sont plus sujets aux problèmes psychosociaux, surtout aux comportements sexuels à risque.

Dans le cadre d’une étude longitudinale, les chercheurs ont suivi des enfants de parents bipolaires ainsi que d’autres, issus de familles où il y avait absence de trouble mental, et ce, à partir de 4 à 12 ans jusqu’au début de l’âge adulte. Ils ont évalué les facteurs suivants :

  • comportement suicidaire;
  • actes autodestructeurs;
  • tabagisme;
  • délinquance ou comportement criminel;
  • comportements sexuels à risque (relations sexuelles avant l’âge de 16 ans, relations sexuelles non protégées, avortements).

Pour les deux sexes, la plus grande différence d’ensemble observée par les chercheurs concernait ce dernier type de comportement, lequel peut être vu comme une extension d’autres tendances. « Les comportements sexuels à risque se situent dans le spectre des comportements d’extériorisation généraux, comme la délinquance et l’agression », explique le Pr Ellenbogen, qui est aussi membre du Centre de recherche en développement humain. « Nous savons que les comportements d’extériorisation durant la moyenne enfance en sont un prédicteur », poursuit-il.

Que peuvent faire les parents bipolaires?
Pour empêcher les enfants de parents atteints du trouble bipolaire d’adopter des comportements dangereux, les professionnels de la santé doivent prendre en considération non seulement le patient, mais aussi les autres membres de sa famille, y compris les enfants, et leur enseigner les mécanismes d’adaptation dont ils ont besoin pour composer avec la maladie.

« En psychiatrie, nous avons tendance à axer le traitement sur le patient – jamais nous ne procédons à une évaluation de la famille, des enfants ou du conjoint, affirme le chercheur. Tout au long de ma carrière, j’ai voulu faire comprendre qu’il s’agissait d’une mauvaise façon d’aborder la situation. Les enfants de patients bipolaires présentent un risque élevé d’éprouver différents problèmes psychiatriques et psychosociaux. Nous devons envisager des interventions qui permettent la prise en charge de la famille tout entière. »

Un nouveau programme pilote d’intervention accessible au public
Le Pr Ellenbogen travaille actuellement à mettre sur pied le premier programme de prévention destiné spécialement aux enfants de parents bipolaires. Intitulée RUSH (pour Reducing Unwanted Stress in the Home [« réduire le stress indésirable à la maison »]), l’intervention consiste en 12 séances de thérapie de groupe. Une démarche de groupe s’adresse aux enfants, pour leur enseigner des stratégies d’adaptation efficaces; une autre est destinée aux parents, pour leur apprendre à gérer le stress et les mésententes familiales, ainsi qu’à prendre en charge leurs enfants.

Le programme pilote, conçu pour de petits groupes de cinq ou six familles, sera offert dès cet été aux résidants de la région de Montréal.

Afin de mesurer l’efficacité du programme RUSH, le Pr Ellenbogen et son équipe évalueront les comportements, les taux d’hormones de même que l’état de santé mentale des enfants avant et après l’intervention.

« Ces parents ont besoin d’aide additionnelle pour organiser la vie familiale et éduquer les enfants ainsi que pour composer avec leur conjoint, les problèmes quotidiens et le stress, mentionne le chercheur. L’objectif ultime est de diminuer le niveau de stress dans la famille, ce qui, selon nous, aura pour effet d’atténuer les répercussions négatives chez les enfants. »

Partenaires de recherche : Cette étude a été subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Programme des chaires de recherche du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Le programme RUSH a bénéficié en 2013 d’une bourse NARSAD de la Brain & Behavior Research Foundation (États-Unis), accordée aux chercheurs indépendants.

Pour participer au programme RUSH, communiquez au 514-848-2424, poste 5213, ou concordia.rush2014@gmail.com.

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