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Communiqué de presse

Chez les enfants, l’accent est perçu comme la marque de l’étranger

Selon une nouvelle recherche menée à l’Université Concordia, les enfants bilingues sont craintifs envers les allophones

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Montréal, le 5 mars 2014 – Il y a des avantages à donner une éducation bilingue à un enfant. Se peut-il cependant que l’apprentissage d’une langue seconde ne mène pas nécessairement à une plus grande ouverture d’esprit?

Une nouvelle étude de l’Université Concordia démontre que les enfants bilingues préfèrent la compagnie de camarades qui ont la même langue maternelle, plutôt que la fréquentation de pairs qui s’expriment avec un accent.

La présente étude, dont le compte rendu a été publié dans la revue Frontiers in Psychology, se fonde sur des travaux antérieurs. Ceux-ci ont révélé que les enfants qui parlent une seule langue aiment mieux interagir avec ceux qui ont le même accent qu’eux.

Krista Byers-Heinlein et Diane Poulin-Dubois, professeures en psychologie et auteures de l’étude, avaient d’abord cru que les enfants bilingues obtiendraient des résultats traduisant une plus grande ouverture d’esprit. Elles ont toutefois découvert qu’eux aussi privilégiaient les locuteurs « sans accent ».

L’étude a porté sur 44 enfants de 5 ou 6 ans de la région de Montréal. L’expérience consistait à leur montrer deux visages sur un écran d’ordinateur et à leur faire écouter des extraits audio associés à chaque visage. La même phrase était lue deux fois : d’abord avec l’accent maternel du bambin, ensuite avec un accent étranger. Les chercheurs ont délibérément choisi un accent étranger avec lequel aucun des sujets n’était familier et ont fait varier les associations entre visages et voix.

On demandait aux participants de pointer le visage de l’enfant qu’ils préféreraient avoir comme ami. La plupart ont choisi comme camarade de jeu potentiel celui ayant le même accent qu’eux.

Alors, pourquoi les enfants bilingues ont-ils un préjugé défavorable à l’égard des accents étrangers? Selon la Pre Byers‑Heinlein, leur penchant pourrait être lié à la préférence qu’ont en général les petits pour les choses qui leur sont familières. « Les enfants aiment mieux interagir avec leurs semblables et considèrent l’accent comme la marque de l’étranger », explique-t-elle.

Quelles sont les conséquences d’un tel comportement pour les parents? Les enfants n’ont pas une conscience suffisante d’eux-mêmes pour se rappeler que l’accent est un trait de caractère superficiel. Aussi les parents devraient-ils aborder clairement la question de l’accent avec leurs petits.

« Les préjugés naissent tôt dans la vie. Il pourrait donc être nécessaire d’enseigner aux enfants ce qu’est un accent, et ce, sans égard pour leurs antécédents en matière de langue, affirme la chercheuse. L’accent ne révèle rien sur une personne, mis à part le fait qu’il ne s’agit pas de sa langue maternelle. »

Partenaires de recherche : Cette étude a été financée en partie par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture ainsi que le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.


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