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Communiqué de presse

Les bébés reconnaissent les sentiments feints

Dès l’âge de 18 mois, les nourrissons savent déceler les réactions émotionnelles non justifiées, selon des chercheurs de l’Université Concordia

Montréal, le 16 octobre 2013 – « Si tu aimes le soleil, tape des mains! », dit la comptine. Et les enfants la comprennent aisément, puisque le mouvement qui l’accompagne traduit bien l’émotion évoquée. Mais lorsque les sentiments et les réactions se contredisent, les enfants perçoivent-ils le paradoxe? Une nouvelle recherche menée à l’Université Concordia, à Montréal, prouve qu’ils en sont capables, et ce, dès l’âge de 18 mois.

Dans une étude récemment publiée dans la revue Infancy: The Official Journal of the International Society on Infant Studies, les chercheuses en psychologie Sabrina Chiarella et Diane Poulin-Dubois montrent que les très jeunes enfants sont en mesure de déterminer si les émotions d’autrui sont légitimes dans un contexte particulier. Selon elles, les tout-petits comprennent le lien entre la signification d’une expérience et l’émotion qui se manifeste ensuite.

Cette découverte a des implications importantes, surtout pour les parents et les éducateurs : « notre recherche indique que les bébés ne sont pas dupes si l’on feint le plaisir en réaction à une source de douleur. Souvent, après une expérience négative, les adultes s’efforcent de sourire pour éviter de bouleverser les jeunes enfants. Pourtant, ceux-ci savent comment vous vous sentez réellement : dès l’âge de 18 mois, ils comprennent le lien implicite entre les événements et les émotions », explique Diane Poulin-Dubois, professeure de psychologie.

Pour mener leur recherche, la Pre Poulin-Dubois et la doctorante Sabrina Chiarella ont sélectionné 92 nourrissons, tous âgés de 15 ou de 18 mois. En laboratoire, les bébés ont assisté à plusieurs mises en scène jouées par une actrice, qui devait simuler une réaction, tantôt normale, tantôt anormale, à diverses situations (pour plus de détails, veuillez voir cette vidéo sur la recherche). Dans l’un des scénarios, la comédienne exprimait une émotion contradictoire, affichant de la tristesse alors qu’on lui montrait un jouet. Dans un autre scénario, elle présentait une réaction normale de douleur après avoir feint de se blesser au doigt.

Les enfants de 15 mois réagissaient sensiblement de la même façon à ces deux événements, ce qui indique que la compréhension du lien entre une expérience émotionnelle et l’expression faciale affichée ensuite n’est pas encore développée à ce stade.

En revanche, les enfants de 18 mois étaient manifestement sensibles à la discordance entre l’expérience et l’expression faciale. En effet, ils passaient alors plus de temps à observer le visage de l’actrice et avaient davantage tendance à jeter des coups d’œil à leur éducateur, qui se trouvait également dans la pièce, afin de jauger la réaction de cette personne de confiance.

Selon Mme Chiarella, il s’agit là d’un comportement d’adaptation : « la capacité à déceler la tristesse et à y réagir immédiatement a une implication sur le plan de l’évolution. En effet, pour fonctionner efficacement en société, les enfants doivent développer leur compréhension des comportements d’autrui, et ce, en inférant l’expérience vécue intérieurement par les gens de leur entourage. »

Les chercheuses espèrent que ces découvertes pourront servir, dans le cadre d’études ultérieures, à déterminer si les jeunes enfants exposés à des personnes dont les réactions émotionnelles ne sont pas fiables se monteront plus réticents à apprendre de ces personnes, ou encore à les aider.

Partenaires de recherche : Cette étude a été financée par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le National Institute of Child Health and Human Development. Les deux chercheuses sont membres du Centre de recherche en développement humain.


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