Skip to main content
Communiqué de presse

Comment attraper un cybervoleur?


Un nouvel outil de recherche pour aider à lutter contre la pornographie juvénile et à capturer les cybercriminels
 
Montréal, le 5 juin 2013 – Lorsque les policiers sont venus l’arrêter en janvier dernier pour l’accuser de production et de possession de pornographie juvénile, l’ancien conseiller municipal de Saint John, Donnie Snook, s’est enfui de chez lui avec son ordinateur portatif sous le bras. L’appareil renfermait manifestement des données incriminantes. Six mois plus tard, la police a enfin réuni suffisamment d’éléments de preuves pour le faire condamner à une longue peine de prison. 
 
Voilà un cas apparemment clair et net, alors pourquoi tout ce temps perdu? La police ne pouvait-elle pas faire une simple recherche de renseignements incriminants et l’accuser aussitôt? Plus facile à dire qu’à faire. En effet, comme les ordinateurs peuvent stocker des téraoctets de données personnelles, il faut parfois des mois pour retracer une quantité suffisante d’éléments de preuve dans une montagne de documents, de courriels, de copies de clavardage et de messages textes. 
 
Or, tout cela va changer grâce à une nouvelle technique mise au point par des chercheurs de l’Université Concordia, qui ont radicalement coupé le temps de traitement des données. Ainsi, ce qui prenait auparavant des mois ne prendra désormais que quelques minutes.
 
Les chercheurs Gaby Dagher et Benjamin Fung, de l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de Concordia, publieront sous peu leurs découvertes dans la revue Data & Knowledge Engineering. Les agents de la paix mettent déjà à l’œuvre les résultats de cette recherche grâce au partenariat de l’Université avec l’Alliance nationale d’intervention judiciaire et de formation contre la cybercriminalité du Canada. Cette entité favorise le partage d’information entre organismes d’application de la loi, entreprises privées et universités afin de stopper les nouvelles cybermenaces et d’atténuer celles qui existent déjà. 
 
Benjamin Fung et Gaby Dagher
Benjamin Fung et Gaby Dagher
Grâce aux travaux de Dagher et Fung, les enquêteurs criminels peuvent maintenant extraire des informations enfouies dans un grand volume de textes. Leurs nouvelles méthodes permettent de reconnaître automatiquement les sujets criminels discutés dans une conservation textuelle, d’identifier les participants les plus actifs en ce qui concerne le délit visé, puis de visualiser les réseaux sociaux qui unissent les participants. 
 
« La montée en flèche de la cybercriminalité au cours des dix dernières années a stimulé la demande d’outils spécialisés en inforensique. Ainsi, notre logiciel permet aux enquêteurs de repérer des preuves sur l’ordinateur d’un suspect en analysant les textes stockés. De plus, un enquêteur pourra rassembler des documents de façon à former des groupes qui se chevauchent, chacun correspondant à un sujet précis qu’il aura défini », explique Gaby Dagher, doctorant sous la supervision du professeur Benjamin Fung. 
 
« De toutes les informations à la disposition des enquêteurs en cybercriminalité, les données textuelles sont celles qu’utilisent le plus couramment les escrocs, les voleurs d’identité et les exploiteurs d’enfants. Or, ce type de données est aussi le plus difficile à analyser. C’est tout un défi de créer un logiciel qui interprète automatiquement le sens caché d’un texte », commente Benjamin Fung.
 
Les chercheurs ont aussi mis au point un nouveau moteur de recherche qui aide les enquêteurs à reconnaître les documents pertinents parmi un grand volume de textes. « Dans un moteur de recherche normal, poursuit le chercheur, l’utilisateur tape des mots-clés, et les résultats peuvent varier considérablement. En revanche, notre moteur de recherche saisit le vocabulaire des suspects, puis l’utilise pour améliorer l’exactitude des résultats. Tout comme certaines cultures ont plus de 50 mots pour dire “neige”, les criminels peuvent aussi avoir une cinquantaine de mots désignant un autre genre de “neige”! Notre moteur permet aux enquêteurs de détecter ces nuances et de cerner rapidement les documents incriminants.
     
« Des expériences menées à l’aide de données criminelles réelles semblent déjà indiquer que notre approche est bien plus efficace que les démarches classiques. Cette nouvelle méthode de tamisage rapide d’une énorme quantité de documents afin de repérer la preuve pourrait être bientôt utilisée par des organismes d’application de la loi du monde entier, ce qui signifierait que les futurs cybercriminels pourraient subir leur procès beaucoup plus vite, entraînant ainsi une économie de temps pour les policiers, et d’argent pour les contribuables », conclut Gaby Dagher.
 
Liens connexes

Source




Retour en haut de page

© Université Concordia