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Communiqué de presse

Supplément de sagesse recherché


L’amertume empêche d’atteindre la sagesse et l’âge n’est pas garant de discernement, selon une recherche du Département de psychologie de l’Université Concordia

Montréal, le 6 avril 2011 – Révolution en Lybie. Révolution en Égypte. Révolution en Tunisie. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont le théâtre de changements sans précédent avec l’effondrement des dictatures et les appels des citoyens à la démocratie.

Pourtant, il n’est pas dit que les nouveaux régimes qui se mettront en place dans ces pays garantiront une plus grande équité. La transformation des sociétés soulève des questions fondamentales qui nécessitent un prodigieux effort de réflexion. « Aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin d’un supplément de sagesse », observe Dolores Pushkar, professeure au Département de psychologie et membre du Centre de recherche sur le développement humain de l’Université Concordia.

Mais si tous les pays ont besoin de dirigeants sages, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord doivent avant tout se donner des chefs d’État éclairés, dont la vision se situe aux antipodes de l’égocentrisme des anciens dictateurs. « Car la sagesse est une vertu utile à la société dans son ensemble comme à soi-même », poursuitla professeure Pushkar.

Bien-être et satisfaction à l’égard de la vie

L’actualité internationale est très présente à l’esprit de la chercheuse puisque l’essentiel de ses investigations porte sur le bien-être et la satisfaction à l’égard de la vie. La sagesse y joue un rôle capital. « Sagesse et intelligence ne sont pas synonymes », souligne-t-elle, estimant que 5 % seulement de la population peut être décrite comme véritablement sage et que la capacité de discernement ne s’acquiert qu’après l’adolescence, avec la maturation du cerveau.

Dolores Pushkar vient de cosigner une synthèse sur le sujet, intitulée What Philosophers Say Compared with What Psychologists Find in Discerning Values : How Wise People Interpret Life, avec Andrew Burr, Sarah Etezadi et Tracy Lyster du Département de psychologie de Concordia ainsi que Sheila Mason, du Département de philosophie.

L’équipe de chercheurs a réuni des données tirées de plusieurs études menées à Concordia ainsi que des résultats d’études internationales pour évaluer le rôle de la sagesse dans l’existence. Résultat? « La sagesse a un impact sur notre manière de réagir et sur notre degré de satisfaction à l’égard de la vie », explique Sarah Etezadi, une doctorante sous la direction dela professeure Pushkar.

S’il n’en existe pas de définition unique, la sagesse se manifeste dans un certain savoir, une profonde connaissance de la nature humaine, la satisfaction à l’égard de la vie, l’empathie et la faculté de se mettre dans la peau de l’autre. « Les personnes sages savent voir les aspects positifs d’une situation négative, explique Sarah Etezadi, ajoutant qu’elles sont ouvertes à de nouvelles perspectives. Pratiquement, la sagesse se traduit par une certaine intelligence de la vie. »

L’injustice comme obstacle à la sagesse

Pourtant, des études ont montré qu’un stress envahissant et prolongé, comme dans les cas de génocide ou de sévices subis pendant l’enfance, constitue une injustice qui peut empêcher de parvenir à la sagesse. « Plus le stress est écrasant et profond, moins les sujets qui en sont victimes sont susceptibles d’en tirer les enseignements qui les mèneront sur la voie de la sagesse, expliquela professeure Pushkar, citant des recherches de collègues réalisées à la suite de catastrophes et de conflits armés. L’adversité chronique peut détruire la sagesse. »

La spécialiste insiste sur le fait que les personnes sages font souvent preuve de bon sens et qu’elles se distinguent par leur capacité à mettre en pratique les conseils qu’elles prodiguent. Contrairement à la croyance populaire, le genre n’a aucune influence sur la sagesse. « Pendant des siècles, les hommes ont eu l’accès à l’éducation, d’où le stéréotype du vieillard sage », explique Sarah Etezadi.

L’âge n’a rien à voir non plus dans cette intelligence de la vie. « Certains accèdent plus rapidement que d’autres à la sagesse, soulignela professeure Pushkar.C’est pour cette raison qu’on les qualifie de “ vieilles âmes ”, car elles apprennent plus vite à mieux vivre. »

La chercheuse et son étudiante, qui ont notamment exploré la satisfaction à l’égard de la vie auprès des personnes âgées, ont également découvert que les optimistes à tous crins sont plus sages que leurs homologues pessimistes. « Nous avons observé que les personnes sages développent une plus grande aptitude au bonheur. Leur sagesse a un effet protecteur. »

« L’amertume empêche de parvenir à la sagesse, car elle montre qu’on n’a pas su tirer les leçons de ses expériences », renchéritla professeure Pushkar.

Partenaires de recherche :

Cette étude a reçu l’appui des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du Fonds de recherche sur la société et la culture du Québec.

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