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Communiqué de presse

Les répercussions physiologiques de l'homophobie


Une étude de Concordia établit un lien avec l’acceptation de soi, les hormones de stress et l’intimidation

Montréal, le 2 février 2011 − Les jeunes lesbiennes, gais ou bisexuels (LGB) courent davantage le risque de souffrir de graves problèmes de santé mentale que leurs pairs hétérosexuels. Selon une étude menée au Département de psychologie de l’Université Concordia, cela s’expliquerait en partie par un dérèglement du système hormonal résultant du stress d’être rejeté ou victimisé pour son orientation sexuelle.

Récemment publiés par Michael Benibgui dans le cadre de sa thèse de doctorat en psychologie clinique et au Centre de recherche en développement humain, ces travaux se penchent sur les risques environnementaux et les facteurs de protection chez les jeunes LGB. « Au secondaire et au cégep, on relève un taux de suicide jusqu’à 14 fois plus élevé chez les élèves lesbiennes, gais et bisexuels que chez leurs camarades hétérosexuels », constate M. Benibgui.  

« La dépression et l’anxiété sont largement répandues, poursuit-il. Pour en découvrir la cause, nous avons observé les répercussions physiologiques de milieux sociaux homophobes sur un groupe de jeunes adultes LGB. »

Une production de cortisol plus élevée

M. Benibgui a examiné la relation entre le fait de vivre dans un milieu homophobe et « l’homophobie internalisée », qui se traduit notamment par des émotions négatives envers soi-même en raison de son identité sexuelle.

Ainsi, les personnes qui subissent davantage de stress parce qu’elles sont LGB – disputes sur l’identité sexuelle, intimidation ou discrimination – ressentent une homophobie internalisée plus importante et enregistrent une production de cortisol − une hormone de stress − plus élevée que leurs pairs qui évoluent dans un environnement plus positif.

Qui plus est, les jeunes LGB montrant une homophobie internalisée plus forte et un taux de cortisol anormal présentaient aussi des symptômes accrus de dépression, d’anxiété et de pensées suicidaires. « Cette étude compte parmi les premières à établir un lien clair entre l’expérience de l’homophobie et le taux de cortisol », affirme M. Benibgui.

D’après Michael Benibgui, un taux de cortisol anormal chez les jeunes LGB, combiné au cercle vicieux du stress, pourrait également dépendre d’un ensemble complexe de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux : « Nos recherches établissent un rapport évident entre des degrés anormaux de cortisol et les facteurs de stress environnementaux liés à l’homophobie. »

Facteurs de protection des réseaux sociaux

Michael Benibgui a par ailleurs découvert des facteurs de protection qui peuvent favoriser la santé mentale des jeunes gais, lesbiennes et bisexuels. Il a ainsi pu confirmer qu’un soutien social des parents et des pairs a des effets bénéfiques. « Les jeunes adultes LGB qui ont davantage souffert de discrimination homophobe, mais qui se sentent cependant acceptés et soutenus par leur entourage, présentent très peu de symptômes de dépression », précise-t-il.

Ces résultats mettent l’accent sur les répercussions – à la fois physiques et mentales – que l’homophobie peut avoir chez les jeunes adultes LGB. « L’impact de l’intimidation sur la santé mentale dans les écoles a fait l’objet d’une étude attentive, poursuit Michael Benibgui. Nos travaux appuient l’idée selon laquelle l’intimidation homophobe peut entraîner des problèmes de santé physique et mentale. »

Pour lui, il est nécessaire d’établir des méthodes préventives afin de protéger les jeunes lesbiennes, gais ou bisexuels vulnérables, et de décourager les comportements homophobes ou hétérosexistes de la part des pairs et des communautés.

Selon Paul Hastings, ancien professeur de psychologie à Concordia qui a supervisé les travaux de thèse de Michael Benibgui, cette étude devrait permettre d’approfondir les discussions sur l’impact de l’homophobie.

« Cette analyse ne représente qu’une partie d’un dialogue grandement nécessaire sur les répercussions des préjudices, de la discrimination et de la victimisation sur la santé et le bien-être des jeunes, explique le Pr Hastings, un membre international du Centre de recherche en développement humain qui enseigne aujourd’hui à la University of California, Davis. Nous devons encourager l’acceptation et le respect de la diversité de notre population – y compris la diversité sexuelle – à tous les niveaux : gouvernements, communautés, écoles et foyers. »

À propos de l’étude :

La thèse « Mental Health Challenges and Resilience in Lesbian, Gay and Bisexual Young Adults: Biological and Psychological Internalization of Minority Stress and Victimization » a été rédigée par Michael Benibgui, PhD, dans le cadre de son doctorat en psychologie clinique à l’Université Concordia. Le Pr Paul Hastings, PhD, qui enseigne aujourd’hui à la University of California, Davis, a supervisé le projet.

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